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et logistique

Interview

3 questions à Aurélie Delemarle de l’École des Ponts ParisTech

Directrice académique de la Chaire « Supply Chain du Futur », à l’École des Ponts ParisTech, Aurélie Delemarle revient sur les profils les plus recherchés en supply chain et l'évolution des formations.

Publié le 30 avril 2020 - 09h30
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Quels sont actuellement les profils les plus recherchés dans le secteur de la supply chain ?

Au niveau des masters, la demande est plutôt axée sur les ingénieurs parce qu’ils ont la capacité à comprendre des systèmes complexes. Or, la supply chain compte trois dimensions auxquelles nous les formons à l’École des Ponts ParisTech : une première partie technique, une deuxième dimension transverse leur permettant de comprendre les problématiques des différents métiers du secteur et une troisième autour de la transformation. On ne peut plus faire les choses comme on les faisait hier, il faut savoir accompagner les hommes et les femmes dans l’entreprise, leur proposer une vision et la mettre en œuvre. Les profils les plus recherchés chez les ingénieurs, qui vont leur permettre de bénéficier d’une meilleure évolution de carrière, sont ceux capables de travailler avec les SI – en utilisant du machine learning, de l’optimisation… –, tout en ayant une connaissance fine des opérations. Car si on ne comprend pas comment fonctionnent les processus industriels et les équipes, en passant du temps sur le terrain, les modèles produits seront, in fine, inutilisables. La dimension humaine est également importante : savoir donner des responsabilités, animer, faire confiance.

 

Avec les enjeux environnementaux et les défis posés par la logistique urbaine, les formations tendent-t-elles à se modifier ?

Nous incluons l’aspect développement durable dans tous nos parcours : achats, entreposage, production, distribution mais aussi stratégie. À l’École des Ponts ParisTech, nous avons, en plus du département Génie Industriel, un département Ville, Environnement, Transport et le master Transport et Développement Durable qui traitent tous deux des questions environnementales et avec lesquels nous développons des parcours croisés. Nos élèves seront sans doute beaucoup recherchés car les entreprises savent que ce sont des sujets d’avenir et des problématiques complexes nécessitant tant de la méthodologie que des connaissances scientifiques, comme pour l’ACV (l’analyse du cycle de vie) ou l’éco-conception.

 

De quelle manière abordez-vous ces questions d’évolution des métiers de la supply chain ?

Nous travaillons de manière rapprochée avec les industriels pour leur permettre d’échanger entre eux, de partager leurs pratiques et leurs enjeux. Nous avons la chance d’avoir créé la chaire avec quatre partenaires [le groupe Renault, Louis Vuitton, le groupe Casino (Cdiscount) et le groupe Michelin, ndlr] qui ne sont pas concurrents. Nous pouvons donc collaborer sur les sujets sans conflit d’intérêts entre eux. Concernant la partie opérationnelle et management des hommes, nous travaillons notamment autour de questions comme « Aura-t-on encore des chauffeurs de camion à l’avenir ? ». Les partenaires de la chaire s’intéressent également à la manière de rendre la logistique plus attrayante, notamment en entrepôt. Il est important de redonner de l’intérêt à ces métiers de manutention parce qu’on a beau, par exemple, vouloir robotiser, il faut absolument des ressources humaines pour garantir la qualité. L’enjeu est d’attirer sur ces métiers en donnant plus de responsabilité et d’autonomie, et en permettant aux équipes de contribuer elles-mêmes à faire de l’amélioration continue sur leurs processus.

 

> À lire également, notre dossier Supply chain : des métiers en transformation

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