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Transport

Trusk, un commissionnaire de transport proactif dans la décarbonation du dernier kilomètre

Trusk pilote désormais 80 000 livraisons par mois dans toute la France. Sarah Gimenez, sa directrice des opérations, détaille et confirme la volonté proactive du commissionnaire français, spécialisé dans la gestion et l’optimisation des flux de transport de produits volumineux, d’accompagner son réseau de transporteurs et ses enseignes partenaires dans la décarbonation de leurs livraisons aux clients finaux.

Publié le 2 avril 2024 - 15h00
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 Trusk

Réaliser 50 % de livraisons via des véhicules électriques d’ici la fin de l’année 2024, au lieu de 38 % actuellement. L’objectif affiché par Trusk semble ambitieux, mais la société se donne les moyens d’y parvenir. Lancé en novembre 2015 et ayant atteint son seuil de rentabilité depuis le milieu de l’année 2023, ce commissionnaire de transport français promeut la livraison via des véhicules électriques depuis plusieurs années. « Nous nous sommes rendu compte que les transporteurs avec lesquels nous travaillions, essentiellement des PME, n’avaient pas forcément les moyens d'investir dans une flotte électrique onéreuse. Nous avons donc, dès 2020, décidé de créer Trusk rental [location] », introduit Sarah Gimenez, directrice des opérations de Trusk. Cette offre, développée via le leasing (1), permet à son entreprise de disposer aujourd’hui d’une cinquantaine de véhicules électriques de dernière génération pour les louer à des sous-traitants à la trésorerie souvent limitée.


Un parc de véhicules électriques en constante évolution

En partenariat avec Watea by Michelin (marque de mobilité détenue à 70 % par le groupe Michelin et à 30 % par la filiale de Crédit Agricole nommée « Leasing & Factoring ») et avec TIP Group (spécialiste dans la location, l'entretien et la réparation de véhicules industriels et de semi-remorques, historiquement présent au Canada et aux Pays-Bas, mais aussi de plus en plus en France et dans d’autres pays européens), Trusk met à jour son parc en sous-location. « Nous essayons de diversifier notre flotte pour éviter de dépendre d’un modèle ; d’autant plus que les technologies avancent très vite, poursuit Sarah Gimenez. Lorsque nous avions commencé avec des Renault Master ZE, ces derniers disposaient de 100 km d'autonomie. Maintenant, nous comptons pas mal de Ford Transit, avec 200 km d'indépendance. Et nous sommes aussi en train de tester les Renault E-Tech D, de nouvelle génération, avec une autonomie encore supérieure. »


Éviter une quelconque forme de dépendance

Outre son souhait de ne pas se restreindre à un seul modèle de camion électrique, Trusk travaille depuis ses prémices à se départir d’une quelconque forme de dépendance commerciale. Ce choix se retrouve dans ses relations avec ses partenaires de fret routier, comme en témoigne sa directrice des opérations : « N’ayant pas de livreurs salariés, nous travaillons exclusivement avec des sous-traitants professionnels. Nous ne dépendons pas d’un nombre limité de transporteurs, et ce pour des raisons bipartites : si nous nous garantissons ainsi des sources diverses de revenus, ils ne dépendent économiquement pas non plus de nous. Trusk fait largement appel à des PME comprenant un parc de 10 à 50 camions. Si un petit nombre d’entre eux nous sont dédiés, d'autres clients font aussi tourner le reste de leur flotte. » Le commissionnaire français, spécialisé dans les livraisons BtoBtoC de plus de 30 kg (meubles, literie, matériaux de construction…), enregistre une longue file d’attente pour des demandes de prestations de transport ; il recevrait environ 200 candidatures par mois en ce sens sur son site internet, ce qui excède ses besoins et lui permet d’être d’autant plus sélectif. Parmi les critères obligatoires pour intégrer le réseau des « Truskers » : des véhicules de moins de 5 ans, affublés sur leur pare-brise d’une vignette Crit’Air 1 ou 2, et donc aptes à librement rouler dans toutes les zones à faibles émissions (ZFE).


Expansion du réseau logistique

Les conditions sine qua non d’intégration au réseau de Trusk répondent d’autant plus à son cahier des charges que la société coordonne de nombreuses livraisons dans de grandes villes. Disposant de six hubs de cross-dock loués dans l’Hexagone (à Gennevilliers et Wissous en Île-de-France, mais aussi à Bordeaux, Toulouse, Marseille et Nice, pour une surface totale d’environ 20 000 m²), l’intermédiaire pilote beaucoup de livraisons en pied d’immeuble. Il couvre également environ 25 % du territoire, métropolitain en particulier, pour de la « LV2 », c’est-à-dire de la livraison à domicile, la plupart du temps effectuée avec deux personnes, pour déposer le colis volumineux dans la pièce désirée, avec si besoin des prestations complémentaires de déballage, d’installation et de reprise de l’ancien. Connaissant une hausse continue de rendez-vous pour une prise en charge de transport, Trusk investit dans l’extension de son réseau physique et logistique. « Nous sommes en train de prendre des surfaces supplémentaires en région parisienne ; nous devrions débloquer 1 500 m² dans les semaines à venir. Nous nous étendons également en Nouvelle-Aquitaine, avec un partenaire », annonce Sarah Gimenez, qui précise aussi l’ambition de Trusk d’élargir ses capacités de livraison en LV2 pour à terme la proposer partout en France.


Concernant la typologie de ses clients, le commissionnaire ne s’adresse pas qu’à de grandes enseignes du bricolage et de l’aménagement, comme Leroy Merlin ou Castorama, ou de distribution de matériaux de construction tel Point.P (groupe Saint-Gobain). « Nous développons notamment, dans les grandes villes, une offre intéressant beaucoup d’e-commerçants, détaille Sarah Gimenez. Nous proposons la livraison à l’étage dans la pièce du choix du client final, avec une clientèle assez importante notamment pour le secteur du matelas (Emma Matelas, Miliboo, NV Gallery, Hypnia…). Nous sentons qu'il y a un vrai besoin sur la literie ; nombre d’e-commerçants se sont développés sur ce marché en proposant des matelas roulés très efficaces et optimisables. »


« Nous le faisions déjà proactivement »

Trusk ressent également un volontarisme accru des chargeurs à pouvoir proposer, à leurs clients finaux, des livraisons décarbonées. « Jusqu’à peu, les enseignes n’étaient pas toutes forcément prêtes à payer plus cher pour opérer en électrique. Nous constatons depuis environ 6 mois un large déclic sur le marché, avec l’arrivée de la CSRD (2) et le renforcement des ZFE. La plupart de nos enseignes partenaires nous demandent ainsi de livrer en électrique, ce qui nous va très bien car nous le faisions déjà proactivement. Dans les nouveaux appels d’offres que nous recevons, des taux de livraison en électrique peuvent même désormais nous être demandés. Nous en sommes ravis car cela bouge vraiment, et nous sommes plutôt en avance sur le sujet », conclut Sarah Gimenez.


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(1) Sur son portail d’informations pratiques « Bercy Infos », dédié aux particuliers et aux entreprises, le ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique détaille dans son article de février 2024, intitulé « Qu’est-ce que la location et l’achat d’une voiture en leasing ? », le fonctionnement et les subtilités de cette offre : « Souvent utilisé dans le domaine automobile, le leasing (ou crédit-bail) permet de louer un véhicule pour une durée déterminée avant d’en devenir éventuellement propriétaire », introduit-il ainsi.

(2) La directive européenne CSRD, pour Corporate sustainability reporting directive, ou directive sur la publication d’informations en matière de durabilité des entreprises, fixe de nouvelles normes et obligations de reporting extra-financier. Ratifiée le 6 décembre 2023 par la France et applicable depuis le 1er janvier 2024, elle modifie la directive sur la publication d’informations non financières (NFRD) en concernant les grandes entreprises ainsi que les PME cotées en bourse.

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