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et logistique

Chargeurs

« Notre projet avec Transporeon consiste à faire bon usage des nombreuses solutions à notre disposition »

Essity, acteur international dans l’hygiène et de la santé, cumule deux décennies de partenariat avec Transporeon. Denis Dewerdt, procurement manager en charge de la coordination des flux, des projets et des appels d’offres de logistique et transport du groupe en Europe et en Amérique du Nord, détaille à Voxlog l’évolution de sa longue collaboration avec la plateforme collaborative de gestion du transport.

Publié le 27 septembre 2023 - 15h00
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 Matthew Perget | Denis Dewerdt, procurement manager chez Essity.

Comment a démarré et évolué votre collaboration avec Transporeon ?
Nous avons choisi de travailler avec Transporeon il y a une vingtaine d’années, lorsque c’était encore une jeune société, et ne l’avons jamais regretté. Nous avons initié notre partenariat avec un module principalement orienté autour du proof of delivery [POD, ou preuve de livraison, ndlr], avec l’idée de suivre le taux de service non pas au départ de nos usines mais à l’arrivée chez les clients. Au milieu des années 2000 a également été mis en place un module de rendez-vous de chargement/déchargement. Vers 2007-2008, il a été décidé que tout le flux FTL* – concernant plusieurs centaines de transporteurs de notre portefeuille européen – passe par Transporeon. Cela fait donc une quinzaine d’années que l’Assignment, soit le fait d’attribuer un transport à un transporteur, est effectué directement via leur plateforme. À l’époque ces opérations se géraient via SAP ; elles s’opèrent désormais avec le TMS Blue Yonder, mis en place en interface directe avec Transporeon.
Pour gérer les appels d’offres européens et locaux ad hoc, nous utilisons également « Freight Procurement » depuis une dizaine d’années. De même que la solution d’intelligence économique « Market Insight », dont nous constatons l’évolution au fil des années, avec davantage d’informations et des données plus fines.


Quel nouveau chantier applicatif avez-vous en cours ?
Nous avons cette année lancé le module « Visibility », mis en place en Europe sur le FTL, avec une première sélection d’environ 80 transporteurs. Nous prévoyons de l’intégrer complètement l’année prochaine, avec toujours cet objectif : faire en sorte que notre taux de service client soit non plus mesuré par usine et à partir des outils dont nous disposons dans nos systèmes, mais grâce à un rendu client en temps réel avec une actualisation de l’heure d’arrivée estimée (ETA). Nous souhaiterions pouvoir informer en interne nos équipes en charge du service client afin de contacter ces derniers en cas de problème, avec à terme des processus de prises de rendez-vous dynamiques.


Quelles sont les différentes phases de déploiement de ce module « Visibility » ?
Nous avons commencé avec nos principaux transporteurs en FTL, dans le transport routier particulièrement. De même que quelques autres opérant dans le multimodal, afin de mieux comprendre et gérer la complexité des ruptures dans la chaîne pouvant être induites par l’usage de plusieurs modes de transport. Deux aspects se rejoignent dans ce projet ; le premier volet, technique, se concentre sur l’intégration : récupérer les données, les mettre dans notre TMS et les exploiter, pour à l’avenir créer des indicateurs diffusables en temps réel. Le deuxième, plus basique et commercial, fait en sorte que nos transporteurs puissent nous alimenter en informations. C’est ce que l’on appelle l’onboarding. Nous sommes encore dans cette phase-ci, mais observons une augmentation des données partagées. Très peu de transporteurs émettent une réticence à se connecter à la plateforme, pour des questions de confidentialité de leurs flux notamment. Le vrai défi s’axe plutôt sur la récupération de données des affréteurs et transitaires travaillant avec de nombreux sous-traitants. La complexité s’accentue alors, car l’intégration nécessite une harmonisation des systèmes, avec davantage de travail technique et de communication à réaliser pour agrandir la quantité de données à récupérer et accroître leur fiabilité.


Quels types de données exploitez-vous dans ce projet ?
Nous récupérons ce que nous appelons des statuts. Via un ping GPS en passant par la télématique, ou via une collecte d’informations par API du système informatique du transporteur, nous pourrions récupérer des données toutes les cinq minutes. Nous avons cependant choisi de nous limiter à quelques étapes : arrivée au chargement à temps, heure de départ du site de chargement, certains points de transits, confirmation de l’arrivée sur le point de livraison, puis confirmation de son départ. Ces quelques statuts clés sélectionnés nous permettent d’évaluer le niveau de service visé et d’engager des discussions avec nos transporteurs sur la qualité dudit service. Nous ajoutons donc à l’agenda de nos discussions avec nos partenaires transport un nouveau sujet que nous avions commencé à induire progressivement dans nos appels d’offres : disposer de l’information de traçabilité. Nous avons beau clairement l’indiquer dans les clauses préalables et communiquer autour de ce point, sa mise en œuvre n’est pas si simple. Bien que nous leur donnions du temps, nous allons être contraints de sélectionner nos transporteurs, en France comme dans les autres pays, en fonction de ce critère de traçabilité. Cependant, qu’il s’agisse de multinationales comme de transporteurs familiaux, tous ont la capacité d’obtenir de très bons résultats à partir du moment où nous les sensibilisons à la question et les accompagnons. Nous avons par ailleurs constaté que de petites sociétés de transport peuvent obtenir de meilleurs résultats que de grandes entreprises pourtant bien staffées et disposant d’équipes informatiques plus conséquentes.


De quelles manières le déploiement de cette solution pourra-t-il vous aider, ainsi que vos transporteurs, à améliorer la précision de vos bilans carbone et GES ?
Le fait de mesurer ces indicateurs et de nous focaliser sur ces questions d’optimisation de la qualité du transport nous amène à améliorer la performance lors des temps d’attente, aux chargements et aux déchargements, à être plus dynamique et réactif en cas de goulot d’étranglement… Logiquement, nous éviterons les pertes de temps, les présentations de véhicules inefficaces et les émissions de CO2 inutiles. Les impacts des émissions carbone sont directement dépendants de la bonne exécution des opérations sur la chaîne logistique. C’est l’efficacité globale de la supply chain qui forme la courbe de la réduction de ces émissions.

 

Vous avez également présenté lors d’une conférence, en qualité d’intervenant du Transporeon Summit 2023, un projet chez Essity lié à l’automatisation du processus d'appel d'offres spot. Pourriez-vous nous détailler les implications de cette solution ?
Sans remettre en cause notre approche de partenariat avec nos transporteurs, et la contractualisation durable de l'essentiel de nos flux, nous envisageons d'exploiter l'autonomous procurement. L'utilisation du marché spot est un complément de capacité indispensable dans un bon nombre de pays européens. Nous avons longtemps attendu le système informatique permettant d'automatiser l'attribution des transports spot ; nous savions qu'il était en préparation, et attendions de pouvoir le tester. Ce qui est désormais chose faite. Le défi actuel repose sur la transformation des mentalités et des modes opératoires, afin de travailler les données, de les analyser, et de disposer d'un plan transport plus dynamique, moins statique qu’auparavant. Cette technologie permet des choses fantastiques. En nous appuyant sur notre TMS, notre immense base de données, notre tour de contrôle informatique décisionnelle… nous continuerons à progresser. Notre projet, qui s'appuie sur nos systèmes internes ainsi que les possibilités offertes par Transporeon, consiste à faire en sorte que nous puissions faire un usage optimisé des nombreuses solutions déjà à notre disposition. Le challenge devient alors humain et managérial : il faut former les collaborateurs, changer les habitudes et consacrer du temps à l’analyse, à l’identification des points d’amélioration. Les métiers évoluent et l’informatique libère une bonne partie des tâches quotidiennes. Ce qui n’implique pas forcément une diminution de la taille des équipes, mais fait élever le niveau de qualification requis en matière informatique. S’ajoute alors la question de management et de conduite du changement, dans l’objectif d’exploiter pleinement le potentiel humain, ainsi que celui des outils. 


Propos recueillis par Voxlog le 19 septembre 2023.

 

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* pour Full Truck Load, ou chargement complet. Cette abréviation s’emploie dans le cadre du transport de marchandises via des camions, mais est aussi usitée par métonymie pour du transport de lots complets par containers (aussi abrégée FCL) ou remorques, ainsi pour le fret multimodal. Pour un camion chargé partiellement et/ou partagé, on parle a contrario de LTL, pour Less-Than-Truckload.

 

À propos d’Essity

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© Essity

Avec des produits distribués dans 150 pays, Essity fait figure d’acteur mondial de l’hygiène et de la santé. Très présent sur l’Europe et l’Amérique du Nord, le groupe propose principalement des produits et services dans les domaines des soins personnels, de l'essuyage papier et de l’hygiène, avec également un développement accru de solutions orientées vers les professionnels de la santé et du médical. Ses produits les plus connus en France sont commercialisés sous les marques Lotus, Nana, Tena et Okay. Employant 48 000 personnes, Essity (dont le siège social se situe à Stockholm) a enregistré en 2022 un chiffre d’affaires net d’environ 15 milliards d’euros.


Concernant le volet environnemental, Essity France a notamment renouvelé son engagement dans le dispositif Fret21 en 2022, avec un objectif de réduction en 3 ans de 5 % des émissions de GES pour ses livraisons clients, soit une baisse de 1 000 tonnes équivalent C02.

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