Repenser les chaînes d’approvisionnement à l’ère de l’urgence climatique

L’essor du commerce mondial est souvent perçu comme une évolution positive. Pourtant, il s’accompagne aussi de nombreux défis. L'élargissement des réseaux commerciaux internationaux et l’accélération fulgurante des avancées technologiques soulèvent de nombreuses questions : sur la complexité croissante, et la fragilité, des chaînes d’approvisionnement, sur l’essor des livraisons express, sur les attentes toujours plus élevées des consommateurs et enfin sur l'impact environnemental global de l'activité humaine sur notre planète.

Les chaînes logistiques, qui constituent la base même du commerce mondial, ont connu ces vingt dernières années de profonds changements, guidés par une quête constante de performance. Si ces gains d’efficacité restent essentiels pour les grandes marques internationales, il est désormais crucial de reconnaitre que résultats financiers, cours de bourse et volumes de vente sont intrinsèquement liés à l’état de santé de notre planète.

L'environnement est un sujet qui transcende les frontières, les océans et les idéologies. Et bien que le contexte mondial soit complexe et incertain, cela ne doit en aucun cas freiner les programmes en faveur des pratiques durables. Sachant que les chaînes logistiques génèrent environ 60 % des émissions mondiales de carbone, les rendre plus respectueuses de l’environnement est indispensable pour lutter efficacement contre le changement climatique.

Encourager des comportements de consommation plus responsables

La plupart des marques proposant des canaux de vente directe au consommateur (D2C) ne permettent toujours pas de regrouper des commandes effectuées sur plusieurs jours en une seule commande ou expédition, ou de modifier une commande passée au-delà d’un délai très court (de 30 à 60 minutes après validation). Une fois l’achat validé, il n’est donc plus possible pour le consommateur de modifier, annuler ou compléter sa commande.

Cette rigidité encourage inévitablement de mauvaises pratiques de la part des consommateurs. Mais, que se passerait-il si les consommateurs pouvaient mieux contrôler leur parcours d’achat ? En leur offrant plus de flexibilité – options de livraison, modification ou regroupement de commandes, options de retour – on leur donnerait la possibilité de faire des choix plus réfléchis et plus écologiques sur le long terme.

Optimiser l’espace pour réduire l’empreinte carbone… et augmenter les profits

Le gaspillage d’espace dans la logistique a un coût élevé, à la fois pour l’environnement et pour les résultats financiers. Grâce à des algorithmes de remplissage de palettes plus intelligents, il est possible d’augmenter le taux de remplissage des camions de 7 %. Cela peut sembler modeste de prime abord, mais si cette économie s’applique à une flotte de milliers de véhicules parcourant des millions de kilomètres par an, les gains marginaux obtenus se traduisent alors par une réduction significative de l’empreinte carbone de l’entreprise.

Et si, grâce un chargement de flotte optimisé, une entreprise réduit le volume de fret transporté d'un seul camion par mois, elle peut éviter l’émission de près de 40 tonnes de CO2 par an. Le CO2 étant un des gaz à effet de serre les plus nocifs pour la planète, cela présente une contribution environnementale majeure.

De la même manière, les avancées en matière d’algorithmes d’optimisation permettent de réduire efficacement l’utilisation d’emballages lors de la préparation des commandes et des expéditions. Avec moins d’emballages utilisés et moins d’air transporté, la logistique devient plus efficace, plus verte, avec moins de camions sur les routes et moins d'avions dans les airs.

Vers une planification du transport plus intelligente et plus durable…

Au-delà de l’électrification des flottes, il est essentiel de repenser sa gestion des transports - organisation, anticipation, process et outils informatiques - afin de l'optimiser. Un système moderne et performant est crucial pour réduire les émissions de scope 1 liées aux chaînes logistiques. Chaque mouvement de marchandises, qu’il s’agisse de transport à grande échelle entre entrepôts et centres de distribution ou de livraisons directes au consommateur, génère une empreinte carbone. De puissants moteurs d'optimisation utilisant l’IA générative permettent une planification plus rapide des itinéraires (en analysant trafic, distance et créneaux de livraison pour tracer les chemins les plus efficaces), minimisant ainsi la consommation de carburant et l'usure des véhicules.

Pour les produits qui ne nécessitent pas une livraison rapide, les retailers peuvent, par anticipation, privilégier des modes de transport alternatifs, comme le rail ou le fret maritime. Moins rapides, certes, mais nettement plus économiques et écologiques que l’avion ou le transport routier, ces solutions permettent de conjuguer performance logistique et réduction de l’empreinte carbone.

…et vers des choix plus conscients

Cela peut sembler évident, mais la route vers un avenir plus durable commence par les petites décisions du quotidien. Ce sont ces choix qui traduisent notre engagement en tant qu’individus et organisations.

Il serait certes tentant de pointer du doigt les effets de la mondialisation ou du capitalisme. Mais, rappelons que le commerce mondial joue un rôle essentiel pour le bien-être de milliards de personnes à travers le monde.

Il est clair que le commerce et le logistique ne seront jamais totalement « verts ». Mais cela ne signifie pas qu’ils ne peuvent pas devenir plus durable. En tant qu’entreprises et citoyens, nous avons tous un rôle actif à jouer dans la construction d’un avenir plus responsable.