media supply chain
et logistique

Interview

Thierry Grumiaux, délégué commission de transport, international et douane de la FNTR

En novembre dernier, la FNTR (Fédération nationale des transports routiers), faisait part de son intérêt pour la Blockchain via une actualité. Quelques mois plus tard, l’organisation professionnelle a d’ores et déjà intégré le sujet à sa feuille de route. Une démarche dont nous fait part Thierry Grumiaux, délégué commission de transport, international et douane.

Publié le 16 mars 2017 - 08h15
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Quand et pourquoi la FNTR s’est-elle intéressée à la Blockchain ?
Actuellement, il n’existe pas de Blockchain au niveau transport. Et compte tenu de la masse d’informations à disposition des transporteurs et de sa valeur, nous considérons qu’il est important qu’ils puissent sécuriser ces datas, via une solution réalisée par et pour les transporteurs. Nous avons entamé une réflexion en milieu d’année dernière sur le sujet. Nous prenons notre temps et nous rapprochons actuellement d’universitaires, de mathématiciens et de start-ups spécialisées pour réfléchir à la question. Le sujet fait clairement partie de notre feuille de route.

 

Selon vous, que pourrait apporter une technologie Blockchain au secteur transport ?
La sécurisation des échanges et des paiements. Exemple ? Dans le cas d’une expédition aérienne sous lettre de crédit (ndlr : document prouvant un engagement de paiement souscrit par la banque d'un acheteur vis-à-vis du vendeur), la LTA (Lettre de transport aérien) est transmise à la banque du destinataire par celui-ci dès lors que la marchandise est bien livrée et conforme. Après vérification par la banque, cela déclenche le paiement et le déblocage de la lettre de crédit. Grâce à la Blockchain, les informations seront sécurisées, le processus accéléré et les échanges facilités. Toutes les données traitées par les transporteurs sont concernées : trafics, types de marchandises, modes de règlement…

 

La Blockchain pourrait-elle également faciliter les opérations de dédouanement ?
Les douanes sont aujourd’hui engagées dans un processus de dématérialisation et d’échanges de données, via le Guichet unique national du dédouanement* en France et via le code des douanes de l’Union Européenne. Il faudra bien évidemment intégrer toutes ces informations à la Blockchain, celles relatives à la douane, mais aussi celles relatives aux autres administrations, à la fiscalité.

 

Parallèlement, la solution pourrait-elle aussi accélérer le développement des conteneurs connectés ?
Effectivement, à partir du moment où le conteneur est connecté, les informations doivent bien aller quelque part. Autant les lier à un bloc de la Blockchain pour faire en sorte que l’ensemble des acteurs concernés puissent y avoir accès de manière sécurisée. Toutes les informations concernant le conteneur et les marchandises qu’il contient pourront ainsi être récupérées par les acteurs concernés de façon standardisée, sécurisée en éliminant les tiers de confiance et en apportant à l’ensemble de la chaîne des éléments indestructibles et infalsifiables.

 

À quoi ressemblerait la Blockchain transport idéale ?
Elle intégrerait tous les acteurs de la chaîne de transport : transporteurs, destinataires, commissionnaires de transport, compagnies maritimes, compagnies aériennes… Pour cela, il faut bâtir une architecture et des contrats intelligents capables de tous les satisfaire. Ces smart contracts ne sont bien entendus par encore rédigés, mais ils devront être adaptés aux besoins et à la réglementations du transport routier mais aussi aérien, maritime, ferroviaire et fluvial… Réunir tous les acteurs concernés et créer une solution cohérente pour tous ne se fera bien évidemment pas en quelques mois. La Blockchain entraînera de toute façon un changement, comme toute évolution technologique. Les acteurs du secteur s’adapteront, au même titre que les logisticiens le font avec l’automatisation et la robotisation.

 

 

* Le « GUN » permet à l’entreprise d’effectuer toutes les formalités liées à une opération d’importation ou d’exportation auprès d’une seule administration, la douane, celle-ci se chargeant de la coordination avec les autres administrations concernées.

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