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et logistique

Interview

Face à face : Marc Langlois, directeur général d'Interroll France

Début janvier, l'expert mondial des solutions de gestion des flux de marchandises annonçait la nomination de Marc Langlois au poste de directeur général d'Interroll France. L'occasion de revenir avec lui sur les défis de l'intralogistique à l'heure de la pandémie, et les perspectives de développement pour Interroll en 2021.

Publié le 1 juillet 2021 - 09h05
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Interroll

Vous avez pris vos nouvelles fonctions en début d’année. Quel regard portez-vous sur les métiers d’Interroll ?

Nous sommes une société à la fois technique et technologique. À l’origine, notre activité était principalement axée dans la vente de nos produits – rouleaux pour convoyeurs, moteurs pour l’entraînement et le contrôle, convoyeurs, trieurs et systèmes de manutention de palettes… – que nous développons et produisons en tant qu’acteur industriel. Mais nous avons su élargir notre expertise en proposant désormais des solutions globales. Les projets sur lesquels nous intervenons nous font échanger directement avec les intégrateurs, qui vont fournir à leur client un système complet.

 

Comment se déroule ce travail avec les intégrateurs et comment celui-ci a-t-il évolué ces dernières années ?

Le rôle de l’intégrateur est de plus en plus complexe, car tout est possible désormais avec l’automatisation ! Il existe une grande variété de façons d’adresser une même problématique, et ce n’est plus la technologie qui nous limite, mais le budget, la surface au sol ou la hauteur disponible. Le rôle d’Interroll est donc d’indiquer à l’intégrateur nos produits les plus en adéquation avec ce que recherche le client. Nous allons également l’accompagner pour proposer des outils de dialogue informatiques entre les systèmes sur le site, afin d’avoir une harmonisation. C’est un aspect complexe car chaque industriel peut avoir son propre langage. Du côté d’Interroll, nous fournissons donc des solutions adaptables, avec des protocoles ouverts. Par exemple, si des robots de picking déployés ont besoin de récupérer un produit sur un convoyeur Interroll, il faut que ces deux équipements puissent dialoguer et se retrouver au bon moment, au bon endroit. Plus généralement, nous voulons créer une relation de confiance. Un intégrateur sait que nous serons un interlocuteur pour les 10 à 15 années à venir, qui pourra lui proposer des améliorations sur le long terme. C’est un point sécurisant dans le cadre de grands investissements. Pour aider les intégrateurs dans leurs projets, nous avons également développé un outil logiciel Layouter, permettant de faire une simulation, en 3D et à l’échelle, de la solution qui sera vendue. Client et intégrateur voient ainsi réellement comment sera l’usine ou l’entrepôt. Cela est particulièrement pertinent pour les bâtiments existants, afin de se rendre compte de ce qui changera, ce qui sera gardé ou supprimé… C’est un investissement fort pour nous, et nous formons nos ingénieurs et partenaires sur ce nouvel outil que nous allons déployer en 2021. Ce projet est également lié à notre e-shop, que nous proposons pour nos produits courants : les intégrateurs peuvent venir acheter directement des produits de remplacement de notre marque en faisant eux-mêmes leur configuration et leur demande en ligne. En améliorant ainsi la présentation de nos solutions, nous allons vers une offre globale et digitalisée, répondant aux besoins d’un secteur beaucoup plus riche et complexe, avec une intralogistique qui mêle mécanisation, automatisation et informatisation.

 

Un accompagnement que vous proposez également dans une optique internationale ?

Oui. De nombreuses sociétés sont mondialisées et cherchent des intégrateurs qui ont la capacité d’être sur plusieurs continents, ce qui n’est pas toujours chose aisée, car il faut trouver des fournisseurs qui peuvent les suivre. C’est le cas d’Interroll, et nous allons plus loin avec le programme Rolling On Interroll qui permet à un intégrateur, s'il n’a pas de présence dans un pays en particulier, d’être mis en relation avec un acteur que nous avons certifié pour la mise en place de nos produits. Cela permet d’assurer au client final que l’intégrateur pourra réaliser sa prestation partout dans le monde. Cette offre, lancée en 2015, a été très intéressante pendant la pandémie suite à la fermeture des frontières, empêchant certains intégrateurs de se déplacer.

 

L’évolution des besoins de la logistique entraine-t-elle une montée en niveau technologique ?

Effectivement. Nous sommes sur des logistiques très fines, avec une omnicanalité qui nécessite une multitude d’approches selon qu’on fasse de la vente en ligne ou qu’on approvisionne un supermarché. Pour cette variété de besoins, la solution technique est souvent la même – un rouleau moteur, un convoyeur… – et c’est donc la conception qui va faire toute la différence. Pour la vente en ligne par exemple, les trieurs doivent être très rapides pour des poids faibles, capables de travailler avec des enveloppes matelassées ou des colis plus larges. C’est un contexte plus intéressant technologiquement qu’il ne l’était avant, mais qui nécessite plus de savoir-faire. Autre point crucial, la nécessité de s’adapter aux évolutions des besoins clients, en proposant des solutions rapides à déployer. Il faut que, si le client a un pic d’activité – ce qui a été le cas pendant la pandémie –, il puisse très vite y répondre. Le problème, c’est que les projets intralogistiques font face à une certaine lenteur dans leur développement : entre l’identification du besoin, le montage du budget, le travail de conception avec l’intégrateur jusqu’à la mise en service, il peut se passer de 12 à 18 mois. Nous avons donc œuvré pour rendre nos produits plus simples et rapides à installer sur site, en repensant nos process d’intégration et en s’axant sur le gain de temps. Mais cela passe également par des solutions pensées pour des budgets serrés, ne nécessitant pas un investissement fort de l’entreprise. Cette souplesse est cruciale aujourd’hui, face à des flux imprévisibles. Jusqu’à maintenant, on avait la possibilité de faire des plans à cinq ans. Maintenant, les usines et entrepôts ont besoin de fournisseurs ayant des solutions applicables presque dans l’instant pour des variations parfois inattendues.

 

Quel regard portez-vous sur le marché intralogistique français ?

En 2020, Interroll a obtenu de bons résultats sur un marché très difficile. Nous avons bien commencé l'année 2021. La logistique est l’afflux sanguin de notre société et la pandémie a véritablement amené une accélération des investissements dans le secteur. Les entreprises, retailers et industriels, veulent aller plus vite et automatiser leurs flux, car c’est là qu’est le cœur de la productivité de l’entreprise. Nous constatons un accroissement des demandes chez des grandes entreprises qui revoient des process logistiques pourtant bien ficelés, mais qui souhaitent aller plus loin. Cela peut prendre deux formes : soit en éclatant leur réseau de distribution avec plus de stocks tampons pour plus de réactivité, soit en massifiant leurs stocks pour éviter les risques de pénuries et optimiser leur organisation. Le marché de l’intralogistique est un marché d’avenir, particulièrement passionnant car il intègre différentes technologies pour des organisations complexes, soumises à des cadences fortes.

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