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[Portrait] Romain Codron, cofondateur et CEO de Shiptify
Fruit de la génération Y, ingénieur et entrepreneur à mille à l’heure piqué par le virus de la supply chain, Romain Codron, cofondateur et CEO de Shiptify se dévoile, sans filtre.

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Illustration - Romane Coston
Sans même le savoir, Romain Codron construit son réseau depuis son jeune âge. De ses étés à Saint-Cast-Le- Guildo (22) à ses débuts chez Kuehne+Nagel en passant par ses études à l’Isli de Bordeaux, le co-fondateur et CEO de Shiptify tisse naturellement des liens avec les gens, et plus particulièrement ceux issus du monde de la logistique. C’est donc les pieds dans l’eau qu’il rencontre pour la première fois, sur une plage bretonne, celui qui sera son futur associé et collaborateur. Mais c’est aussi dans ce même village des Côtes-d’Armor qu’il côtoie un ami de ses parents, Xavier Hubert, alors directeur logistique de Moulinex, qui lui fait découvrir ce métier. Et c’est encore à Saint-Cast qu’il croise un certain Thomas Mortier, qui deviendra plus tard CEO du logisticien Staci (et client de Shiptify) : « Thomas avait monté une école de voile, c’était le beau gosse sympa de la plage, un peu mon modèle ! Je n’imaginais pas que nous nous retrouverions un jour, 20 ans après. Il a été l’un de nos premiers gros clients », corrobore Romain Codron.
Mais avant de créer sa société, Romain Codron a connu les coulisses du secteur. Aîné d’une famille d’ingénieurs, il suit une voie toute tracée en école d’ingénieurs à Compiègne et rejoint la filière production et logistique pour sa spécialisation de dernière année. Dans ce cadre, il effectue son stage en planification des ventes chez L’Oréal et s’éclate : « J’ai créé un réseau de stagiaires de tous les bureaux L’Oréal de Paris. Cela a commencé par un déjeuner et ça a terminé en apéro géant avec un fichier Excel de plus de 200 stagiaires pour gérer tout ça. J’ai adoré mon expérience sur tous les plans, mais j’en ai surtout conservé dans la tête une phrase du grand patron de l’époque : “Il faut être un poète et un paysan : travailler en ayant les pieds sur terre, tout en rendant les choses belles.” J’y repense chaque jour chez Shiptify. »
À la croisée des chemins
Après une année d’études aux États-Unis, Romain Codron intègre l’Isli à Bordeaux. Il y confirme son intérêt pour la supply chain, mais également pour son amoureuse de l’époque qui deviendra sa femme, et sa passion, le kitesurf. Lors de son cursus, il rencontre notamment les équipes de Kuehne+Nagel. « Je me suis retrouvé dans un entrepôt à Gennevilliers où j’ai tout simplement découvert la vie. Je suis sorti de mon petit environnement confortable. J’ai signé pour un contrat de chef de projet méthodes, mais très vite, Yannick Bierre, directeur d’exploitation du site, m’a fait basculer sur le terrain en tant que chef d’équipe réception. Yannick, c’est l’anti-moi. Il a commencé à 16 ans comme intérimaire et a grimpé tous les échelons. C’est un véritable meneur d’hommes, d’une grande intelligence émotionnelle. Il m’a donné le goût du terrain, et m’a beaucoup appris. J’ai un énorme respect pour lui », relate Romain Codron.
Au bout de deux ans, en 2009, Romain part en Espagne pour devenir directeur de site. Désormais marié, il s’installe à Cadix, apprend l’espagnol et tombe littéralement amoureux du pays. Il rentre finalement à Paris en 2012, poussé par la récession espagnole et suit alors un autre camarade rencontré à l’Isli, Jean-Christophe Cuvelier (actuel PDG et cofondateur de MyTower). Sous la houlette de ce dernier et de ses deux autres « mentors » – Robert Launay et Joël Glusman –, Romain apprend davantage sur le monde de la douane, du transport et du commerce. Il remarque également « des gâchis monstrueux en termes d’impression de mails, de papier, de fax… Loin de l’esprit lean des entrepôts auquel j’avais été formé ». C’est à ce moment précis que germe l’idée de Shiptify : une entreprise au croisement de différentes expertises – logistique, douane, transport et international – couplées à l’état d’esprit lean.
Une logistique en mode réseau social
Seulement, au même moment, la plateforme de pièces de luxe de seconde main Vestiaire Collective le sollicite pour devenir son directeur logistique. Il se lance : « Je découvre le monde du transport BtoC, du luxe, mais surtout des développeurs web, la dernière brique qu’il me manquait pour créer Shiptify. Je prends alors conscience que ce projet peut être véritablement porteur », expliquet- il. Lors d’un dîner entre amis, alors qu’il évoque son idée d’entreprise et le besoin de recruter un DSI, à table se trouve par hasard son futur associé. « Dans la vie, il y a les faiseurs et les diseurs, Romain est clairement un faiseur : il entreprend, il agit et met en pratique ses idées. C’est une véritable locomotive. Le jour où l’on a évoqué Shiptify ensemble, j’ai directement décidé de monter à bord », témoigne ce dernier.
Nous sommes en novembre 2015 et les prémices de Shiptify s’amorcent. Romain trouve ses deux premiers associés. Alors que toutes les startups rivalisent avec leurs levées de fonds à plusieurs millions, les trois associés se lancent avec seulement 80 000 euros, provenant de leurs économies personnelles. « C’est cela l’esprit Shipti : faire plus avec moins ! Cela aide à se focaliser sur l’essentiel : ses clients », ajoute Romain Codron. Les premières lignes de codes apparaissent en 2016 et un premier client signe en 2017, le groupe Somfy et son directeur transport Antoine Arthus. « Sans lui, nous ne serions jamais devenus ce que nous sommes aujourd’hui… », commente-t-il.
Depuis, Shiptify ne cesse de se développer avec l’ambition de devenir « une belle ETI, inscrite dans le temps. Il n’y aura pas un seul leader du TMS, mais une vingtaine en Europe et nous voulons en faire partie. À un détail près : nous souhaitons être l’outil préféré des utilisateurs », assure le CEO de Shiptify. « Romain est désireux d’amener une vision collaborative et agile à un monde de la logistique très processé. Il essaie de mélanger ces deux univers avec un seul objectif : aider la communauté logistique », confirme l’un de ses associés. Un équilibre que les trois associés appliquent également au sein de leur société en mettant la priorité sur une harmonie entre les univers personnel et professionnel de tous les collaborateurs : « Nous sommes trois pères de famille, notre priorité a toujours été de construire une entreprise qui soit une source de plaisir et d’équilibre tant pour nous que pour nos équipes. » Depuis l’été 2024, Romain Codron a donc retrouvé l’Espagne. Installé à Barcelone, il entend développer Shiptify dans la péninsule Ibérique tout en continuant à faire rayonner son entreprise, son métier et la logistique : « J’adore mon métier, je veux amener les gens à le découvrir », conclut-il.
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