media supply chain
et logistique

Transport

Gestion du transport : les TMS prennent de la vitesse

Publié le 1 décembre 2016

2. Coûts, interopérabilité... De nombreux freins à l'équipement

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De multiples facteurs ont pu et peuvent encore expliquer la frilosité des chargeurs à s’équiper en TMS. Qu’elles soient organisationnelles ou technologiques, ces problématiques sont un grand sujet de travail chez les éditeurs de logiciels de gestion du transport.

Transition organisationnelle complexe et coûteuse, chantier de digitalisation trop important, manque d’interopérabilité entre outils… Les causes pouvant ralentir voire effacer les désirs d’équipement en TMS des chargeurs foisonnent. Morgan Brouard, responsable de l’activité logistique de l’éditeur de logiciels Kratzer Automation, détaille les difficultés qu’ont pu et que rencontrent encore certains de ses clients réfléchissant à s’équiper d’un TMS : « Il y a une quinzaine d’années, nous travaillions avec nos premiers clients historiques sur les premiers systèmes d’optimisation. Ils n’avaient jusqu’alors pas vu le jour car les logiciels n’étaient pas adaptés et les potentiels acheteurs pas prêts. Ils n’étaient pas capables de s’imaginer modifier leur organisation pour pouvoir assurer le bon chargement des marchandises dans les entrepôts. S’y ajoutaient des contraintes techniques où les systèmes n’étaient pas assez performants et étaient surtout externes aux TMS. Aujourd’hui, nous avons des clients avec une problématique commune : ils ont mis en place un optimiseur de tournées externe à leur TMS. Ils se retrouvent ainsi avec plusieurs outils pour faire une opération de camionnage le matin. Nous avons aussi des clients qui nous disent qu’ils n’osent plus changer d’outil parce qu’ils ont mis beaucoup de temps à le configurer. Nous avons intégré dans notre TMS opérationnel tous les composants d’optimisation pour que l’exploitant puissent les retrouver dans son flux de travail. Avec notre outil cadis, les clients souhaitent être en mesure de ré-optimiser les processus, au fur et à mesure du chargement, en fonction des aléas qu’ils peuvent rencontrer. C’est une évolution forte. Les utilisateurs veulent avoir un seul outil pour gérer le même processus et ne pas en avoir deux séparés avec toutes les problématiques que cela apporte. »

 

Sans solution adaptée à ses contraintes de transport, à sa flotte, son organisation, une société peut facilement perdre en rapidité d’exécution et en qualité de service, et ce même si elle est équipée de plusieurs logiciels dédiés. Jean-Michaël Carli, responsable grands comptes de l’éditeur Wolters Kluwer Transport Services (WKTS), assure qu’un mauvais choix d’outil peut considérablement nuire à la performance d’une entreprise et faire décoller ses coûts de transport : « Je prends un exemple tout simple. Vous pouvez avoir sur le papier un plan de transport extraordinaire et avoir sélectionné les meilleurs fournisseurs sur chaque ligne. Cela pourra tout même être extrêmement compliqué au quotidien de faire appliquer le plan de transport et d’attribuer des offres au meilleur transporteur. Dans les faits, si les équipes transport n’ont pas d’outils adéquats, elles sont amenées à travailler avec ceux qui répondent le plus vite et le plus facilement. Ainsi, le beau plan de transport tel qu’il était prévu, en fonction de la campagne d’achat optimisée, n’est pas respecté et au final le budget s’envole par rapport à celui initialement prévu. » Aux problématiques de sélection d’outils appropriés au pilotage des transport s’ajoute un manque de centralisation et de standardisation des informations, conduisant à des difficultés d’interfaçage et de paramétrage des logiciels. 

 

Des contraintes de sensibilités

Une autre barrière, plus humaine, a pu également ralentir dans le passé les velléités d’équipement des chargeurs. « La gestion du transport s’appuyait beaucoup sur des hommes qui avaient une expertise au sein de leur entreprise et qui parfois aussi étaient un frein à la mise en place d’un TMS, indique Fabien Petitjean d’Acteos. Ils le voyaient comme un outil qui allait remettre en cause leur expertise et leurs connaissances. Comme il y a aujourd’hui de plus en plus de demandes, de besoins clients, avec énormément de données à traiter, ils estiment désormais que le TMS va être un outil qui va les aider. » Les directions supply chain et transport des grands groupes ont pour la plupart pris le chemin de la digitalisation de leurs processus. Reste encore à être en mesure de maîtriser techniquement cette transition, et entamer une conduite du changement nécessaire pour accompagner la mutation. L’étude Le TMS, l'avenir de la supply chain agile, publiée en 2016 par DDS Logistics et l’École supérieure des transports (E.S.T.), indique que la progression de l’équipement en TMS « révèle encore des potentiels d’amélioration qualitative importants. Ce potentiel de progression fort se matérialise par des intentions de projets d’équipement élevées, mais sans doute pénalisées par la pénurie de ressources métier et informatiques nécessaires pour les réaliser. » Selon Jérôme Bour de DDS Logistics, éditeurs comme clients ont en effet du mal à recruter de nouveaux profils avec une double casquette « transport/logistique » et « informatique », et ce, même si les formations mêlant ces deux domaines sont plus présentes qu’auparavant.

Focus

Un immense marché mondial

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Selon une étude de marché menée par la société de conseil et de recherche américaine MarketsandMarkets, le marché mondial des Transport Management Systems devrait passer de 9,22 milliards de dollars (8,26 milliards d’euros) en 2015 à 19,03 milliards de dollars (17,05 milliards d’euros) en 2020, avec une croissance annuelle moyenne de 15,6 %. MarketsandMarkets inclut dans son rapport des systèmes de gestion du transport couvrant aussi bien le transport routier que ferroviaire, aérien et maritime.

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