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Industrie verte (et sa logistique) : un rendez-vous législatif à ne pas manquer

Une tribune signée par Claude Samson, président d'Afilog, organisme professionnel rassemblant les acteurs de l'immobilier logistique et de la supply chain.

Publié le 15 mai 2023 - 15h00
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 Afilog | Claude Samson, président d'Afilog

Réponse à l’Inflation Reduction Act américain, sincère volonté de retrouver le chemin de la souveraineté économique, détermination sans faille à réarmer le pays d’une industrie plus verte, … Quelles que soient les raisons qui ont fait naître le projet de loi Industrie Verte, dont le texte n’est pas finalisé au moment de la rédaction de ces lignes, force est de reconnaître que les articles de l’avant-projet de loi nous laissent un peu songeurs.

Pourtant, l’exposé des motifs laissait espérer de bien plus ambitieuses intentions : « faire de la France la championne de l’industrie verte en Europe ». Doubler l’objectif économique de réindustrialisation d’une exigence climatique, voilà un discours qui nous inspire, nous gens de la logistique. « Produire en France, c’est produire de façon propre, grâce à notre mix énergétique décarboné. Chaque relocalisation contribue à réduire l’impact de nos activités à l’échelle mondiale. » Oui, mais produire en France, c’est surtout moins de flux de transport, donc un bilan carbone amélioré ; une analyse de bon sens qui mérite d’être affinée par les spécialistes des transports, filière industrielle par filière industrielle. Produire en France, enfin, signifie mécaniquement et indubitablement plus de capacités de stockage : pour les matières premières, pour les produits finis en sortie d’usine. Fiabiliser les stocks rajoutera des besoins de surfaces.

 

Et pendant ce temps, les autres besoins de l’économie française continueront à déferler sur le marché. Rappelons simplement l’élément le moins contestable, la démographie, qui produira mathématiquement des besoins logistiques croissants.


Or, les besoins logistiques de la réindustrialisation risquent de s’exprimer sur une toile de fond d’un marché qui est déjà entré de plein pied dans la pénurie. Moins de 5 % de vacance dans toutes les régions sauf une (sans surprise, les Hauts-de-France). Même si un ralentissement économique global pourrait modérer l’appétit de prise à bail de surfaces, reste que les clients industriels n’ont aujourd’hui pas de la certitude de trouver outil logistique à leur pied, prêt à l’emploi. Si le prêt à porter n’est pas disponible et les opérations en blanc freinées aussi par le durcissement des conditions de financement, allons voir ce qu’il se passe du côté du sur-mesure. Faire construire un entrepôt en France reste toute une aventure, avec son lot de délais de procédures, d’épreuves administratives et surtout une très grande incertitude pour les porteurs de projets et les investisseurs : deux ans quand tout va bien, mais malheureusement bien souvent davantage, a fortiori en cas de recours.


Bien sûr, la construction d’usines est soumise aux mêmes fondamentaux, les adhérents d’Afilog qui sont en grande partie impliqués aussi dans des projets industriels le rappellent souvent. Si l’industrie dépasse la logistique d’une courte tête, c’est grâce à une image plus positive aux yeux des territoires. Mais est-ce que cela suffira pour rendre possible ce grand élan de réindustrialisation ?
Le projet de loi Industrie Verte peut et doit permettre d’accélérer la production de surfaces industrielles et logistiques. Et pas seulement pour les filières liées à l’énergie (batteries, hydrogène, éolien….). Le rapport de Laurent Guillot¹, publié en mars 2022, donnait pourtant des pistes de réflexion très opérationnelles. Que ce soit dans sa rédaction finale avant que le texte soit présenté en conseil des ministres ou au Parlement, par voie d’amendements, il est indispensable de mobiliser entièrement ce véhicule législatif, aujourd’hui en décalage avec les ambitions exprimées dans l’exposé des motifs.


Pour conclure malgré tout sur une note un peu plus positive, ce projet de loi est historique pour nous, en ce qu’il entérine dès son article premier le lien consubstantiel qui lie industrie et logistique, avec la notion de « développement logistique et industriel ». La planification des activités industrielles devrait donc rejoindre celles des activités logistiques dans les SRADDET², et cela va dans le bon sens pour nous qui ne cessons de dire que « la logistique est le bras armé de l’industrie ».

¹ Le rapport Guillot : « Simplifier et accélérer les implantations économiques en France »

² Schémas régionaux d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires

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