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Soigner plus en dépensant moins

Publié le 4 juillet 2015

Si l’hôpital n’est pas là pour gagner de l’argent, il a pour obligation la diminution de ses coûts de fonctionnement tout en gardant un haut niveau de qualité de soin. Une savante équation dans laquelle la logistique apparaît comme une clé essentielle de modernité et d’efficacité.

1. Mutualisation et tarification à l'activité

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Historiquement, la santé, de par son organisation et son modèle économique, ne s’est jamais donnée réellement les moyens de dépenser moins : comment faire pour soigner des gens en toute sécurité, avec le niveau de qualité de soin nécessaire, tout en ayant un certain niveau de rentabilité et ne pas dépenser plus que ce dont on dispose ?

« Aujourd’hui, il faut soigner plus de gens, plus vieux et plus malades, avec moins d’argent ». Voilà comment Franck Riout, expert santé chez Zebra Technologies, résume la situation et le challenge de la santé aujourd’hui. « Un hôpital, c’est une organisation qui reçoit des patients et consomme des produits, des médicaments, des fournitures, du sang, etc. La logistique doit être rodée car si vous ne disposez pas des produits dont vous avez besoin pour opérer, soit vous reportez l’opération, soit vous la faites mais vous prenez un risque. À l’inverse, si vous voulez vous sécuriser, vous entreposez sur une étagère des médicaments ou des dispositifs médicaux qui coûtent très chers, vous stockez deux ans de vos besoins, par contre en matière de rentabilité, c’est absolument intenable », explique Franck Riout.

 

Des mutualisations

Face à ces problématiques logistiques, la santé a longtemps éludé ces questions prises en compte dans d’autres secteurs depuis plusieurs dizaines d’années. « Au contraire d’une industrie telle que la grande distribution, la santé n’est pas là pour faire de l’argent. Elle n’est pas censée en perdre non plus. Cette approche est relativement nouvelle, elle date d’une dizaine d’années. Il existe aujourd’hui une pression très importante sur la partie financière par rapport à la situation économique générale du pays », précise-t-il. Une idée confirmée par Alexandre Rieucau, chef de projet secteur santé chez GS1 : « Jusque dans les années 2000, chaque hôpital travaillait seul dans son coin, persuadé qu’il n’avait besoin de personne et qu’il pouvait être complètement autonome et fonctionner en autarcie. Mais compte tenu de la réduction des budgets, il a fallu trouver des solutions. Ils ont commencé à se réunir, fait plutôt rare, et certains ont par exemple créé Uni.H.A. (Union des hôpitaux pour les achats, ndlr). Ce fut l’une des premières initiatives ».

 

Effectivement, dans un contexte de fortes tensions budgétaires, de globalisation des marchés et des échanges, les Centres hospitaliers universitaires (CHU) décidaient à l’unanimité, en avril 2005, d’engager le regroupement de leurs achats afin de les optimiser en matière de prix comme de qualité, et de dégager des gains financiers et de productivité.

 

Des gains qui devaient dès lors bénéficier prioritairement aux services de soins et notamment à la mise en place de dispositifs logistiques, pour soulager les soignants de certaines tâches et leur permettre de se concentrer sur les soins. « Dans un environnement de contrainte budgétaire, on va essayer de partager un maximum d’actifs et de ressources. Nous sommes davantage sur des logiques de regroupement d’établissements », note Nicolas Clinckx, directeur associé stratégie et transformation, leader de la practice supply chain & opérations France Maghreb Luxembourg, au cabinet Ernst & Young.

 

La tarification à l’activité

Cette notion d’économie s’est doublement imposée avec la mise en place de la Tarification à l’activité (T2A). Jusqu’en 2003, les établissements de santé connaissaient des modes de financements différents selon leur nature juridique et étaient dotés depuis 1983 d’une enveloppe de fonctionnement annuelle et limitative – appelée dotation globale (DG). De leur côté, les établissements de santé privés à but lucratif facturaient déjà directement à l’Assurance maladie des forfaits de prestations et des actes sur la base de tarifs régionaux variables et non sur celle d’un tarif national unique.

 

Depuis, la T2A constitue le mode unique de financement des établissements de santé, publics et privés, et repose sur une logique de mesure de la nature et du volume des activités et non plus sur une autorisation de dépenses. « Cette mesure a complètement renversé la manière de fonctionner des hôpitaux, reprend Franck Riout. À partir du moment où les établissements sont payés par rapport à certains barèmes, ils regardent plus attentivement leurs processus. Efficacité, optimisation, retour sur investissement, ce sont des mots nouveaux à l’hôpital ».

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