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« Il reste encore un long chemin à parcourir avant que les vols long-courriers réguliers n'utilisent 100 % de SAF »

Une première mondiale : Kuehne+Nagel a opté pour une solution alternative au carburant fossile pour opérer une livraison en provenance du Royaume-Uni et à destination des États-Unis. Francis Seuront, directeur de l'activité aérienne du prestataire de transport et de logistique en France, détaille à Voxlog la stratégie de son entreprise quant à l'emploi des carburants durables de type SAF dans la filière aérienne et leur potentiel de développement.

Publié le 15 décembre 2023 - 11h40
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 Kuehne+Nagel

Kuehne+Nagel, acteur international du transport et de la logistique, a assuré une livraison transatlantique ayant eu recours à un avion fonctionnant avec 100 % de carburant durable de type SAF (sustainable aviation fuel). L'appareil est parti de l'aéroport de Londres-Heathrow, au Royaume-Uni, et a atterri au États-Unis, sur l'aéroport international de New York - John-F.-Kennedy.

 

« Nous sommes très fiers de participer à ce premier vol au dessus de l'océan Atlantique consommant en totalité du carburant d’aviation durable », déclare Yngve Ruud, membre du conseil d'administration de Kuehne+Nagel et responsable Air logistics. Utilisé pour alimenter les deux moteurs Rolls-Royce Trent 1000 du Boeing 787 Dreamliner, ce SAF est produit à partir d'esters et d'acides gras hydrotraités (HEFA, à 88 %) et de kérosine aromatique synthétique (SAK, à 12 %) ; et fait partie de la stratégie de Kuehne+Nagel pour décarboner le transport aérien de marchandises.

 

3 questions à Francis Seuront, directeur de l'activité aérienne chez Kuehne+Nagel France

Où en sommes-nous actuellement dans le développement du SAF au niveau mondial ?
Nous pensons que les choses commencent à s'améliorer en termes de compréhension et que le SAF devient un sujet plus récurrent pour nos clients. Bien que le sujet soit à l'ordre du jour et que les entreprises soient plus disposées à acheter du SAF (et d'autres carburants durables), il reste encore un long chemin à parcourir. Afin d'accélérer la production de SAF, les industriels doivent s'unir pour développer des solutions, augmenter la quantité de matières premières et rendre les SAF plus disponibles. Pour ce faire, nous avons besoin de réglementations telles que refuelEU Aviation, par exemple, qui impose aux fournisseurs de carburants pour l'aviation de fournir une quantité de SAF équivalente au minimum à 2 % de l'ensemble des carburants, pour atteindre 32 % en 2040 et 63 % en 2050.
Nous constatons également d'importantes variations en termes d'adoption des SAF entre les régions : l'Europe et l'Amérique du Nord, par exemple, sont en avance, tandis que d'autres doivent mieux faire connaître les solutions disponibles.

 

Pouvez-vous détailler votre stratégie sur l'utilisation de ce carburant durable et vos objectifs à court terme ?
Nous avons développé un programme SAF qui prend en compte l'ensemble de sa chaîne de valeur, et avons fixé des exigences et des limites très strictes en ce qui concerne l'approvisionnement, le book and claim, ainsi que la manière dont nous calculons les réductions par le biais du programme SAF. Nous proposons deux solutions à nos clients : le calcul rétroactif – en calculant la quantité de kérosène consommée par les expéditions après qu'elles aient eu lieu, nous pouvons ensuite remplacer cette quantité par du SAF. Et l'opt-in – les expéditeurs peuvent utiliser le SAF pour leur livraison ; c'est une option que nous proposons sur chaque devis que nous leur donnons.

 

Quand pensez-vous que ce type de vols commerciaux long-courriers utilisant du carburant durable puisse se démocratiser ?
Bien que les SAF soient déjà utilisés dans une certaine mesure pour les vols commerciaux long-courriers, il reste encore un long chemin à parcourir avant que les vols long-courriers réguliers n'utilisent 100 % de SAF. Ce n'est pas que la technologie n'existe pas – comme nous l'avons vu récemment avec le Flight100 –, mais il n'y a tout simplement pas assez de SAF sur le marché. En 2022, les SAF représentaient moins de 1 % du volume total de carburants pour l'aviation.

 

Propos recueillis par Voxlog le 14/12/23.

 

 

À lire également : Décarbonation du transport aérien : Kuehne+Nagel participe à la création de la Sustainable Engine Alliance

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