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CICE : « Ne changeons pas de médicament pendant la période de convalescence »

Le président d'ID Logistics, Eric Hémar, et celui de Stef, Francis Lemor, réagissent à l'annonce du Premier ministre, Edouard Philippe, sur le CICE (Crédit d'impôt compétitivité emploi). Considérant qu'il faut juger de ses effets sur le long terme, ils appellent à son maintien et invoquent la nécessité d'un cadre fiscal stable pour les entreprises.

Publié le 5 juillet 2017 - 10h55
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« A l’heure où le gouvernement a pris ses premiers arbitrages et où les passions de la

campagne électorale ont cédé le pas à la réalité économique et au bon sens, nous reprenons la défense du CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), outil vilipendé par certains et promis à disparaître au profit d’une baisse des charges pesant sur les salaires…

 

Or, l’amélioration de la conjoncture économique actuelle doit beaucoup au CICE. Dans l’économie atone de 2013, il a d’abord servi à éviter l’asphyxie de nombreuses entreprises, puis à reconstituer leurs marges (2014-2015), puis maintenant à investir et à se développer (2016-2017). Notre économie est complexe, il n’est pas anormal qu’un nouvel outil fiscal mette du temps à s’infuser et à donner sa pleine mesure. Faut-il changer de médicament pendant la période de convalescence ? Pour nos entreprises, tout changement crée de nouvelles incertitudes et perturbe les anticipations.


En outre, tout le monde semble découvrir que la transformation intégrale du CICE en baisse des charges salariales représente un coût exorbitant l’année de sa transformation ! Il faut en effet à la fois financer la baisse des charges et la réduction d’impôt sur les sociétés (IS). Rappelons que le crédit d’impôt est un net, pas la baisse de charges qui augmente la base imposable : pour être équivalente en produit net, la baisse de charges devrait s’élever à 150 % du CICE actuel.

 

Rappelons également que cette transformation ne touchera pas les mêmes portefeuilles : gain pour l’Etat qui recevra une meilleure recette de l’IS, mais pertes de cotisations pour les différentes branches de la sécurité sociale. Serait-ce bien raisonnable d’accroître le déficit de notre protection sociale d’une telle ampleur alors que nous savons déjà que des réformes profondes de financement sont nécessaires pour permettre un retour à l’équilibre ? Le plus probable est que, même reportée en 2019, cette transformation devienne un marché de dupe : le CICE risque de disparaître sans être compensé par une baisse de charges équivalente…


Le CICE profite d’abord aux entreprises de services, à fort taux de main d’oeuvre, exerçant leurs activités en France et payant leur impôt en France. C’est la bonne cible. Les analyses économiques démontrent régulièrement que les créations d’emplois dans nos économies matures proviendront des services plus que de l’industrie. En 2015 et 2016, notre secteur du transport et de la logistique, qui emploie environ 1,9 million de collaborateurs en France, soit 8 % du secteur marchand, a retrouvé le chemin des créations d’emplois, notamment dans les transports terrestres, l’entreposage et les services auxiliaires des transports. Et cela grâce au CICE.

 

Bien sûr, le CICE n’est pas l’Alpha et l’Omega d’une politique publique de l’emploi et de la compétitivité. Il doit sans aucun doute être complété par des mesures plus ciblées pour les salaires plus élevés ainsi que des mesures plus dédiées à l’industrie. Mais, en matière économique, une solution n’est jamais parfaitement optimale : le CICE existe et il fonctionne. Gardons-le. »

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