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[Focus] Getir, acteur majeur du « quick commerce », se retire du marché français

Depuis la requalification des dark stores en entrepôts, Getir tombe de Charybde en Scylla. Pointé du doigt par les élus et riverains, placé en redressement judiciaire le 2 mai 2023 et rongé par une dette de 200 millions d’euros, le géant turc de la livraison rapide a finalement annoncé son retrait du territoire français.

Publié le 27 juin 2023 - 16h16

Les beaux jours du « quick commerce » en France sont comptés. Deux semaines à peine après une annonce similaire de son concurrent allemand Flink dans des circonstances analogues, le géant turc de la livraison express Getir se prépare à quitter la France, un mois et demi après son placement en redressement judiciaire. Le propriétaire de Gorillas et Frichti estime que « l’environnement juridique complexe et les réglementations imposées par les administrations locales ont rendu la réussite de l’entreprise très difficile. »
En cause, un long bras de fer juridique mené depuis 2021 par les municipalités des grandes villes contre les prestataires du quick commerce. Remporté courant 2023 par les instances administratives, à l'issue de la publication d’un décret requalifiant les dark stores – ces hubs logistiques urbains non destinés à recevoir du public – en entrepôts. Une décision dont les subtilités juridiques permettront aux édiles de forcer la fermeture de plusieurs dizaines d’entre eux dès son entrée en vigueur le 1er juillet.

Un étau qui se resserre

Fondé en 2015, Getir s’est vite imposé comme leader de la livraison rapide en Turquie, au point de s'exporter à l'international à partir de 2021. En pleine conjoncture favorable qui plus est, du fait de la crise sanitaire alors encore pleinement d'actualité. Depuis 2020 les dark stores ont en effet fleuri en France, nombre de citoyens confinés ayant été aisément convaincus par les avantages de la livraison express à domicile. Getir s’est d’autant plus solidement implanté sur le marché hexagonal qu’il a successivement racheté le livreur français Frichti et l’allemand Gorillas, malgré une croissance de dette exponentielle.

 

Une expansion qui ne s’est pas montrée au goût de tout le monde, et en particulier du côté de la mairie de Paris et des associations d’urbanisme. « Ces dark stores […] prennent parfois de la surface commerciale pour des petits commerces, des coiffeurs, des artisans… » déplore-t-on d’un côté, « les habitants des quartiers dans lesquels s’implantent les dark stores se plaignent généralement de plusieurs types de nuisances » se plaint-on de l’autre dans un rapport de l’Apur (Atelier parisien d’urbanisme). Dans les deux cas, on s'applique à mettre en exergue le flou entourant leur statut juridique : « la moitié des locaux occupés par les dark stores étaient autrefois des commerces », situés dans des zones résidentielles, souligne l’Apur. Et l’association de rappeler que « cette fonction d’entreposage est interdite dans les immeubles d’habitation », une mesure à laquelle échappent les enseignes recevant du public.

 

© Brett Jordan, via Unsplash

 

Le verdict est tombé

Au terme de nombreuses plaintes, rapports et pétitions, le 24 mars 2023 dans le Journal Officiel s’est vu rendre le verdict. « La sous-destination “entrepôt” recouvre les constructions destinées à la logistique, au stockage ou à l’entreposage des biens sans surface de vente, les points permanents de livraison ou de livraison et de retrait d’achats au détail commandés par voie télématique » peut-on y lire en guise de nouvel alinéa (modifié) à l’article R. 151-27 du code de l’urbanisme. Un placement en redressement judiciaire le 2 mai, un projet de rachat de Flink et un plan d’investissement de 160 millions d’euros dans ses activités françaises ne suffiront pas : mercredi 21 juin, Getir jette finalement l’éponge et annonce son retrait du marché français à compter du 31 juillet.

 

Si la société a garanti le paiement de ses employés jusqu’à la mi-septembre, ce ne sont pas moins de 1 824 d’entre eux que la situation plonge dans l’incertitude. Certaines entreprises, dont les noms n’ont pas été communiqués, n’ont pas moins témoigné leur intérêt pour le rachat de la structure française de Getir. Ne reste plus qu’à découvrir comment celle-ci pourrait se voir réexploitée.

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