Transversal
Coopérer : la seule voie possible pour (re)construire des supply chains résilientes
Une tribune exclusive co-rédigée par Caroline Drevon, présidente de Brainergies et Yann de Feraudy, président de France Supply Chain.

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Sale temps pour le climat…
Les acteurs de la supply chain sont en première ligne face à un ensemble de défis dont on peut parier qu’ils risquent fort de s’amplifier dans les années à venir : sécurisation de l’accès aux ressources, instabilité climatique et géopolitique, disponibilité des actifs, réduction de l’empreinte environnementale.
Le mot qui revient le plus souvent est « Résilience ». Les supply chains doivent être frugales… désirables… et résilientes. Et les contraintes s’empilent !
Pour simplifier l’équation, certains préfèrent se concentrer sur le court terme, reléguant à plus tard les projets de durabilité. Il est vrai que ce qui rime avec ESG (ou RSE) ne semble pas avoir le vent en poupe. En apparence seulement, car au-delà des déclarations et des postures politiques, les investisseurs continuent à y porter une forte attention.
Pourquoi ? Parce que le constat est maintenant clair que nos économies vivent sur un rythme de consommation des ressources naturelles très au-dessus des moyens de la planète… ce qui fait peser un risque systémique sur l’ensemble. Dit autrement, les investisseurs, les actionnaires et les conseils d’administration restent vigilants sur la durabilité ET la création de valeur, car c’est leur intérêt pour les uns et leur devoir pour les autres.
En ce qui nous concerne, nous pensons qu'on ne peut pas penser survivre avec des schémas principalement basés sur la compétition, chacun dans sa ligne de nage, centré sur sa performance individuelle… Leur « coût » est en effet immense : capacités sous-exploitées, gâchis, dégradation environnementale, supply chains fragiles, sensibles aux variations.
Coopérer : la seule voie possible
C’est donc l’occasion de repenser notre industrie et ses supply chains autrement, dans une recherche de robustesse et de performance pérenne.
Et qui mieux que la nature elle-même peut nous apporter les meilleures recettes en la matière ? Les travaux sur ce sujet se sont multipliés ces dernières années et tous, sans exception, désignent l’entraide ou autrement dit la coopération sous toutes ses formes, comme LE mécanisme qui assure la survie des écosystèmes. (1)
Coopérer, à tous les niveaux, se présente donc comme la seule voie possible pour développer des supply chains résilientes et durables. Ce n’est malheureusement pas forcément le mode dominant aujourd’hui.
La coopération demande de la mise en lien, des mécanismes de partage de pratiques et d’information, des moments d’échange, des processus outillés, des projets communs.
C’est sur ce terrain que nous nous sommes rencontrés.
Une session de l’atelier IMP’ACT ! avec ses cartes réalisations et ses nombreux leviers d’action.
Un partenariat au service de l’émergence des écosystèmes collaboratifs
La coopération est au cœur du fonctionnement même de France Supply Chain. C’est aussi la pierre angulaire de son « Manifeste pour une supply chain frugale et désirable », structuré en quatre axes. Si les deux premiers sont centrés sur des objectifs qui parlent d’eux-mêmes,« Produire et transporter plus juste » et « Rendre possible la Circularité », les deux autres sont les conditions sine qua non de leur atteinte et font la place belle aux dynamiques humaines :
- « Faire émerger des écosystèmes collaboratifs » : collaborer avec d’autres entités, parfois mêmes concurrentes, la solution étant souvent en dehors du périmètre des contraintes d’une seule entreprise.
- « Intégrer le facteur humain » : la logistique et la supply chain sont des métiers d’emplois, aucune solution ne pourra se développer sans une réflexion sur l’humain dans les changements majeurs à venir.
Brainergies accompagne pour sa part les industriels et les logisticiens dans leur transition écologique en favorisant la coopération au sein de leurs écosystèmes via des démarches de co-construction.
Le besoin de mutualisation et de projets communs s’exprimant chaque jour de manière plus forte, nous avons uni nos forces pour tenter d’y répondre et favoriser l’émergence des écosystèmes porteurs du déploiement du Manifeste de France Supply Chain by Aslog.
Et concrètement ?
Ensemble, nous avons construit les ateliers IMP’ACT !, des sessions collaboratives qui réunissent les acteurs d’un même périmètre (intra-entreprise, filière, supply chain ou écosystème étendu) pour converger sur des projets communs et partager les meilleures pratiques.
Y est mobilisée une pédagogie innovante qui s’appuie sur une multitude d’exemples réels et un recensement fin des leviers d’action. Les participants sont amenés via une série de rounds en équipe à identifier les moyens concrets de transporter moins, stocker et transporter mieux et de relever ensemble les défis de la mise en place des supply chains circulaires.
Enfin, un mécanisme de capitalisation permet, au fil des sessions, de recueillir les expériences des participants assurant ainsi un enrichissement permanent des contenus.
À nous donc maintenant, tous ensemble, d’œuvrer pour construire les supply chains d’un futur désirable !
(1) « L’entraide – L’autre loi de la jungle », Pablo Servigne et Gauthier Chappelle, Les Liens qui Libèrent, 2017.
