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L’adieu aux ondes pour l’audiovisuel : comment les téléspectateurs et les auditeurs ont pris le pouvoir

Un siècle après l’avènement de la télévision sur la TSF, l’audiovisuel français vit une révolution silencieuse : la diffusion hertzienne cède la place au tout-numérique. Entre streaming, podcasts et box connectées, le public compose désormais sa propre grille de programmes, bouleversant les équilibres historiques du secteur.

Publié le 2 juin 2025 - 10h13

 

Le crépuscule de la diffusion hertzienne

Le 6 juin 2024 marque une date symbolique dans l’histoire de l’audiovisuel français : Canal+, pionnier de la télévision payante, quitte définitivement la télévision numérique terrestre (TNT) pour basculer l’ensemble de ses chaînes payantes sur les réseaux filaires. Un geste fort, qui illustre la mutation profonde du secteur, amorcée depuis plusieurs années avec la montée en puissance du streaming et de la consommation à la demande.

La télévision, née sur la TSF (télégraphie sans fil) il y a près d’un siècle, s’émancipe désormais des ondes hertziennes. Les antennes râteau, autrefois symboles de la modernité, deviennent obsolètes face à la généralisation de la fibre optique et des box internet. Le streaming, qu’il s’agisse de télévision ou de radio, s’impose comme le nouveau standard, reléguant la diffusion linéaire à un rôle secondaire.

 

Le public, nouveau programmateur

Ce bouleversement technologique s’accompagne d’une révolution des usages. Les téléspectateurs et auditeurs ne sont plus de simples récepteurs passifs : ils choisissent, organisent et consomment leurs contenus à la carte. Plateformes de replay, services de vidéo à la demande, podcasts, webradios… L’offre n’a jamais été aussi pléthorique, donnant au public un pouvoir inédit sur sa consommation audiovisuelle.

Mais cette liberté nouvelle a un revers : la profusion de contenus peut vite tourner à l’overdose. Entre la multiplication des abonnements, la fragmentation des catalogues et la disparition progressive des repères traditionnels (grilles de programmes, rendez-vous collectifs), le risque de se perdre dans la jungle numérique est réel. "Nous sommes dans un moment de bascule", résume Sibyle Veil, présidente de Radio France, qui constate le recul de l’écoute linéaire au profit des usages numériques.

 

La radio, prochaine sur la liste

La télévision n’est pas la seule concernée. La radio, elle aussi, s’apprête à tourner la page de la diffusion hertzienne. En France, la FM devrait disparaître à partir de 2033, tandis que la Suisse a déjà franchi le pas en 2024. Les stations historiques investissent massivement dans le numérique, à l’image de Mouv’, qui arrêtera d’émettre sur la bande FM dès septembre pour se concentrer sur le web et les applications mobiles.

Le phénomène des podcasts et des webradios illustre cette mutation : l’auditeur choisit ce qu’il écoute, quand il le souhaite, sur le support de son choix. Cette personnalisation extrême redéfinit la notion même de média de masse, au profit d’une expérience individualisée et fragmentée.

 

Un nouveau paysage audiovisuel à inventer

La transition vers le tout-numérique pose de nombreux défis : fracture numérique, accès aux contenus pour les publics éloignés du numérique, préservation de la diversité culturelle et pluralisme de l’information. Les acteurs historiques doivent repenser leur modèle économique, tandis que les pouvoirs publics s’interrogent sur la régulation d’un secteur désormais mondialisé et dominé par les plateformes internationales.

Pour les téléspectateurs et auditeurs, l’heure est à l’apprentissage de nouveaux réflexes. Si le pouvoir de choisir est grisant, il s’accompagne d’une responsabilité : celle de ne pas se laisser submerger par l’offre, et de continuer à faire vivre une culture commune, au-delà des algorithmes et des bulles de filtres.

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