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et logistique

Interview

Rencontre avec Bruno Kloeckner, nouveau directeur général France de XPO Logistics

Nommé récemment à la tête de XPO Logistics France, Bruno Kloeckner y était auparavant directeur général adjoint. Tout en travaillant à garantir la croissance organique de l'entreprise, il détaille ses axes stratégiques autour des trois piliers fondamentaux de l’humain, de la relation client et de la RSE.

Publié le 8 avril 2022 - 13h09
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XPO Logistics

Vous avez intégré XPO Logistics en 2020. Comment avez-vous géré cette arrivée en pleine crise Covid ?

Ce que j’ai pu noter en arrivant dans le monde du transport, c’est son incroyable résilience. Cela m’a passionné de découvrir un secteur d’activité aussi primordial pour l’économie du pays, et mettre en œuvre des opérations en plein confinement était incroyable. Chez XPO, nous n’avons jamais arrêté de livrer, nous avons pris soin de nos équipes et de nos clients en mettant en place des protocoles Covid et des revues hebdomadaires très rigoureuses. Pendant le Brexit également, nous avons créé un bureau de commissaires en douanes basé à Nantes et n’avons jamais cessé d’assister nos clients. Nous avons dû résoudre ces deux événements majeurs avec les équipes opérationnelles et commerciales en place et cette capacité d’adaptation au service des clients m’a particulièrement marqué.


Quels sont vos principaux axes de travail à la tête de XPO Logistics France ?
Il s’agit d’abord de continuer à garantir la croissance organique de l’entreprise, afin qu’elle soit rentable et durable. Mais aussi de prendre soin de l’humain sous toutes ses formes, une mission très importante compte tenu du contexte dans lequel nous vivons aujourd’hui. La sécurité de nos conducteurs fait partie de notre ADN, et nous proposons environ 10 000 heures de formation par an à l’ensemble des collaborateurs. Nous créons beaucoup de modules également, le dernier en date portant sur la décarbonation pour rendre nos équipes commerciales expertes sur ce sujet. Nous souhaitons aussi prendre régulièrement le pouls de nos équipes, avec des sondages. Malgré les difficultés, nos équipes et nos clients nous font confiance.


« Prendre le pouls » dans un contexte où le secteur vit par ailleurs des difficultés de recrutement….
Absolument, cela n’épargne personne. Il faut donc être attractif et se présenter comme un employeur de choix. Sur le sujet, nous avons été récompensés comme l'une des entreprises les plus socialement responsables en France en 2021 et 2022 par le cabinet d'études indépendant Statista. Nous envisageons 1 600 recrutements en France cette année dont 150 alternants. C’est vrai qu’il y a une pénurie de conducteurs, mais nous avons dimensionné notre équipe de recrutements et, pour le moment, nous parvenons à maîtriser l’écart par rapport au besoin. Nous déployons des initiatives, car nous souhaitons également renforcer l’embauche de conductrices, il est important pour nous d’améliorer notre index sur la féminisation du métier. Elles sont aujourd’hui 3 % à conduire nos camions, mais nous pouvons et devons faire mieux.


Avec votre focus sur l’humain, quelle place prend la relation client ?
Grâce à mon expérience passée auprès d’autres entreprises où j’ai été amené à manager cette relation client en temps réel, je souhaite développer des outils chez XPO qui mettent le client au centre de nos préoccupations. Dans le contexte actuel, il y a de l'inquiétude et il faut pouvoir le rassurer en lui proposant des solutions nouvelles. Sur le pricing, nous avons par exemple créé des outils digitaux permettant de faciliter cette relation, avec le lancement de Dynamic Pricing Tool l'an passé, et nous avons fait l’acquisition d’une application avec Microsoft pour un CRM client qui va être lancé cet été. Nous souhaitons vraiment poursuivre nos efforts dans l’amélioration de cette relation en temps réel afin de réduire les délais de réponse à nos clients par rapport à leurs demandes, et avoir une seule source d’information pour pouvoir analyser encore mieux leurs besoins.


Quels sont les derniers développements de XPO en France ?
Nous avons récemment ouvert une agence à Vitrolles de plus de 4 500 m² avec 46 portes à quai. Grâce à une réserve foncière de 1 500 m², le site pourrait atteindre 6 000 m². Nous ouvrons deux ou trois agences par an. Nos clients souhaitent que nous les accompagnions sur leurs implantations et leurs développements et nous avons notamment identifié des besoins dans le Sud et en Normandie où nous avons également ouvert il y a peu une agence à Caen. Nous souhaitons par ailleurs pouvoir proposer de plus en plus des solutions end-to-end. Nous avons plusieurs activités essentielles chez XPO : le transport par palette, le transport par lots complets, le global forwarding avec son bureau Brexit, le Last Mile, et l’activité Warehousing. Nous avons opéré une scission l’an dernier avec l’activité Supply Chain qui est devenue GXO suite à laquelle nous avons gardé l’activité du petit entreposage multiclients. Aujourd’hui nous sommes capables de dédouaner les marchandises, d’aller les chercher en lots complets sur le port, de les acheminer ensuite dans notre réseau palettes sur toute la France avant d’atteindre le last mile en bout de chaîne. Nous opérons aussi le 4PL avec notre filiale Key PL ce qui permet à nos clients d’externaliser totalement leur gestion du transport. Nous mettons aujourd’hui en avant à la SITL cette nouvelle offre Last Mile que nous avons intégrée à notre réseau palettes dans toute la France, afin de proposer une offre de bout en bout au client.


De quelles manières intégrez-vous également la notion de RSE dans votre stratégie ?
Nous formons toutes nos équipes RH en termes de recrutement au respect de la diversité et de l’égalité des chances, Et au-delà de notre responsabilité sociétale par rapport aux équipes, nous voulons agir sur l’environnement. Tous nos sites vont être éclairés de Led et nous nous intéressons beaucoup au photovoltaïque, déjà déployé dans notre agence de Caen. Concernant la décarbonation de la flotte, ce n’est pas un sujet nouveau : historiquement nous avions commencé le multimodal avec Franprix et les barges sur la Seine. Nous souhaitons désormais accélérer sur le ferroviaire et le fluvial et nous avons un bureau d’études d’une quinzaine de personnes qui travaillent sur ces sujets-là. Nous sommes actuellement en discussion avec SNCF Fret pour voir ce qu’il est possible d’embrancher par le rail parmi notre vingtaine d’entrepôts en France, afin de proposer des alternatives aux clients. Il s’agit d’un travail important, car il faut réhabiliter les voies, redimensionner nos entrepôts, solliciter des aides... Nous voulons également développer le fluvial à l’intérieur du territoire, mais nous faisons aussi des propositions par la mer et par exemple en utilisant des bateaux pour aller en Angleterre. Concernant la décarbonation de nos véhicules, nous avons été historiquement les premiers partenaires des véhicules gaz avec Iveco, qui sont aujourd’hui au nombre de 230 sur la partie palettisée ce qui représente presque 30 % de la flotte. Nous investissons aussi sur l’électrique : notre premier véhicule a été lancé et est en test sur tout l’Est lyonnais depuis le mois d’octobre. Pour accompagner ce développement, nous devons étudier les infrastructures dont nous avons besoin sur les sites avant de nous s’engager sur des investissements plus lourds. Nous avons aussi lancé notre première cuve HVO (Hydrotreated Vegetable Oil), y a deux semaines, nous sommes très attentifs à l’évolution de la certification du B100 et nous étudions évidemment les possibilités de l’hydrogène. L’avenir sera multi-énergies. Il n’existera pas une solution standardisée pour les clients et c’est aussi à eux de choisir l’énergie qu’ils souhaitent pour décarboner leur fret. La réglementation va encore beaucoup évoluer et nous sommes prêts.

 

 

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