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Innovation

Santé : opération automatisation

Publié le 2 juillet 2015

Souvent cloisonnés, parfois désordonnés, les établissements de santé se font une nouvelle jeunesse par l’intégration de l’informatique et de technologies empruntées à l’industrie. Une automatisation bienvenue grâce, notamment, au développement des standards qui lui apportent de la visibilité et de la traçabilité.

1. Santé et logistique Une relation cruciale

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Si la santé se réjouit de l'arrivée des logisticiens, la logistique se félicite elle aussi de pouvoir lui apporter ses solutions. Eclairages sur cet échange gagnant-gagnant unique, porté par une maîtrise des processus d'automatisation dans la supply chain de plus en plus poussée.

« Nous travaillons traditionnellement pour l’industrie ou le transport, mais la santé fait partie des marchés sur lesquels nous nous penchons car nos technologies peuvent répondre aux challenges qui lui sont imposés », note Franck Riout, expert Santé chez Zebra Technologies, spécialiste de l’impression codes-barres et de la RFID. « La logistique est cruciale. Elle aide une organisation à mieux fonctionner en ayant au bon moment le bon produit et la quantité voulue pour pouvoir remplir sa mission ».

 

Même son de cloche du côté de l’éditeur de logiciels de gestion de stock KLS, qui apprécie ce nouveau regard porté sur le logisticien. « Le discours a changé : avant, on nous regardait d’un oeil lointain, il n’y avait pas de recherches communes. Aujourd’hui, il existe une réelle entraide et communication entre les équipes informatique, médicale et logistique. Le WMS est là pour optimiser tous les niveaux et rajouter de la qualité aux soins », rappelle Thomas Tschinschang, directeur commercial de KLS. « C’est tout le paradoxe de la logistique, même si l’on parle de systèmes informatiques et d’automatisation, elle apporte du lien entre les hommes […] Dans la santé, et à l’hôpital en particulier, l’approche était de cloisonner les différents services. Or, nous vendons une discussion puis une organisation entre tous ces secteurs. Avant, il y avait l’hôtellerie, la pharmacie, la blanchisserie, les unités de soins, mais aujourd’hui ces services ne fonctionnent plus de manière autonome, ils s’articulent ensemble ».

 

Un besoin de visibilité

Un univers aujourd’hui décloisonné avec ses propres contraintes. « C’est un circuit fermé qui nécessite un WMS capable de déclencher ses propres commandes, de gérer des demandes internes. Un hôpital est toujours confronté à des problématiques de place pour réapprovisionner ses unités fonctionnelles. Sur des volumes importants et réguliers, comme pour les articles d’hôtellerie ou les dispositifs médicaux, cela fonctionne en dotations : une quantité imposée de manière systématique dès le passage d’un seuil, déclenché par un dispositif en kanban, appelé plein-vide et inventé par l’industrie automobile dans les années 1960 », explique Grégory Lecaignard, product manager chez a-SIS.

 

Autre point noir pointé par les logisticiens : la visibilité. « Les hôpitaux doivent savoir quels médicaments ils prescrivent à quels patients pour que l’informatique croise ces informations avec le stock actuel afin de déclencher des réapprovisionnements. Anticiper, ne pas trop commander, juste le strict nécessaire. Aujourd’hui, des groupes comme FedEx ou DHL savent précisément quand un colis part, par qui il est passé, à quelle heure, et à quel endroit. Elles peuvent le tracer sans aucun problème. À l’hôpital, c’est loin d’être le cas, pourtant on ne parle pas de colis mais de médicaments, parfois dangereux, et de vies humaines. Il y a un manque d’utilisation de la technologie. Qui dit visibilité, dit anticipation, organisation et au final, ce sont les finances de l’établissement qui sont impactées », souligne Franck Riout.

 

L’essor de la standardisation

L’Angleterre est en avance sur l’adoption de ces nouvelles technologies, comme les codes-barres. Les Anglais ont par exemple imposé un bracelet « patient » standardisé avec un code-barres Datamatrix pour s’assurer que le bon médicament est dispensé au bon patient et enregistrer ces données. La France n’est cependant pas en reste avec l’obligation de code-barrer, sur toutes les boîtes de médicaments, les informations GTIN (Global trade item number), comprenant l’identification du produit, du lot et la date de péremption. Prochainement, la réglementation européenne attribuera en plus un numéro de série, pour tracer le médicament, de sa sortie du fabricant jusqu’à l’officine (afin de vérifier avantvente qu’il a bien été mis sur le marché par l’industriel, n’a pas déjà été vendu), pour éviter les médicaments contrefaits.

 

Fin 2015, arrivera également la nouvelle norme UDI, pour Identification unique des dispositifs médicaux. Initiée par la Food and drug administration (FDA), la Commission européenne et d’autres régulateurs, elle permettra d’assurer la traçabilité des dispositifs médicaux au travers d’un code international, unique et non ambigu, identifiant chaque dispositif médical tout au long de son cycle de vie. « Cela va changer beaucoup de choses car pour le moment les hôpitaux ont l’habitude d’étiqueter eux-mêmes tous les produits qui rentrent chez eux avec des codes-barres propriétaires. Leur propre responsabilité est alors engagée alors qu’avec l’UDI, ce sera celle de l’industriel », rajoute Alexandre Rieucau, chef de projet secteur santé chez GS1. Benoît Zamboni, ingénieur commercial identification chez Cognex précise : « Ces changements arrivent parce que des normes sont adoptées. Aujourd’hui, tous les produits disposent d’identifications par des codes. Mais ce ne sont pas les acteurs du secteur qui les imposent, ce sont les États ».

 

La lutte contre la contrefaçon

Dans le viseur des plus hautes autorités, la traçabilité pharmaceutique est devenue la préoccupation essentielle. Elle consiste à suivre chaque médicament, du laboratoire au patient, pour en garantir la qualité et l’intégrité depuis sa fabrication, jusqu’à sa dispensation par le pharmacien. Des techniques d’identification automatiques comme le code-barres 2D (Datamatrix) sont de plus en plus généralisées pour assurer ce suivi et lutter contre la contrefaçon. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 10 % du marché mondial du médicament relève de la contrefaçon. Ce taux grimpe à plus de 50 % lorsque l’achat est effectué sur Internet, et la proportion atteint des sommets dans certains pays d’Afrique avec une part de falsifications estimée à près de 70 %.

 

La sécurisation de la chaîne du médicament passe donc par la mise en oeuvre de technologies d’identification avancées, pour faire de chaque emballage un produit unique. Poussés par les autorités de réglementation du monde entier, les laboratoires pharmaceutiques s’accordent aujourd’hui afin d’identifier unitairement chaque emballage de médicament par un numéro de série unique pour suivre le cheminement du médicament et d’en garantir la conformité sur le marché. Tout manquement ou anomalie dans le circuit de distribution du produit pourront être constatés et faire l’objet d’une saisie par les autorités de contrôle. « Nous assistons à la renaissance des hôpitaux. C’est une mutation où l’automatisation est recherchée à tous les niveaux. Les systèmes et technologies de l’industrie trouvent désormais toute leur place au coeur des établissements », se félicite Thomas Tschinschang.

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