Mutualisation : le bon levier d'optimisation

Fondée en 2013 par Thierry Bruneau, Jean-Paul Rival (directeur général et directeur général adjoint de Concerto European Developer), Michel Rascol (directeur général du 4PL Intologistics) et Pierre Orsatelli (consultant), Urbismart repense la logistique globale pour optimiser le dernier kilomètre de livraison dans une approche économique pérenne. « Avec Thierry Bruneau, nous entendions beaucoup de discours et solutions autour du dernier kilomètre de livraison qui ne nous paraissaient pas forcément pertinents. Il manquait toujours un élément dans l’équation économique globale pour que le coût du dernier kilomètre ne vienne pas s’ajouter à celui d’une chaîne logistique déjà élevé et que tout le monde cherche à réduire ou à ne pas augmenter sous prétexte de réaliser un dernier kilomètre plus écologique ou plus doux pour les habitants. Sans parler des problématiques des villes telles que réduire le trafic, la pollution, les nuisances sonores, etc. Toutes les solutions logistiques que nous avons vu fleurir venaient en surcoût, c’est pour cela qu’il fallait repenser la totalité de cette chaîne », se rappelle Jean-Paul Rival. Urbismart était née.

L’objectif de cette innovation logicielle et opérationnelle est de réorganiser les flux logistiques urbains selon le principe « un camion, une rue », pour tout type de livraison. Comment ? En travaillant aux points d’entrée et de sortie de la supply chain et en s’appuyant sur la mutualisation et le cross-canal afin d’augmenter les effets de volumes. « Urbismart prend la responsabilité des flux, les ordres de transport des chargeurs et s’occupe des appels d’offres prestataires pour réaliser ces transports, détaille Jean-Paul Rival. Parce que l’on va chercher les informations à leur source, nous allons être capables de mutualiser et massifier la collecte et la distribution. Le principe est d’organiser une tournée de collecte auprès des plateformes par destination, d’emmener ces produits sur de nouvelles plateformes régionales périurbaines de préparation de commandes mutualisées aussi bien pour les boutiques que pour le e-commerce, et à partir de là de réorganiser les tournées de livraison en ville dans la logique un camion dans une rue qui compte à la fois des enseignes, des boutiques et du e-commerce. »

Transparence et traçabilité

Pour Urbismart, revoir en même temps la logistique amont et aval est le seul moyen de générer suffisamment d’économies afin d’inclure le dernier kilomètre de livraison dans une équation logistique globale et réduire la facture. Pour les prestataires qui répondent aux appels d’offres, c’est l’assurance d’avoir accès à des volumes plus importants dans des secteurs où ils savent faire la différence. « Urbismart n’est ni concurrent des chargeurs ni des prestataires. Nous sommes là pour prendre des ordres de transport d’un côté et faire des appels d’offres transparents avec des critères clairs de l’autre. À partir du moment où nous devenons le tiers de confiance pour ces chargeurs et prestataires, nous leur devons une totale transparence et une traçabilité de l’ensemble des opérations effectuées. Notre innovation technologique repose donc sur un moteur d’optimisation dynamique qui permet de planifier et d’ordonnancer les tâches en prenant en compte les règles, les contraintes d’ordres de transport et les aléas en temps réel, sans prévisions de volumes », ajoute Jean-Paul Rival.

B2B et B2C

L’avantage de la solution Urbismart est de pouvoir mélanger les flux B2B et B2C afin de générer encore plus d’économies. Dans sa rue, le camion livrera ainsi boutiques, enseignes et internautes. Une offre qui se veut la plus complète possible, puisqu’elle propose également des services tels que la gestion des retours, des invendus, la collecte des déchets d’emballage ou encore la possibilité de s’appuyer sur les magasins des enseignes partenaires comme points relais temporaires. « Nous nous sommes attachés à développer un squelette informatique logique pour pouvoir piloter toute cette émergence de nouveaux procédés, car nous aurons la connaissance des flux et la capacité à interagir en temps réel », commente Jean-Paul Rival.

Avec un camion par rue, peut-on espérer alors une forte diminution de leur présence dans nos centres-villes encombrés ? Pas forcément. Urbismart ne prétend pas réduire de façon drastique le nombre de camions en ville, mais leur déplacement car ils resteront plusieurs heures au même endroit, ce qui, dans l’idéal, suppose également une anticipation des autorités pour leur prévoir une aire de stationnement. « Il n’y aura plus de nuisances à la population alors même que les volumes distribués seront toujours les mêmes, lance Jean-Paul Rival. On gagne en émission de CO2 , en trafic, en nuisances sonores. Sans parler de l’impact en matière de productivité et d’amélioration de la qualité du travail du livreur car au lieu de passer sa vie dans les bouchons et en double file, il aura plus d’opérations à valeur ajoutée à réaliser, dans un environnement plus intéressant et plus performant puisqu’il sera payé à livrer et non à se sortir des bouchons. »

Depuis début septembre, cette nouvelle solution est en phase de test à Bordeaux. D’ici à 2018, l’objectif est de réunir autour de ce projet 35 enseignes sur 45 villes avec, à terme, 50 à 100 plateformes périurbaines à développer. « Urbismart organise la logistique sous forme collaborative de communauté ouverte, à la fois multi-chargeurs et multi-prestataires pour répondre aux besoins d’aujourd’hui. Nous changeons fondamentalement le modèle en faisant tomber les silos entre des métiers qui aujourd’hui ne se parlent pas. Chaque enseigne vit sa vie, les prestataires sont en concurrence faciale les uns avec les autres. Urbismart fait parler tout le monde, nous regardons leurs problématiques, leurs contraintes et essayons de faire en sorte que chacun y trouve un bénéfice », conclut Jean-Paul Rival.