Entrepôts
L’entrepôt logistique du futur possède un cœur humain
Une tribune signée par Christophe Vandrome, directeur de la logistique contractuelle chez Kuehne+Nagel France.
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Réinventer l’entrepôt logistique ? La transformation est en cours. Au cœur de celle-ci : des femmes et des hommes fiers de leur métier, fiers de représenter la marque de leurs clients et d’incarner une promesse auprès des consommateurs. Et si les nouvelles technologies impactent largement cette transformation, cette dernière souligne surtout le rôle irremplaçable de l’humain à l’intérieur de l’entrepôt.
L’humain, cœur névralgique de l’entrepôt
C’est un euphémisme que de parler de « transformation » dans le secteur de la logistique. Et celle-ci s’accélère à vitesse grand V, portée par les nouveaux outils digitaux, la gestion de la data, la robotisation ou l’IA. À l’intérieur des entrepôts, ces technologies ont un objectif : accompagner et assister l’humain, qui reste le cœur névralgique de la supply chain et le vecteur de performance.
Paradoxalement, dans un monde où la technologie nous accompagne partout dans notre quotidien, la place de l’humain n’a jamais été aussi grande. L’humain ressent, comprend et transmet. Il crée du lien, entre collègues, avec les managers mais aussi avec les clients. Dans les entrepôts, cette relation émotionnelle permet de performer. Créer un sentiment d’appartenance et une relation forte à une marque se reflète en effet dans la préparation des colis et plus largement dans l’attention portée à son travail. Ces sentiments – qu’aucune technologie ne pourra reproduire – participent pleinement à la qualité du service et à la satisfaction client.
De la collaboration, pas de la substitution
Les technologies ne doivent pas nous faire craindre le pire. C’est ma conviction profonde : non, elles ne remplaceront pas complètement les femmes et les hommes dans nos entrepôts. Leur rôle sera d’assister et de valoriser leur travail. C’est pourquoi nous devons concevoir des outils personnalisés qui s’adaptent à notre métier, pour en favoriser l’adoption. Et alors que l'IA remodèle les opérations logistiques, l'expertise humaine doit également évoluer en englobant non seulement le savoir-faire technique, mais aussi la maîtrise des données stratégiques, qui est désormais essentielle pour stimuler la performance et la prise de décision éclairée.
Par ailleurs, dans un entrepôt, la robotique, c’est pas automatique. Cette décision doit être prise en fonction du secteur, du type de marchandise ou de la taille du site. Elle doit s’intégrer dans une stratégie précise, au cas par cas. Et toujours dans le respect des valeurs humaines de l’entreprise : la qualité du service, la satisfaction du client et le respect des collaborateurs. De mon point de vue, la performance réside donc dans une collaboration solide humain/technologie pour gagner en agilité. E-Commerce, automobile, industrie… Tous les secteurs sont concernés par cette notion pour gérer les pics, les ralentissements ou anticiper les changements. Des éléments stratégiques qui reposent sur une excellente relation client.
La transformation de l’entrepôt passe par la transformation des métiers
La digitalisation contribue aussi à réduire la pénibilité des tâches répétitives ou physiques, permettant aux collaborateurs d’évoluer dans un environnement plus sécurisé et propice au bien-être, mais aussi de se recentrer sur des missions à plus forte valeur ajoutée en lien avec la relation et l’expérience client.
La transformation de l’entrepôt induit en effet la transformation des métiers. D’une part, l’aspect marketing et de service prend une nouvelle dimension. On peut citer par exemple l’apparition d’ateliers de métiers en lien avec l’artisanat au sein même des entrepôts. D’autre part, de nouveaux métiers se créent : superviseur de flotte robotisée, gestionnaire de données logistiques, technicien(ne) de maintenance prédictive… et des formations sont délivrées tout au long de l’implémentation des process permettant ainsi la montée en compétences des collaborateurs.
Quand la formation devient un axe stratégique
Les investissements dans l’innovation bousculent ainsi les compétences et les besoins sur un marché de l’emploi toujours en proie à une pénurie : 50 000 postes dans la logistique restent vacants selon France Travail. Rendre le métier attractif en offrant des carrières au niveau des défis économiques et écologiques de notre époque devient un axe stratégique.
Les acteurs de la logistique l’ont bien compris en misant sur la formation. D’une part, en créant des organismes de formations comme l’OFTL. D’autre part, en favorisant en interne la montée des compétences ou des reconversions, facilitée par des outils digitaux. L’innovation doit ainsi toujours rester au service de l’humain et non l’inverse. Ma responsabilité de dirigeant consiste à façonner non seulement les outils que nous utilisons, mais aussi la culture que nous construisons autour de ces outils.
Dans un monde où les liens humains sont de plus en plus rares, ma conviction profonde autant que ma responsabilité de dirigeant impliquent de cultiver des compétences qui sortent du cadre technique, telles que l'empathie et les valeurs de confiance, qui deviennent des atouts stratégiques.