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[Portrait] Jean-Yves Gras, directeur général de Colissimo

Authenticité et simplicité ont guidé le parcours professionnel de Jean-Yves Gras. L’homme de 49 ans partage les moments marquants de sa carrière et ses aspirations pour Colissimo, qu’il dirige depuis près de trois ans.

Publié le 20 juin 2023 - 17h00
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 Catherine Lavernhe

Nous sommes dans les années 90, du côté de Versailles. Jean-Yves, jeune étudiant en statistiques et économétrie, officie comme guichetier à La Poste durant sa formation. 20 ans plus tard, en 2020, ce même étudiant, devenu adulte, est nommé directeur général de Colissimo. Si la trajectoire n’a pas été calculée, elle reflète néanmoins l’un des traits de caractère majeur de Jean-Yves Gras : son engagement dans le travail. Élevé par un père pédiatre et une mère très impliquée dans le monde associatif, il a joui d’une grande liberté de mouvement et d’expression mais également rapidement intégré l’importance de la valeur travail, très chère à sa famille. « Ce savant mélange a généré chez mon frère et moi une forme d’autonomie et de détermination qui nous a guidée par la suite. Mes parents ont été un peu atypiques dans leurs choix éducatifs et j’ai eu en parallèle une enfance ouverte sur le monde, d’une grande mixité sociale. Cela m’a permis d’incarner une forme d’authenticité qui me tient à cœur », introduit-il.

Parler-vrai

Ce caractère authentique revient d’ailleurs systématiquement dans la bouche des personnes interrogées au sujet de Jean-Yves Gras. Anne-Sophie de Faucigny, son amie, membre du comex de l’entreprise Getlink, témoigne : « J’ai connu Jean-Yves par le biais de nos enfants. Nous nous sommes rapidement liés d’amitié. Non seulement nous avons des centres d’intérêts communs – l’histoire, la géopolitique, l’actualité internationale – mais il est aussi et surtout quelqu’un d’extrêmement authentique. Il est intègre et reste très simple dans son rapport aux autres ». Et pour cause, pour lui, qu’il s’agisse de vie privée ou de fonctions de dirigeant, la parole doit toujours être « impeccable ». Jean-Yves Gras accorde ainsi une large place au dialogue, qu’il considère comme un véritable vecteur de changement dans les organisations. Cette vision de l’entreprise, il la tient sans doute de sa première partie de carrière. Diplômé de l’ESCP Europe et d’un master en Économétrie et Statistiques de l’université Paris 2, il débute dans le conseil en management chez Bossard Gemini consulting. Orienté « opérations », il se spécialise petit à petit dans le secteur du transport et de la logistique, se lance finalement dans l’aventure entrepreneuriale en montant le cabinet Kea & Partners en 2001, puis rejoint le cabinet Oliver Wyman en 2002.

 

Une décennie chez Geodis

Attiré par l’opérationnel et devenu père pour la première fois d’un garçon aujourd’hui âgé de 19 ans (un second enfant naîtra cinq ans plus tard), le jeune consultant se pose alors la question de poursuivre sa trajectoire dans le conseil : « Voyager partout dans le monde était passionnant mais compliqué pour élever des enfants. Et c’est justement à ce moment-là, en 2003, que Pierre Blayau, PDG de Geodis, me contacte ». Le groupe de logistique et de transport cherche un collaborateur pour travailler l’offre 4PL. Jean-Yves Gras accepte de s’atteler à la tâche avec succès. Il est nommé directeur ingénierie du groupe puis vice-président en charge des solutions business. « J’y suis resté 10 ans et ai œuvré sur de nombreux projets innovants tels que Distripolis ou bien encore la réalisation du premier bilan carbone de Geodis. J’avais alors 39 ans et j’étais fier de mon parcours et de nos équipes en Europe, en Asie, aux États-Unis… », poursuit-il.

 

Découvrir un territoire

Nous sommes en 2013, il est contacté par Bolloré Logistics pour un poste visant à piloter les activités de logistique contractuelle. Il accepte ce nouveau challenge et œuvre durant sept ans à l’international, en se rendant régulièrement en Afrique. Plus qu’un axe de développement pour l’entreprise, il découvre un continent, son énergie, sa population, ses talents et son potentiel extraordinaire : « J’ai développé un amour pour ce territoire. Il émane de ces pays une joie de vivre, une sincérité et une façon de vivre qui bousculent notre rapport au temps. Cela fait réfléchir, prendre du recul et surtout regarder le monde un peu différemment. » Cet amour de l’Afrique, il l’a notamment partagé avec Thierry Retourné, alors directeur logistique du continent pour Bolloré Logistics : « Avec son côté authentique, son enthousiasme, Jean-Yves s’est senti comme un poisson dans l’eau en Afrique où les relations se nouent avec simplicité. Je me souviens d’un projet à Abidjan où nous sommes arrivés sur un terrain près de l’aéroport. Il y avait quatre chèvres et rien d’autre. Nous avons travaillé, avancé, posé des questions simples et c’est comme cela qu’est né l’Aérohub d’Abidjan. Nos voyages africains, au-delà de la découverte et des opérations, m’ont aussi permis de comprendre que Jean-Yves est visionnaire, il a du nez », exprime son ancien collaborateur.

 

Avoir du nez

Ce nez, peut-être celui de son arrière-grand-père parfumeur à Grasse et dont Jean-Yves a toujours espéré hériter de la sensibilité, le pousse également à accepter en 2020 de postuler comme directeur général de Colissimo. En septembre de la même année, il prend ses fonctions et découvre un groupe dont la transformation, la diversification à l’international et la culture du dialogue social l’enthousiasment : « Je suis arrivé en pleine crise covid, ce qui m’a tout de suite permis de mesurer l’engagement et l’expertise des équipes. L’utilité de Colissimo était révélée au grand jour. Il est donc question aujourd’hui de renforcer sa position de leader, d’être capable d’adresser de nouvelles offres, de continuer à optimiser nos outils industriels, nos conditions de travail et toujours dans la rentabilité. La performance n’est pas antinomique des valeurs fortes que nous portons. Entre 2013 et 2022, nous avons réduit de 40 % les émissions de CO2 par colis, travaillé à la formation des postiers, investi pour améliorer les conditions de travail… Tout cela nécessite d’avoir de la performance, et nous donne les moyens de nos ambitions en termes de valeurs », développe Jean-Yves Gras. Et pour porter son ambition, le directeur général de Colissimo entend continuer à travailler comme il l’a toujours fait : simplement, avec authenticité et engagement : « Jean-Yves assume ce qu’il est. Sa finesse d’esprit, son intégrité et sa capacité à prendre du recul, tout en fédérant avec parfois un trait d’humour, l’ont sans doute aidé à tracer son sillon », conclut son amie Anne-Sophie de Faucigny.

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