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Portrait

Denis MONNOYEUR, "De l'art de la discrétion"

Héritier d’un groupe centenaire, président de l’une de ses filiales et père de quatre enfants, Denis Monnoyeur n’en reste pas moins un homme discret et indépendant. Retour pudique sur le parcours d’un idéaliste raisonné.

Publié le 26 octobre 2015 - 16h00
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Se faire tirer le portrait n’est pas dans ses habitudes. Le président d’Aprolis, loueur de matériels de manutention, ne se dévoile pas facilement. Il le dit d’ailleurs lui-même : « Il est extrêmement compliqué de parler de soi. » Il y a pourtant de quoi dire. Diplômé de HEC, passionné de peinture, père de quatre enfants et ancien élu local de la ville de Colombes (92), Denis Monnoyeur mène sa vie avec exigence et réflexion. Pour preuve, le tournant pris par la société dont il est à la tête, Aprolis, passant il y a dix ans d’un métier de concessionnaire de chariots élévateurs à celui de loueur de matériels de manutention. Un projet mené tambour battant par son P.-D.G. « Il a fallu changer notre comportement, notre métier, nous nous sommes tous remis en question. Nous avons donc travaillé sur nos compétences propres avec tous les collaborateurs de la société. Cela a été un exercice considérable. »

 

La personnalité de l’instigateur de cette transformation n’est pas étrangère à son succès. Jusqu’au-boutiste, entêté sans être buté, lorsque Denis Monnoyeur se lance dans un projet, il organise, planifie et mène ses équipes avec une juste dose d’écoute et de détermination : « Quand il commence quelque chose il va jusqu’au bout sauf s’il se trompe ; là il le reconnaît et prend ses responsabilités, il ne porte pas la faute sur les autres, témoigne sa grande soeur, Aude de Castelnau. Mais il est inventif. C’est quelqu’un qui va bien faire ce qu’il a à faire, il est extrêmement droit et exigeant. » Ce goût du travail bien fait, acquis sans doute lors de ses heureuses années à HEC, il le tient aussi de ces deux ans passés en Corée du Sud : « C’était incroyable car c’était au moment où ce pays a décollé. C’est une expérience de vie d’homme folle puisque je suis rentré dans un pays qui sortait du sous-développement pour assister en deux ans à son envolée industrielle. » Mais pas que. Son héritage familial y est pour beaucoup également. Car si l’homme est décrit par ses proches comme réservé, sa famille et plus précisément son frère, portent un groupe éponyme à la fois centenaire et à dimension internationale.

 

Monnoyeur est un nom connu et reconnu. Denis, lui, évidemment très attaché au clan familial et à ses six frères et soeurs, s’est pourtant « démarqué », selon son aînée Aude de Castelnau. « Il n’aime pas faire partie du groupe et être anodin. Nous sommes une famille extrêmement unie, avons un lien familial très fort, néanmoins Denis est quelqu’un d’indépendant, qui mène sa vie, mais pour qui la famille en tant que clan est très respectée. » Ce respect transmis de génération en génération chez les Monnoyeur, le P.-D.G. d’Aprolis en fait son fer de lance. Une valeur transverse à toutes ses vies, qu’elles soient personnelle ou professionnelle. « Nous essayons toujours de respecter les gens. C’est la valeur la plus importante de notre groupe. Lorsqu’une bonne nouvelle survient, nous en informons directement nos hommes, et cela se produit de la même façon lorsqu’il s’agit d’une mauvaise. Nos collaborateurs sont l’une des richesses les plus importantes à laquelle nous sommes très attachés. L’une de mes principales tâches, c’est à la fois de garder les valeurs familiales mais aussi d’entrer dans le monde d’aujourd’hui, très exigeant et dur. Je crois que les gens sont heureux dans cet univers-là. Ils peuvent se sentir protégés dans une société familiale », développe-t-il avec passion.

 

Cette adaptation à l’international est en marche depuis plusieurs mois déjà. « Très proactif sur la Chine […], il a senti l’opportunité et le marché », note son directeur commercial, Emmanuel Joubert ; il poursuit son projet avec envie et conviction : « Il a toujours été à la pointe des idées avec un côté entrepreneur visionnaire, parfois complètement décalé et même un peu utopique. Il nous emmène vers des pays, vers des idées, vers des contrées dont on se dit que ce n’est pas possible. Il nous apporte un grain de folie, une folie raisonnée », dévoile-t-il par ailleurs.

 

Audace et mesure

Une folie raisonnée donc. Raisonnée car précise, concise et tenace. De ses propres dires, Denis Monnoyeur n’est pas homme à se laisser porter, même s’il accorde une confiance sans faille à ses partenaires : « J’aime la précision. Je déteste lorsque je ne comprends pas. Je suis très consensuel. J’essaie d’avoir une équipe resserrée, pas très nombreuse et des idées simples sur lesquelles je m’accroche et ne lâche pas. » Une détermination qui peut parfois être à double tranchant. Émotif et introverti, comme le confie sa soeur, « il peut tout d’un coup se refermer sur lui-même. S’il est touché par quelque chose, il ne va pas vous appeler pour en discuter. Il va plutôt se fermer, par pudeur et se dire “c’est ma responsabilité, il faut que j’y réfléchisse tout seul” ». Ce besoin de solitude tient peut-être de la grande famille qu’il a construite avec sa femme.

 

Quatre enfants, aujourd’hui grands, respectivement âgés de 31, 29, 25 et 18 ans, sont le fruit de son amour avec Hizelaya, de son nom de peintre. Jouissant d’une certaine notoriété au Pays basque, cette dernière partage son temps entre la capitale et le Sud-Ouest, et malgré l’éloignement, Denis Monnoyeur s’est investi lui aussi dans la passion de sa femme : « Je n’ai aucune disposition pour l’art, je pratique beaucoup de sports, mais je connais ce monde grâce à elle, je m’intéresse aux peintres et à la peinture moderne et régionaliste basque. Je m’occupe des encadrements, de transporter les toiles… » Une implication discrète qu’il a su allier à la passion de sa vie, l’entreprise. À 62 ans, Denis Monnoyeur admet que l’idée de prendre sa retraite lui semble « difficile et n’est pas prévue dans les cinq ans à venir ».

 

Industriel dans l’âme, il confie avec honnêteté « ne pas avoir tellement de choses en vue pour passer le relais ». Pourtant, sa soeur Aude en est convaincue : « Il va faire son temps et le jour où il aura d’autres projets, quand ce sera décidé, il laissera la main sans problème. Par respect et confiance dans les gens. » En attendant, son enthousiasme et son implication pour Aprolis restent intacts. « En 20 ans, il a changé, il a évolué et il nous entraîne vers l’international, des envies de nouveaux métiers et de nouveaux pays. Plus il gagne en expérience et plus il a envie de faire des choses, de prendre des risques », raconte Emmanuel Joubert. Comme quoi, la discrétion n’empêche pas le courage.

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