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Act’Supply, projet collaboratif au service des métiers de la logistique bretonne

Les difficultés relatives à la supply chain ne s’observent pas qu’à l’échelle des entreprises, mais aussi des territoires. Et c’est justement face aux spécificités de la région en la matière que le cluster Bretagne Supply Chain (BSC) s’engage à trouver des solutions durables. En particulier au travers du projet collaboratif Act’Supply, destiné à l’amélioration des conditions de travail des métiers du secteur par la mise en place d’un dialogue inter-entreprises. Entretien avec Caroline Bader, chargée de missions de BSC, et la participation d’Élodie Le Provost, déléguée générale.

Publié le 9 mai 2023 - 19h42
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Sur quelles bases l’entité Bretagne Supply Chain a-t-elle été fondée ? Diriez-vous que la région souffrait de sérieuses lacunes en la matière à ce moment-là ?

À vrai dire non, elle ne souffrait d’aucune lacune particulière. En revanche, il s’agit d’une zone géographique particulièrement éloignée des principaux bassins de consommation, ce qui rend la performance industrielle bretonne beaucoup plus compliquée à atteindre, notamment à cause des coûts logistiques plus élevés. Bretagne Supply Chain a donc pour ambition de contribuer à la Bretagne industrielle et productive en pérennisant ces activités. Pour cela, il faut bien évidemment des compétences, des infrastructures, des prestations de transport, de logistique et de supply chain au minimum aussi bonnes que sur les autres territoires européens. Du fait d’un certain éloignement, l’expédition des marchandises coûte en moyenne 8 % de plus aux industriels bretons que la moyenne nationale. BSC ambitionne donc de contribuer à développer des chaînes logistiques urbaines durables sur le territoire.

 

 

Quelles actions significatives votre organisme a-t-il initiées depuis sa fondation ? Avec quels résultats ?


Au moment de sa création, BSC a été labellisé « cluster » par l’Etat autour de deux projets : la logistique urbaine et les coopérations logistiques, qui datent de 2010-2012. Au niveau de la logistique urbaine, nous avons noué plusieurs partenariats au fil du temps avec, notamment, les collectivités et les professionnels. D’ailleurs, nous continuons d’assurer un dialogue entre les deux, en particulier au niveau de Rennes et Brest. Concrètement, aujourd’hui nous animons des démarches collaboratives entre les deux métropoles pour développer soit une vision commune, soit un système de logistique urbaine pertinent pour les deux territoires.
Côté coopération logistique, plusieurs projets de mutualisation ont été montés entre les industriels ou les transporteurs, au niveau des flux, des documents… Il n’y a jamais rien eu d’aussi marquant que le GIE Chargeurs Pointe de Bretagne, que nous n’avons pas créé nous-mêmes mais dont nous avons suivi le développement de très près. Le sujet des coopérations logistiques est d’ailleurs en train de revenir, au travers des préoccupations de sobriété. Aussi bien au niveau de la consommation énergétique que de la pénurie d’emplois auprès des chauffeurs logistiques. Il s’agit d’arrêter les micro commandes qui se multiplient dans la même semaine pour les mutualiser en une ou deux sur des volumes suffisants. Le travail sur la sobriété remet en perspective ces questions de coopération au sein de BSC.
Dans l’histoire du cluster, qui commence en 2010, beaucoup de projets sont venus se greffer, autour de la transition énergétique, des émissions de CO2 et bien évidemment des conditions de travail.

 

 

Parlons maintenant d’Act’Supply, votre dernier projet. Comment a-t-il vu le jour ? Quelles observations préliminaires vous ont conduit à la mettre en place ?


Act’Supply a vu le jour à la suite d’un autre projet. BSC a participé avec la Carsat Rhône-Alpes à la Perspectiv’Supply, fondée par cette dernière et le cluster logistique PIL’ES (Pôle industriel et logistique supply chain). Leur objectif était d’analyser les conditions de travail de la filière frais selon trois axes : l’emballage, la palettisation et les flux, tout en prenant en compte la relation client-fournisseur. Ce projet a été clôturé au niveau de la Bretagne en 2022 mais se poursuit au niveau national, toujours avec l’étroite collaboration de BSC. Nous avons suite à cela fondé Act’Suppply, qui ne se limite pas qu’à la filière frais et concerne tous les secteurs d’activité : menuiserie, meunerie, transport sur plateau…
Act’Supply est comme une suite du projet initial. Tout d'abord, nous nous sommes rendu compte que tous les secteurs étaient soumis à des contraintes clients et fournisseurs difficiles, parfois susceptibles de détériorer les conditions de travail. Puis, que le problème commençait à empêcher l’attractivité des métiers ou certains projets de développement. Ces remontées, de la part des adhérents, prenaient la forme de contraintes ou d’exigences sur lesquelles les entreprises n’ont pas de leviers d’action, ce qui a motivé la fondation d’Act’Supply.

 

 

Les conditions de vie et de travail sont-elles la priorité du projet, ou mêlez-vous ces thématiques à d’autres problématiques logistiques transversales ?


Act’Supply se concentre essentiellement, en effet, sur la santé et la sécurité au travail. On suppose tout de même dès le départ que va en découler une amélioration au niveau de la logistique de chacune des entreprises. Parce que notre objectif, c’est de permettre aux entreprises de dialoguer avec leurs clients ou leurs fournisseurs et de trouver le moyen d’améliorer les conditions de travail. Ce qui signifie parfois requestionner un processus, une fréquence de livraison, ça dépend des organisations. Notre façon de voir les choses consiste à passer par le prisme santé/sécurité, mais nous restons ouverts à tout type d’amélioration au niveau de l’entreprise participante.

 

 

Intervenez-vous directement auprès des différents acteurs de la supply chain ? Quel genre de contacts nouez-vous dans le cadre du projet ?


Nous disposons pour cela de différents cercles de travail : tout au long des deux années de projet, nous allons développer plusieurs ateliers de collaboration, de réflexion pour construire des outils ou échanger. Parmi eux, nous disposons d’un cercle de quatre « présentateurs » du projet, de partenaires constitués d’instances représentatives du personnel d’autres clusters, ainsi que  d'entreprises pionnières. Il y en a huit à l’heure actuelle ; il nous reste de la place par rapport au budget alloué à Act’Supply. Nous convions donc toute entreprise bretonne volontaire et intéressée par le projet à prendre contact avec nous !

Au sein de celles-ci, un référent participe à nos réunions en qualité de pilote et de contact privilégié. Ensuite, l’entreprise a pour mission, avec le cabinet de conseil que nous leur envoyons, de créer un groupe de travail. Il s’agit d’une sorte de diagnostic ergonomique, un processus par lequel tous nos partenaires ne sont pas encore passés. Nous y souhaitons a minima un représentant santé/sécurité, un responsable logistique et le dirigeant lorsque c’est possible. Dans certains cas, il s’agit même de notre contact référent.
L’objectif repose sur l’intégration de tous les profils de l’entreprise dans le projet : celui-ci est collaboratif, donc chaque point de vue est intéressant pour que ce qui se construit par la suite soit pertinent. BSC a l’habitude de maintenir le lien et d'être présent pour tous les participants au projet.

 

 

Les dispositions prises par Act’Supply concernent-elles exclusivement les organisations bretonnes, ou vos missions/engagements dépassent-ils votre cadre régional ?


Dans le cadre d’Act’Supply, pour l’instant nous souhaitons nous concentrer sur les entreprises situées sur le territoire breton car nous représentons nos adhérents, qui font face à des problématiques spécifiques à la Bretagne du fait de son éloignement. Mais aussi pour d’autres raisons : nous pouvons parler du taux de chômage, très faible dans la région, ce qui complique la question de recrutement pour les sociétés. BSC demeure malgré tout en étroite collaboration avec Pespectiv’Supply, géré en Rhône-Alpes, et qui possède une portée nationale. Ce que l’on souhaite développer se trouve principalement sur le territoire breton mais nous n’excluons pas de trouver de nouvelles idées.

 

 

Certains aspects du projet sont-ils encore à développer, à améliorer ? Vous êtes-vous confrontés à des difficultés et les avez-vous surmontées ?


Le projet a été lancé, au niveau des entreprises, vers le début du mois de mars. Pour l’instant nous n’avons donc pas rencontré de difficultés particulières, puisque sa première étape doit durer jusqu’au mois de septembre. Nous sommes encore en phase de mesure : il faut laisser le temps au cabinet de conseil en ergonomie qui travaille avec nous d’effectuer leurs diagnostics pour identifier et mesurer les différentes causes externes et internes qui impactent le travail. Avec les ponts du mois de mai, la plupart des groupes de travail vont commencer au mois de juin. Projet à suivre...

 
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