Portrait
Michel RAMIS : « Ne rien lâcher »
Il y a peu, Voxlog interrogeait Michel Ramis, vice-président en charge des ventes et du marketing de FuturMaster. Ce dernier nous confiait alors les ambitions internationales de l’entreprise qui l’emploie, avec charisme et détermination. Des traits de caractère aujourd'hui confirmés. Sur tous les terrains, qu’ils soient sportif, professionnel ou personnel, ce compétiteur dans l’âme n’a jamais cessé de se dépasser.
Loin du costume de vice-président d’un groupe à dimension internationale, il en aura fallu de peu pour que Michel Ramis enfile des crampons et embrasse une carrière de footballeur professionnel à l’adolescence. À 12 ans, lorsque son père lui refuse finalement l’accès au centre de formation de Toulouse, pour lequel il a été sélectionné, Michel Ramis comprend que sa carrière restera au rang d’amateur, mais ne se décourage pas pour autant. « J’ai été champion de France Université en salle à l’Inseec de Bordeaux et j’ai évolué à un niveau national de 3e division. Jusqu’à 42 ans, je n’ai jamais cessé de jouer, ce sont des problèmes de santé qui m’ont contraint à stopper [une hernie discale, ndlr] », rappelle-t-il. Trente-cinq ans plus tard, les passements de jambes ont fait place au management et au commerce international, laissant quelques traces : « Des valeurs collectives dans le domaine du sport qui m’ont beaucoup servi dans le monde professionnel ; humilité, enthousiasme, positivisme, dépassement de soi et persévérance. Et surtout “Vous n’êtes rien sans les autres” et “L’équipe est plus importante que l’individu” », avance-t-il. Ce parallélisme avec la compétition lui permet, petit à petit, de prendre goût au travail. Le gamin « pas très bosseur », et « pas du tout geek », se donne les moyens de gagner.
Ayant bien conscience qu’avec le corporatisme qui règne en France, il a peu de chance de gravir les échelons sans passer par la case commerce, il démarre sa carrière par ce type de fonctions. « Il fallait signer, gagner, être le meilleur de son équipe, sa région, de France, d’Europe… » Il se découvre alors une ambition, lui qui avoue n’avoir jamais imaginé ado être président d’une entreprise d’informatique (VCSTimeless) à 35 ans : « Je voulais être le meilleur, mes complexes ont disparu. Selon, moi, le talent ne représente que 10 % de la réussite, je crois davantage à la valeur travail, à la volonté mais aussi aux rencontres. » Une rencontre en particulier aura marqué Michel Ramis, celle avec Greg Morrison, ex-COO de JDA : « Il m’appris le management, la gestion internationale. J’ai eu la chance d’avoir de bons patrons. En retour, j’essaie d’être humain, généreux avec les autres car ce sont eux qui font votre succès », admet-il.
Plus que la technique, ce qui passionne Michel Ramis dans son métier réside davantage dans la création de valeurs pour ses clients, mais aussi ses collaborateurs. Développer ses équipes, les faire progresser représente à ses yeux une « grande satisfaction ». Preuve de sa capacité à y parvenir, la relation qu’il entretient avec Samir Belkhayat, qui dirige aujourd’hui Cegid UK et rencontré chez Comshare, alors que Michel était commercial et Samir consultant. « Michel est un manager d’hommes qui sait créer des relations humaines fortes fondées sur la confiance. Il a beaucoup d’enthousiasme dans son action quotidienne, alors forcément, quand il a monté la BU retail de Comshare, je l’ai suivi. Nous avons commencé à deux et avons fini à 50 », raconte-t-il. Et l’aventure ne s’arrête pas là. La BU Retail de Comshare est ensuite rachetée par JDA. Les deux collaborateurs devenus amis développent ensuite, pendant près de cinq ans, le chiffre d’affaires de JDA et continuent même quelques années plus tard chez VCSTimeless. Et pas seulement dans le business.
Mental de gagnant
Le binôme s’illustre aussi autour du ballon rond, au Stade Français. « Lorsque Michel était sur le terrain, on retrouvait chez lui la même pugnacité, l’envie de gagner et de partager le succès en équipe. Nous sommes une bande de douze joueurs qui évoluons ensemble depuis de nombreuses années. Il a été difficile pour lui de devoir nous quitter suite à ses problèmes de dos. Il a besoin de travailler en équipe, de se challenger », confie Samir Belkhayat. Et c’est sans doute par goût du challenge que le footballeur a finalement laissé place au… pongiste. À défaut du foot, Michel Ramis choisira le tennis de table : « J’y suis venu par hasard, en vacances au Club Med, j’ai gagné un tournoi et je me suis inscrit dans un club », raconte-t-il. Une drôle de découverte à 42 ans passés, pour laquelle il a dû tout reprendre à zéro : « Même s’il n’est pas doué techniquement, il est très accrocheur et trouve tous les moyens possibles pour réussir à tirer le meilleur de ce qu’il peut faire. Il a battu en compétition officielle une jeune championne de France de sa catégorie d’âge. Elle s’entraine six heures par jour, lui une fois par semaine, mais sur le match, il arrive à entrer dans le cerveau de l’adversaire et à le battre. L’aspect psychologique est primordial au tennis de table, c’est un sport qui réclame un esprit de compétition très important, présent chez Michel », analyse Louis Michel, son partenaire au sein du Club de l’AP 17 (Paris) dont Michel Ramis est aujourd’hui devenu le président.
Plus que la compétition, il retrouve aussi dans le ping-pong, l’ouverture aux autres qu’il a toujours ressenti dans le football : « Au tennis de table, on trouve tous milieux sociaux confondus. Étudiants, fonctionnaires, agents de maîtrise… Cela permet, quand vous travaillez en permanence avec des cadres et ingénieurs bac +6, de vous réconcilier avec la société, avec votre enfance… », avoue-t-il. L’enfance de Michel Ramis aura été modeste mais heureuse. Fils unique d’un couple d’origine espagnole, rapatrié d’Algérie et du Maroc, il vit six ans dans la cité de Bagatelle à Toulouse avant de déménager à Thouars (79), dans les Deux-Sèvres. De cette éducation, il retient des valeurs familiales fortes, mais en tire aussi des leçons pour l’avenir et celui de ses deux enfants aujourd’hui âgés de 19 et 16 ans : « Je n’avais pas envie que mes enfants grandissent dans une cité. Ce n’est pas toujours drôle, je suis content de m’en être sorti. Je voulais fonder une famille et leur donner la chance d’avoir un avenir plus radieux. Je n’aurai jamais imaginé pouvoir faire tout ce que j’ai entrepris. J’ai voulu leur donner toutes les chances de réussir », confie-t-il. Aujourd’hui, c’est sur ce triptyque personnel, professionnel et sportif que Michel Ramis a trouvé son équilibre. .
Désormais, ses enfants ne l’appellent plus « monsieur » quand il rentre de déplacement. Au contraire, Michel Ramis discute avec eux sur WhatsApp et passe du temps en famille, avec sa femme, elle aussi cadre dirigeante mais dans le domaine du prêt-à-porter. Son métier et le développement de Futurmaster, il les aborde sereinement mais toujours avec passion, en espérant une fois ses missions accomplies, fuir un jour Paris « où il vit en transit depuis 26 ans » pour rejoindre la terre de ses ancêtres, à Minorque, là-même où il a déversé les cendres de son père il y a quelques années et « le seul endroit sur terre où il se sent bien ».