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Portrait

Jorge Hernandez, directeur général d’APRC : « Le goût du travail »

Depuis 53 ans, Jorge Hernandez travaille. Mais le directeur général d’APRC ne vit pas une vie de labeur, il apprend, développe et transmet sa passion : la logistique.

Publié le 4 janvier 2018 - 09h10
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« Comme Obélix, je suis tombé dans la logistique lorsque j’étais petit », plaisante Jorge Hernandez en guise d’introduction. Cet immigré catalan parti de rien, élevé dans les corons, désormais installé dans le Sud et dirigeant d’entreprise, a la parole facile. Une verve sans doute héritée de ces années passées à travailler son sens de la repartie pour développer ses activités dans le monde de la logistique. Cet ancien patron des opérations pour Geodis en Amérique Latine, et de FM Logistic Italie, aujourd’hui directeur général d’APRC, est la parfaite illustration du self-made-man.

 

Débarqué de sa Catalogne natale à 12 ans pour rejoindre sa soeur, sa mère et son père, parti comme mineur de fond dans les Houillères afin d’obtenir le statut de réfugié en France, Jorge Hernandez montre rapidement une capacité d’adaptation à toute épreuve. À 14 ans, après seulement deux courtes années sur le sol français, le petit bonhomme se retrouve apprenti chti, lauréat du premier prix de français de son école d’Abscon (59). Car si une valeur prime dans la famille, c’est bien celle du travail. Pour s’intégrer d’abord mais pour avoir une vie meilleure surtout : « À l’époque, lorsque nous sommes venus en France, nous n’avions qu’une chose en tête : travailler. Je me souviens qu’à 8 ans, en Espagne, j’allais encore chercher le lait et le tabac avec des tickets de rationnement. Et quand je suis arrivé dans le Nord de la France, mon père m’a donné une pièce de 5 francs de l’époque pour m’acheter une barrette de chocolat. Je l’ai achetée mais jamais ouverte. J’ai encore le papier mais la barrette, elle, est devenue poussière. Pour moi, ce chocolat, c’était l’Amérique ! Malgré tout, les règles à la maison étaient très strictes. Car comme beaucoup d’immigrés, mes parents n’ont pensé qu’à travailler pour pouvoir s’acheter une maison pour leur retraite », confie Jorge Hernandez.

 

« Travailler pour vivre et non vivre pour travailler »

Cette valeur travail, Jorge l’intègrera pour la vie. À 14 ans, lorsque son père, tisserand de métier, décide de déménager sa famille à Tourcoing, alors lieu de prédilection pour l’industrie textile, Jorge par le biais de Manpower pousse la porte d’Auchan. Ce sera la révélation. « Cela a mis le pied à l’étrier à ma carrière, je suis entré là-bas au moment où ça explosait. J’ai chopé le virus de la logistique. J’ai démarré comme employé libre-service, puis chef de magasin puis chef de rayon », détaille-t-il. Sa carrière sera néanmoins interrompue 36 mois durant lesquels il effectuera son service militaire et obtiendra la nationalité française. Plus encore, il y apprendra à profiter de la vie : « L’armée a été très révélatrice pour moi. J’ai appris à vivre avec les autres, à m’ouvrir vers l’extérieur, à avoir une autre vie que celle de labeur à laquelle j’étais habitué ». Il y effectuera d’ailleurs un brillant parcours passant par les écoles de Saint-Maixent et l’EMIA de Coëtquidan, hésitant même à y faire carrière. Mais il reviendra finalement à ses premières amours, la logistique et la grande distribution. Il bascule alors chez l’un des leaders de la logistique contractuelle et y gravira les échelons. Il finira par y devenir directeur des opérations en Amérique Latine.

 

La ténacité en héritage

De retour en Europe, Jorge poursuivra sa carrière chez FM Logistic et deviendra pour quelques années directeur général de l’entité italienne. Mais le temps passe, Jorge Hernandez, qui a commencé à travailler très jeune, commence à penser à la retraite. Il saute finalement le pas en 2009. Il a 58 ans. « Avec le temps, je réalise que c’était une erreur. Je ne suis pas fait pour être à la retraite », admet-il. Au bout de deux mois, un homme vient titiller sa curiosité. Ce n’est autre que Karim Abdellaoui, créateur du contractant général et promoteur APRC : « Nous avions besoin de son oeil d’expert métier. Je me suis donc déplacé à son domicile pour le sortir de sa petite retraite. J’ai réussi à la convaincre et cela a été une excellente chose, il nous apporte énormément », témoigne ce dernier.

 

Aujourd’hui, Jorge est le directeur général d’APRC. Bien installé dans ses fonctions, il l’est aussi… dans son bureau où trônent drapeaux, photos et écharpes de l’équipe de football espagnole du Barça : « J’ai quelques défauts. Je suis un fanatique du Barça depuis plus de 40 ans ! Je vais régulièrement voir des matchs avec mon fils. En Catalogne, c’est une religion, nous avons cela dans le sang. Mais ce sont mes seules attaches », affirme-t-il. À cela près que Jorge Hernandez aurait également hérité d’un autre trait bien marqué des catalans, comme le souligne malicieusement son patron Karim Abdellaoui : « Jorge est quelqu’un de profondément humain et généreux, mais qui a son caractère, il est catalan, c’est inscrit dans ses gènes. Il s’est toujours battu pour grandir, on sent en lui cette soif d’avancer. Il ne s’arrêtera jamais. » « Le catalan bouge beaucoup. Dès que les choses stagnent ça ne lui va pas, ce n’est pas dans son tempérament », s’amuse le principal intéressé. Néanmoins, à 66 ans, le directeur général sent « que la machine s’use ». Il se laisse jusqu’à 70 ans. Mais attention, pas pour prendre sa retraite, plutôt un mi-temps. Car s’il lui restera toujours le complexe de ne pas avoir fait d’études et qu’il ne se sent « pas spécialement fier de [son] parcours », Jorge Hernandez en est certain : il ne veut pas qu’on « l’enterre avant qu’il ait transmis son savoir-faire logistique ».

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