media supply chain
et logistique

Interview

ThePackengers : la digitalisation pour une logistique sur-mesure

Amaury Chaumet, CEO d’ESI et ThePackengers, revient sur la création de ThePackengers, logisticien des objets d'arts et précieux qui développe une offre digitalisée inédite pour le secteur.

Publié le 12 avril 2021 - 09h00
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DR | Amaury Chaumet, CEO d’ESI et ThePackengers

Comment s’est lancé le projet de ThePackengers et comment s’articule-t-il au sein d'ESI ?

ESI est une société de transport ayant deux activités principales : le transport évènementiel (expositions, festivals) et le transport d’œuvres d’art. Depuis que j’ai racheté l’entreprise il y a une dizaine d’années, nous avons pu faire croitre le chiffre d’affaires de 2 à 43 millions d’euros annuels, affichant une croissance continue et importante. Dans le domaine du transport d’art, nous travaillons pour le compte de musées, de grands projets de décoration (villas, hôtels), de galeristes, mais aussi de maisons de ventes. L’idée de ThePackengers est justement partie de ce dernier type de clients, avec de plus en plus de ventes en ligne dans le domaine. C’est une réalité que nous constatons depuis plusieurs années, mais qui s’est accélérée avec la crise. Nous avons donc créé il y a trois ans ThePackengers, pour répondre spécifiquement à cette demande.

 

Comment avez-vous adapté vos prestations sur-mesure dans le contexte de la vente en ligne ?
Nous sommes emballeurs dans nos activités classiques autour des œuvres d’art, avec nos propres ateliers qui nous permettent de traiter tous types de marchandises. Ce qui empêche de donner un prix de transport de manière automatique dans notre secteur, à l’inverse de ce qui peut se faire sur n’importe quelle place de marché en ligne, c’est le coût très variable de transformation. Ce sont des objets uniques, et par définition non emballés, nécessitant du sur-mesure. Nous avons donc remonté toutes les données de notre activité d’emballage classique au sein d’ESI, et nous avons développé un algorithme qui permet de calculer en amont le coût de la transformation et du transport de l’objet. Cela passe par différents critères - la valeur, le format, la fragilité, la destination -, qui vont nous permettre d’anticiper l’emballage (du carton à la caisse en bois) pour tous types d’objets, mais aussi, in fine, de pouvoir fournir le prix précis du transport au moment de l’achat, (emballage, assurances et frais de douanes inclus), et de permettre de valider des livraisons en quelques clics. Avant, chaque commissaire-priseur avait une liste de transporteurs référencés, et après la vente, l’acheteur devait contacter lui-même ceux-ci pour avoir des prix. Avec ThePackengers, nous avons totalement cassé nos méthodes traditionnelles : là où nous mettions en valeur précédemment la complexité de l’acte d’emballage, nous avons industrialisé et massifié nos process. Les méthodes de travail en entrepôt ont été repensées, avec des séparations de flux en fonction de types d’objets, une refonte des process d’emballage, des opérateurs équipés d’outils digitaux, etc.

 

Comme s’est déployée l’activité de ThePackengers ?

Nous sommes rentrés en phase de test en 2019 avec plusieurs maisons de ventes parisiennes, qui ont commencé à tester l’algorithme. Nous avons travaillé au développement de l’application avec de nombreux services digitaux : tracking du colis, facturation automatique, accès aux documents de douanes. Nous mettons également à disposition des maisons de vente des interfaces permettant de voir toutes les demandes de cotation en temps réel, et de voir les statuts des marchandises pendant le transit. En 2020, nous avons branché notre API sur la plateforme Drouot Digital, permettant aux acheteurs d’avoir des prix estimés pour leur transport. Tout s’est accéléré ensuite. Sur l’ensemble de l’année, nous avons effectué plus de 12 000 opérations, ce qui est considérable pour notre secteur. Aujourd’hui, nous sommes branchés aux 400 commissaires-priseurs du territoire français.

 

Des développements à l’international sont-ils également en cours ?
Bien sûr, car notre offre doit être globale et mondiale. Nous avons lancé notre activité sur Monaco, la Belgique et l’Espagne, et avons implanté une filiale en Angleterre pour lancer ThePackengers outre-Manche. Des tests sont également en cours à New York depuis l’automne dernier, avec l’aide d’une filiale d’ESI déjà présente sur place, et nous avons signé avec plusieurs maisons de vente. Nous sommes très attachés à un business model du contrôle, avec un évitement de la sous-traitance, particulièrement sur les deux premières phases des opérations, les plus cruciales : l’enlèvement et l’emballage. Ensuite, quand la pièce est protégée, nous utilisons les mêmes compagnies maritimes et aériennes que nos compétiteurs. Cette stratégie nous limite parfois en phase de développement, mais nous avançons sur de nouveaux territoires. Aujourd’hui, nous pouvons enlever et emballer sur toute l’Europe intra-communautaire et dans la région de New York, et nous travaillons à étendre ce maillage aux États-Unis, avec l’ouverture d’un bureau à Los Angeles. Par contre, nous sommes capables de livrer dans le monde entier.

 

Quels sont les projets à venir pour ThePackengers ?
Nous avons lancé la construction d’un nouveau site, pour remplacer notre ancien entrepôt de St Denis (93). Situé près de Roissy et prévu pour le début 2022, il nous permettra de nous implanter sur la durée dans un bâtiment plus adapté à nos besoins, avec de nouvelles machines d’emballage e-commerce plus classiques, pour les petits objets qui n’ont pas besoin d’avoir une attention particulière. L’idée est vraiment de massifier. Sur une vente aux enchères, vous avez parfois 300 lots, et nous pouvons alors être chargés de traiter une centaine d’entre eux, avec seulement une dizaine qui nécessitent une attention d’emballeurs d’œuvres d’art. Tous ces efforts nous permettront d’être plus rapides et moins chers - nous avons d’ailleurs baissé nos prix au début de l’année ! Et notre croissance va continuer, avec déjà une hausse des commandes traitées de 450 % pour le premier trimestre 2021. La relation avec ESI va également évoluer, avec un transfert d’une partie de son fonds de commerce en direction de ThePackengers, pour les maisons de ventes comme c’est déjà le cas, mais aussi pour les galeristes avec un nouveau produit dédié qui devrait être dévoilé au début de l’été 2021. ESI continuera ainsi à travailler uniquement pour les expositions, les décorateurs et les prestations de stockage, des prestations complexes et non digitalisables.

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