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et logistique

Portrait

Alain PANHARD, “L’honnête homme”

Alain Panhard est un bâtisseur. Le président et fondateur du groupe d’immobilier d’entreprise éponyme a construit sa vie et sa société à son image : sincère et loyale, animée parun insatiable désir d’entreprendre.

Publié le 6 juillet 2015 - 09h00
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Été 1978. Alain Panhard termine ses études. Un troisième cycle de gestion à l’IAE Paris I, précédé d’une maîtrise de droit des affaires à Paris II. Prévoyant, il pose des jalons avant la détente estivale. Dans sa ligne de mire : trois sociétés, trois secteurs et trois vies différentes – la BNP et le financement d’entreprise, la société Auguste Thouard pour l’immobilier d’entreprise, et enfin le cabinet Francis Lefebvre et la fiscalité. Ce sera l’immobilier. « Auguste Thouard m’a répondu en premier. Si cela avait été Francis Lefebvre, j’y serais peut-être allé » raconte Alain Panhard. Les principes et les valeurs sont déjà là, sans doute hérités d’une histoire familiale riche. Cet arrière-petit-fils du fondateur du constructeur automobile Panhard, se passionne pour l’entreprise, avouant avoir toujours été « un peu fasciné par l’industrie et ses usines. »

 

Cet attrait culturel, en partie porté par son environnement, confirme ses aspirations pour l’immobilier : « Ce secteur m’attirait en tant que matière vivante ». Un intérêt qui porte ses fruits puisqu’il devient en 1986 le plus jeune associé d’Auguste Thouard (aux côtés de celui qui deviendra son ami fidèle, Maurice Gauchot, aujourd’hui président de CBRE France) puis directeur de département et membre du directoire. De cette époque, Alain Panhard garde un souvenir bienveillant et une reconnaissance toute particulière : « J’y suis resté une quinzaine d’années. J’aurais pu plonger plus tôt dans l’entrepreneuriat mais les opportunités passionnantes qui m’ont été offertes m’ont d’une certaine manière empêché de franchir le pas et ont enrichi mon expérience. Je ne le regrette pas. Lorsque je me suis lancé, j’avais un bon bagage, j’avais réalisé des choses différentes et disposais d’un carnet d’adresses très diversifié. Finalement, cela m’a certainement permis de le faire plus facilement ».

 

Fidèle, il attendra 1995 et la sortie de crise de la société pour quitter ensuite ses fonctions. Le changement de vie est amorcé, et le parallèle avec sa famille et son histoire industrielle également. Alain Panhard n’a alors qu’un seul et unique but : se prouver sa capacité à entreprendre. Peu importe le domaine, « J’avais en tête des choses très diverses : la reprise d’un vignoble en Bordelais, le domaine de l’art, ou de façon plus raisonnée, l’immobilier ».

 

Ce dernier prendra encore le dessus et son investissement sera total. En pleine crise de l’immobilier, le nouvel entrepreneur se voue corps et âme à son projet, Étoile Développement, aujourd’hui devenu le Groupe Panhard : « Il m’est arrivé assez souvent de travailler jusqu’à deux heures du matin ou d’enchaîner 24 heures non stop. Il était impensable que je me plante. J’ai donc mis toute l’énergie possible et imaginable pour y parvenir », se souvient-il. Le chef d’entreprise démarre par les rénovations d’habitations, à Bastille dans le 11e arrondissement de Paris. Puis, dans les années 1997/1998, Alain Panhard sent le potentiel d’un secteur nouveau, déjà porteur aux USA et dans les pays anglo-saxons : la logistique.

 

Il développe près de 200 000 m², avec l’assistance totale de Fatima Marquis, une ancienne d’Auguste Thouard elle aussi, ce qui lui permet de constituer des fonds propres suffisamment importants pour pérenniser l’essor de l’entreprise. Il développe ensuite un peu plus d’un million de mètres carrés dans ce domaine. De cette ascension personnelle et professionnelle, Maurice Gauchot ne s’étonne point : « Alain a une capacité à prendre des risques raisonnés. Il a le sens du temps, du détail, de l’engagement et de la responsabilité. Ce sont des traits communs à beaucoup de développeurs et de promoteurs, en tout cas ceux qui durent ».

 

L’homme s’engage, mais pas seulement dans le travail. Véritable passionné d’art et de patrimoine, il est aussi mécène et participe à la restauration de la Petite Singerie du Domaine de Chantilly (60). On trouve chez lui de magnifiques peintures. L’entrepreneur est aussi collectionneur et entretient un lien tout particulier avec la restauration de tableaux car son frère Gilles, aujourd’hui décédé, exerçait lui-même ce métier. « C’est un peu “l’honnête homme” au sens du 17e siècle, à la fois le chef d’entreprise qui a beaucoup de succès dans ses affaires mais qui vit aussi tout un intérêt pour l’art, l’histoire et notre Domaine », observe Nicole Garnier, conservateur général du patrimoine, chargée du Musée Condé au Château de Chantilly.

 

Fin connaisseur et féru de peinture ancienne, Alain Panhard vient d’ailleurs de renouveler son action de mécénat, toujours pour le Domaine. Nicole Garnier évoque ainsi le « mécène idéal », « fidèle », qui « comprend pourquoi il donne de l’argent » et qui « s’intéresse véritablement au contenu ». Sa sensibilité pour les arts plastiques en général le mène d’ailleurs un peu partout en Europe ; à Bruxelles pour la Brafa – Brussels Antiques and Fine Art Fair –, ou chaque année à la Tefaf (Maastricht), plus grande foire d’art mondiale.

 

« C'est exceptionnel », s’exclame-t-il. Et s’il est bien quelque chose ou plutôt quelques autres qui agitent le cœur d’Alain Panhard sur des terres internationales, ce sont ses enfants qui, pour la plupart, étudient à quelques heures de vol de lui et de sa femme : une de ses filles en Histoire de l’art à Londres et deux de ses garçons au collège en Angleterre, dont l’un a ensuite poussé jusqu’à Montréal pour des études supérieures. Tandis que l’aînée sort tout juste d’une grande école de commerce en France. À ses quatre enfants, il espère avoir transmis le goût d’entreprendre et ce quel que soit le projet : « Pas forcément une entreprise commerciale, un groupe de rock pourquoi pas ! Avoir un projet, être convaincu de l’intérêt de se réaliser, se jeter à l’eau et entreprendre est la chose la plus excitante que l’on puisse faire. Chez mes enfants, je pense que cela a été semé ».

 

Ces valeurs et cette éducation, Alain Panhard a pu s’appuyer sur Blandine, son épouse depuis 1989, pour les inculquer à ses enfants. C’est elle qui l’a épaulé et a mis leur progéniture « sur de bons rails ». Discrète, elle ne témoignera pas. Mais son mari, conscient du rôle considérable qu’elle a tenu dans son accomplissement, le fera pour elle : « Il est difficile de concilier vies personnelle et professionnelle, j’ai toujours essayé de le faire car je considère la réussite familiale comme fondamentale. Mais si je n’y étais pas parvenu professionnellement, cela aurait eu un tel impact sur moi qu’il y aurait aussi eu des répercussions sur ma vie familiale. J’ai eu la chance d’avoir une femme qui a compris l’importance de cet enjeu. Ma réussite lui appartient ».

 

Et s’il concède vouloir « partager davantage de loisirs » avec celle-ci, Alain Panhard s’offusque presque lorsque l’on lui parle de retraite. Le mot est exclu de son dictionnaire. Bien au contraire, l’entrepreneur dans l’âme aura des projets « jusqu’à [son] dernier souffle ». Quant à savoir lesquels, la question reste encore en suspens. « Lorsqu’il avait une trentaine d’années, son rêve était d’ouvrir une galerie d’art. En tous les cas, son engagement envers ce qu’il a construit et l’immobilier en général est fort et sans doute durable », avance son complice Maurice Gauchot. Qu’il s’agisse de ses souvenirs d’industrie, de sa passion pour l’art ou de sa vie passée dans l’immobilier, Alain Panhard entreprendra avec les valeurs sur lesquelles il a fondé son groupe : « l’honnêteté, l’implication, le professionnalisme, le respect d’autrui et la loyauté vis-à-vis de l’entreprise ». Et continuera de tracer son chemin avec une devise : « Tant qu’il y a des projets, il y a de la vie ».

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