Transversal
Transformation des supply chains : l’optimisation des processus en première ligne
Une tribune signée par Ludovic Knysz, directeur transport du groupe Interlog.

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Les perturbations et les incertitudes qui touchent les supply chains se sont multipliées, devenant la norme plutôt que l’exception. Dans un contexte où la résilience est cruciale, les entreprises ne peuvent pas se permettre de seulement réagir, parfois assez passivement, à l’instabilité. Les éléments extérieurs — crises géopolitiques, pénuries de matières premières, dérèglements climatiques, … — sont impossibles à contrôler. Mais la maîtrise des processus internes peut radicalement améliorer la capacité d’adaptation et d’anticipation.
La réalité des supply chains non formalisées
Dans le réseau complexe qu’est une supply chain moderne, chaque commande n’est pas un processus linéaire : dans un grand nombre de cas (en moyenne huit fois par commande, d’après Diginomica), plusieurs changements imprévus viennent impacter les commandes, qu’il s’agisse de modifications de prix, de quantité, ou encore de blocages de livraison.
Ces ajustements continus, souvent inévitables, s’accumulent et génèrent des coûts, retardent les délais et créent des chaînes d'effets qui dégradent la satisfaction client. Avec une proportion importante des commandes nécessitant une expédition accélérée, les entreprises sont contraintes d’investir davantage pour pallier ces écarts. Un cercle vicieux qui impacte la rentabilité, l’image de marque et la compétitivité des entreprises – voire, dans certains cas, leur pérennité.
Or, chez un grand nombre d’industriels, gérer ces inévitables ajustements se fait souvent dans l’urgence, au fil de l’eau, sans véritable plan d’action pour optimiser leurs processus et faire progresser le niveau de maturité de leur supply chain.
Un ouvrage à remettre en permanence sur le métier
Si un nombre croissant d’entreprises ont entamé une digitalisation de leur supply chain, la démarche n’est pas, à elle seule, une solution magique. Numériser et automatiser des processus inefficaces, même avec des systèmes ERP et SCM cloud modernes, ne résout pas les problèmes structurels. La numérisation a toutefois un avantage indispensable : elle génère de la donnée.
Pour faire face aux inefficacités et réduire les coûts à grande échelle – c’est-à-dire pour gravir progressivement les échelons de la maturité de la supply chain – le premier travail est celui qui consiste à explorer et analyser tous les acteurs et processus impliqués dans la chaîne d'approvisionnement sous un même schéma, afin de visualiser les enchaînements de flux, les interactions entre les différents processus et les outils associés.
Il est ensuite possible d’identifier les inefficacités et les points critiques qui ont un impact négatif sur les indicateurs clés de performance de la supply chain, tels que le taux de livraison à temps, le coût moyen par commande ou les émissions moyennes de CO2 par commande. Enfin, la définition et la prise de mesures ciblées, dont l'automatisation, permettent de corriger ces inefficacités.
Ce que l’on décrit ici n’est pas une démarche statique, où l’on suit une fois pour toutes un processus optimisé. Il s’agit au contraire d’une démarche dynamique, où il faut questionner régulièrement l’organisation, revoir sans cesse les leviers de compétitivité, et challenger en permanence des processus supply chain qui accompagnent l’entreprise dans tous ses niveaux.
C’est pour ça que la donnée est si importante, et c’est surtout pour ça qu’elle doit être fiable.
La donnée, pilier de la supply chain collaborative
Dans l’échelle de maturité des supply chains, l’objectif est in fine de tendre vers des schémas collaboratifs, car c’est ce qui les rend plus résilientes, efficaces et durables. L’optimisation des processus est en première ligne pour transformer les supply chains et aller vers cet objectif. Et ces processus doivent bien sûr être décloisonnés, transparents et partagés par toutes les parties prenantes (fournisseurs, fabricants, distributeurs).
Il ne peut pas y avoir de transformation des supply chains sans optimisation des processus, et il ne peut pas y avoir d’optimisation des processus sans données fiables, sécurisées et partagées – et si possible en temps réel. Ceci est vrai aussi bien pour l’efficacité opérationnelle (S&OP) que pour l’efficacité environnementale des chaines d’approvisionnement et la satisfaction client.
