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Les incertitudes de Trump incitent les supply chains à prévoir les risques

Aux États-Unis, une entreprise de consulting propose aux acteurs de la supply chain une méthodologie pour se préparer aux choix commerciaux incertains du président Trump et limiter les risques.

Publié le 19 mai 2017 - 10h25
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Gage Skidmore via Flickr(CC BY-SA 2.0)


Donald Trump s'exprime lors de la conférence d'action politique conservatrice de 2015 (CPAC) à National Harbor, dans le Maryland.

Donald Trump s'exprime lors de la Conférence d'action politique conservatrice de 2015 (CPAC) à National Harbour, dans le Maryland.

« Alors que chaque président a un ordre du jour, le gouvernement Trump est différent des administrations républicaines et démocrates passées, la direction de la présidence est difficile à prévoir et le message est parfois contradictoire », affirme Johan Gott, directeur principal de la stratégie et consultant en management chez A.T . Kearney, cabinet de conseil de gestion globale. Au moment où les 100 premiers jours d'investiture viennent d'être dépassés, les rumeurs des possibles futurs changements commerciaux vont bon train. 

 

Les entreprises sont en plein doute, incapable de discerner quels seront les choix économiques du président. Et pour cause : le partenariat Trans-Pacifique n'est pas encore d'actualité, le NAFTA est toujours en cours de négociation, l'ajout d'une taxe frontalière sur les marchandises entrant aux États-Unis est toujours en discussion... Tous ces discours plongent dans l’incertitude les industries américaines, anxieuses de la façon dont ces plans auront une incidence sur leur entreprise et plus particulièrement leur supply chain. Gott et ses collègues constatent une recrudescence de clients dans leur cabinet qui se demandent comment réagir aux différentes issues commerciales potentielles.

 

Les différents scénarios possibles pouvant être très perturbants pour les entreprises, Gott et A.T. Kearney ont décidé de développer l'initiative « Trade Wargaming ». Une étude qui décrit les cinq scénarios commerciaux les plus plausibles à court terme et analyse les meilleures stratégies pour répondre à chacun d'eux. Il fournit un cadre de prise de décision unique qui suppose que les entreprises auront besoin de solutions d'atténuation des risques qui leur permettent de répondre avec suffisamment d'agilité et de vitesse pour maximiser leur propre position, tout en gagnant un avantage concurrentiel sur les entreprises qui déménageront plus lentement.

 

5 scénarios commerciaux possibles, du plus pragmatique au plus radical

Suite à l'analyse des discours, des déclarations et des tweets de Trump, le cabinet a pu déterminer plusieurs actions possibles du gouvernement. Après consultation avec des experts commerciaux à Washington DC,  Gott et ses collègues ont finalement envisagé ce que les différentes branches du gouvernement pourraient faire, leurs probabilités, ainsi que la quantité d'espace de manœuvre dont l'administration a pour chacune. Ils ont ensuite examiné le commerce au cours du siècle dernier, notamment la façon dont les problèmes commerciaux ont été abordés et leurs conséquences. De cette étude, ressort cinq grandes possibilités d'actions futures :

 

1 - Tenir les traités actuels et les accords de manière plus drastique

L'application agressive des traités existants et des accords de haut niveau avec les entreprises. Cela ne nécessiterait pas de législation supplémentaire, et l'administration fonctionnerait dans le cadre existant. La probabilité est haute mais le risque est faible.


2 - Renégocier les traités bilatéraux

L'administration essaye de renégocier le NAFTA (l'accord de libre échange Nord-Américain) vis-à-vis de l'échange avec le Canada et le Mexique. Ce scénario prévoit des négociations bilatérales avec des partenaires commerciaux au moyen de traités existants. Les négociations avec la Chine et d'autres pays pourraient suivre. La probabilité est moyenne mais le risque est haut.

 

3 - Réforme fiscale

Réforme fiscale des entreprises provoquant un impact significatif sur la politique commerciale. Ce scénario offre aux États-Unis un chemin vers un réalignement commercial majeur sans négocier avec des partenaires étrangers. La probabilité est moyenne, le risque est haut.

 

4 - Le Brinksmanship

L'imposition unilatérale de droits de douane pour protéger les industries ou augmenter l'effet de levier (utiliser l'endettement pour augmenter sa capacité d'investissement). Un choix qui entraîne vraisemblablement une violation flagrante des traités commerciaux et une rétorsion directe des partenaires commerciaux. Selon ce scénario, les États-Unis imposent des tarifs qui affectent des industries spécifiques. La probabilité est moyenne ainsi que le risque.

 

5 - La guerre commerciale 

La rupture du système du commerce international et le retour aux politiques mercantilistes. Cette fin des cadres établis déclenche une guerre commerciale mondiale. Cela s'est déjà produit après la loi sur le tarif de Smoot-Hawley de 1930, lorsque les États-Unis ont considérablement augmenté les droits de douane sur 20 000 articles importés, ce qui a entraîné une baisse de 66% du commerce mondial. La probabilité est faible mais le risque très haut.


Envisager les risques selon son propre prisme entrepreneurial

Les entreprises qui se penchent sur ces scénarios veulent déterminer comment ils pourraient les affecter et décider ainsi de ce qu'elles peuvent et doivent faire dès maintenant pour se préparer à l'avenir. Toutes les entreprises ne seront cependant pas confrontées aux mêmes problèmes. Par exemple, les importateurs au détail doivent évaluer avec une perspective différente de ceux qui importent des matières premières.

 

Les données récoltées par A.T Kearney permettent à Gott et ses collègues d'utiliser des outils d'évaluation des risques pour prédire les effets de ces différentes initiatives commerciales sur une entreprise. La méthodologie est la suivante : pour chaque scénario, les données d'achats et de vente de la société sont appliquées à différents paramètres, en déterminant l'impact économique de chaque option. Le calcul des chiffres fournit une évaluation plus claire du niveau de risque. Les clients peuvent ensuite réduire l'incertitude grâce au cadre que leur apportent les résultats.

 

Le «Wargaming » ou la plannification d'urgence

Le nom du projet, «Wargaming»,  est un nom donné par l'entreprise pour nommer la planification d'urgence qu'elle a mise en place. Mais inutile de s'affoler, certaines entreprises se contenteront pour l'instant de regarder ce qu'il se passe. « Nous ne conseillons pas aux entreprises de prendre déjà des mesures trop drastiques, car l'incertitude est encore élevée. Mais nous leur recommandons de se préparer à comprendre les leviers et les options des différents scénarios, afin qu'elles puissent agir rapidement », indique Gott. Pour le cabinet, mieux vaut donc prévenir que guérir.

 

Tiré de l'article de Deborah Abrams Kaplan et de l'étude de A.T Kearney

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