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Le Powerpack de Tesla, facteur d’économie d’énergie pour la supply chain ?

Le Powerpack, batterie rechargeable à énergie solaire du constructeur américain de voitures électriques Tesla Motors, avec sa capacité à stocker et déstocker de l’électricité en fonction de son prix, pourrait réduire le coût en énergie de l'ensemble de la supply chain. Cependant, la rareté des composants nécessaires à la fabrication des batteries au lithium-ion fait naître une interrogation : Tesla sera-t-il en mesure de répondre à une demande massive de Powerpack et de Powerwall (ses batteries domestiques) tout en conservant un prix compétitif ?

Publié le 20 juillet 2015 - 12h57
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Le 30 avril 2015, Elon Musk, directeur général de Tesla Motors, PDG de SpaceX et président du conseil d’administration de SolarCity, a présenté lors d’une Keynote le Powerwall, batterie domestique rechargeable alimentée par des panneaux solaires ou par le réseau d’électricité en heures creuses. Une batterie plus puissante destinée aux entreprises, le Powerpack, a également été dévoilée. Tesla Energy, nom donné à la suite de batteries dont le lancement officiel a été annoncé lors de la présentation d’Elon Musk, souhaite révolutionner le monde de la distribution d’électricité en permettant aux maisons, entreprises et services publics de bénéficier d’une énergie propre et gratuite.


Le Powerpack a déjà trouvé acquéreur : des grandes entreprises comme Amazon, avec son Amazon Web Service (AWS), et Target sont partenaires du projet de développement des batteries. AWS utilise les Powerpack de Tesla pour aider à alimenter ses datacenters et favoriser sa consommation d’énergie renouvelable dans ses opérations. Selon Trip Chowdhry, analyste pour Global Equities Research, Google pourrait également trouver un intérêt à développer un partenariat avec Tesla. Les Powerpack, capables de stocker jusqu’à 100 kWh, sont conçus pour être couplés entre eux. Les parcs de batteries Powerpack seraient ainsi en mesure de stocker jusqu’à 10 mégawatts par heure, aidés par les Dynapower’s MPS-250 de Dynapower Energy Management, entreprise américaine spécialisée dans la conception de convertisseurs bidirectionnels (appareils permettant de convertir automatiquement le courant des sources à haute tension jusqu’à la batterie et inversement) destinés aux systèmes de stockage d’énergie. Une opportunité pour la supply chain, car les entreprises pourraient voir leur dépendance à leur fournisseur d’électricité diminuer, notamment lors des pics d'activités.

 

Des composants coûteux et rares

En juin 2014, Tesla, en collaboration avec Panasonic, son fournisseur de batteries, a annoncé la construction de sa Gigafactory, la plus grande usine mondiale de fabrication de batteries en lithium-ion. Avec un investissement de 5 milliards de dollars, l’usine située près de Sparks dans le Nevada devrait permettre de réduire les coûts de fabrication des batteries destinées aux voitures électriques de Tesla Motors et à la suite de batteries Tesla Energy. Selon la page officielle de Tesla Motors, la Gigafactory atteindra d’ici 2020 « sa capacité maximale et produira plus de batteries au lithium-ion par an qu'il n'en était produit dans le monde en 2013. »


Cependant, le lithium, métal difficile à extraire à cause de sa très faible concentration dans ses principales réserves (Chili, Argentine, Bolivie, Tibet et Australie) et coûteux à importer du fait de la distance entre ses sites d’extraction et les usines dans lesquelles il est transformé, risque de faire défaut pour subvenir aux gigantesques besoins de Tesla Motors. Selon le magazine Forbes, les trois plus grandes compagnies d’extraction du lithium Sociedad Quimica y Minera de Chile SA, Albemarle Corporation et FMC Corporation n’ont pas encore augmenté suffisamment leur capacité de fabrication d’hydroxide de lithium (composé de lithium obtenu à partir de sulfate de lithium pouvant atteindre une pureté de 99,99%, contre 99,95 % pour le carbonate de lithium, selon le producteur Nebraska Lithium) pour satisfaire la demande des besoins projetés par Tesla Motors. En outre, la production de batteries en lithium-ion pourrait être perturbée plus encore par les problèmes géopolitiques qui entourent l’extraction du cobalt, et dans une moindre mesure du manganèse et du nickel, des composants aussi essentiels que le lithium pour la fabrication des batteries de Tesla.

 

Un vaste sujet de débâts

Le Powerwall et le Powerpack de Tesla suscitent depuis leur annonce de nombreux débats économiques. Les experts apportent, chiffres et études à l’appui, les résultats de leurs calculs pour démontrer que les batteries Tesla seraient rentables au point de rendre obsolète les centrales nucléaires à venir ou, au contraire, qu’elles ne seraient pas encore économiquement viables même en Allemagne, où le prix de l'électricité est élevé et l'énergie solaire bien développée. D’autres poussent leur analyse plus loin en comparant les capacités et le prix des batteries avec celles déjà existantes, mais aussi leur facteur de rentabilité par rapport au coût de l’électricité moyen des pays où elles pourraient être déployées (voir l'exemple de la France et d'EDF avec l'analyse de Jean-Jacques Valette pour We Demain et l'exemple de l'Amérique du Nord avec l'analyse de Tyler Durden pour Zero Hedge.) Si la plupart s’accordent à saluer l’initiative d’Elon Musk de réfléchir à une solution viable pour favoriser la consommation d’énergie propre dans le monde, certains sont plus sceptiques quant à la capacité de Tesla Motors de finaliser son projet et de fournir massivement ses batteries à des prix concurrentiels.


La supply chain devrait néanmoins bénéficier dans les années à venir de l’apport des Powerpack. Les efforts déployés pour répondre à une demande énergétique croissante tout en favorisant les énergies renouvelables augurent un changement radical dans la façon de consommer des industries. Au lieu de construire des centrales électriques coûteuses, les entreprises pourront, si la production de batteries et les capacités d’approvisionnement en matières le permettent, standardiser l’utilisation du powerpack pour disposer d’un stock d’énergie capable de soutenir les phases d’activités intenses sans augmenter la facture d’électricité. Reste à surveiller de près les cours et les conditions d'extraction du lithium et du cobalt, d'attendre les premiers résultats concrets de l'utilisation massive de Powerpack et surtout, de patienter jusqu'à la mise en activité de la Gigafactory avant de pouvoir parler de tournant majeur ou de révolution manquée.

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