Interview
Trois questions à Philippe Gallois, architecte de l’Hôtel logistique de Chapelle International
Le site multimodal a été inauguré le 8 juin après deux ans et demi de travaux dans un environnement contraignant. Très satisfait de son accueil en France et à l’étranger, le président d’A.26 Architectures, qui a conçu le bâtiment, estime que ce type de projet est reproductible dans d’autres villes.
Quelles ont été les principales contraintes de ce programme logistique ?
Le site tout d’abord ! Le terrain était exigu et peu large et nos équipes ont dû travailler avec le faisceau ferroviaire à cinq mètres de la propriété. Le fait qu’il était interdit de survoler les voies avec les flèches des six grues a dû nécessiter des ajustements techniques. Par ailleurs, le défi était aussi de faire pénétrer un train dans un bâtiment logistique, une première en France.
Autre contrainte, le programme était validé pour la construction mais non commercialisé. Ceci nous a obligé à modifier le plan prévu à la marge au fur et à mesure de la location des différents espaces. Par exemple, deux niveaux du data center sont devenus des bureaux. Dans l’entrepôt loué par Métro, il a fallu décaisser d’un mètre supplémentaire pour installer des quais.
Nous avons aussi dû casser une dalle pour construire un escalier de secours. En fait, il était parfois moins coûteux de poursuivre le chantier en cassant et en reconstruisant qu’en arrêtant des stations de travail. Cette démarche peut sembler paradoxale mais s’avère indispensable sur un site où 250 personnes travaillent à un rythme soutenu selon un cadencier très serré.
Quels éléments de ce projet vous rendent fier ?
Nous sommes extrêmement satisfaits d’avoir gagné ce concours avec une proposition qui comporte deux niveaux. Notre idée initiale, qui était de gagner en hauteur, n’a pas été rendue possible à cause du plan local d’urbanisme de Paris. L’alternative choisie a donc été de construire un sous-sol qui accueille un entrepôt et un data center.
Nous sommes également fiers de la mixité de l’hôtel logistique de Chapelle International , où une cinquième façade déployée sur les toits verra se développer une ferme urbaine de 7 000 m².
Cette réalisation hors-normes vous paraît-elle reproductible dans d’autres villes ?
Oui, tout à fait. D’ailleurs, plusieurs réflexions avancées sont en cours à la mairie de Paris sur ce modèle. À la suite des récompenses internationales reçues par l’Hôtel logistique depuis un an, nous avons été contactés récemment par une ville européenne qui a été très impressionnée. Cet ensemble multimodal est industrialisable si les collectivités et les maires nous laissent des terrains adaptés, à la fois longs et proches d’une voie ferrée et de routes.
Je reviens du Japon où j’ai visité des bâtiments logistiques comptant huit étages au cœur des métropoles. Ce type de programme pourrait fort bien être une des solutions pour Paris.