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Entretien exclusif avec Patrick Labarre, président d’Amazon France Logistique
Poursuivant ses investissements sur le territoire français, Amazon entame la construction d'un centre de distribution XXL à Illiers-Combray, en Eure-et-Loir. Patrick Labarre, président d’Amazon France Logistique, nous en apprend plus sur l’importance de ce prochain site et nous détaille les engagements et objectifs de sa société en matière d’emploi, d’innovation et de décarbonation.

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Amazon France
Lors du sommet Choose France de mai dernier, Amazon a annoncé un plan d'investissement de plusieurs centaines de millions d'euros en France. Quelles en sont les finalités et quel montant représentera votre futur centre de distribution d’Illiers-Combray ?
Nous avons effectivement confirmé plus de 300 millions d’euros d'investissements en France et 1 500 emplois, en complément des annonces de l'année dernière qui portaient déjà sur 1,2 milliard d'euros et 3 000 recrutements. Ces nouveaux investissements concernent essentiellement le développement d’une logistique de proximité au sein des territoires. Le site d’Illiers-Combray représente pour sa part un peu plus de 150 millions d’euros d’investissement, avec 1 000 emplois à la clé.
Comment cette nouvelle plateforme viendra-t-elle compléter votre réseau logistique français ?
Nous comptons aujourd'hui plus de 35 sites dans l’Hexagone, employant 25 000 personnes. Parmi ces derniers, sept importantes plateformes sont dédiées à du stockage et de la préparation de commandes ; s'y ajoute une huitième permettant, via du cross-dock, de répartir les stocks sur nos différents sites. Celui d’Illiers-Combray viendra compléter notre maillage territorial pour servir plus rapidement et au plus près nos clients, en particulier ceux de la région parisienne et de l’Ouest. Il dispose d’une localisation idéale, au bord de l’autoroute. De par sa contribution au développement du territoire, le projet a également reçu un très fort soutien de la part des autorités locales, de la mairie et de la communauté de communes.
Où en est actuellement le chantier et quelles en sont les principales dates clés ?
Initié en février, le chantier avance vite. Des piliers sont déjà montés sur une vingtaine de pour cent de sa superficie. Nous prévoyons un achèvement des travaux à la fin de l’été 2026, pour une ouverture d’ici fin 2026.
Comment vous préparez-vous aux recrutements liés à ce futur centre de distribution ?
Les recrutements représentent en effet un enjeu très important et nécessitent une anticipation. L’essentiel d’entre eux, pour la partie opérationnelle, démarrera probablement au premier semestre 2026. En revanche, nous avons déjà commencé à nouer des contacts, en particulier avec France Travail. Nous avons conclu avec ce dernier un partenariat (au niveau national) afin de cibler les publics prioritaires, d’aller rechercher des personnes éloignées de l’emploi, tout en faisant bénéficier la communauté locale de nos investissements. À noter également que chez Amazon, 90 % des emplois créés concernent des postes d’agents logistiques pour lesquels nous ne demandons aucune qualification. Nous assurons nous-mêmes la formation des salariés, afin d’offrir justement des opportunités de carrière aux personnes qui pourraient être éloignées de l’emploi. Nous tenons également à favoriser l’emploi de personnes en situation de handicap sur nos sites, au-delà du seuil légal de 6 %.
Quels dispositifs mettez-vous en place pour favoriser la montée en compétences de vos employés ?
Le développement de carrière est un levier très fort d’Amazon. Trois principaux programmes de formation y concourent. L'École Amazon premièrement, en partenariat avec l’AFPA [l'Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes, ndlr], permet à nos salariés de bénéficier de formations certifiantes et diplômantes pouvant aussi servir en dehors de notre entreprise. Nous avons également monté notre propre centre de formation, avec une première promotion accueillie sur notre site d’Amiens l’année dernière. Nous sommes en train d’étendre ce dispositif à toute la France, avec plusieurs centaines de salariés concernés. Enfin, nous avons mis en place un programme nommé « Options de carrière », dans lequel nous finançons, jusqu’à 8 000 euros et pendant quatre ans, des formations externes pour des métiers porteurs, dans l’automatisation, la maintenance ou la sécurité par exemple. Plus de 5 000 personnes ont déjà été formées ces trois dernières années, au travers de ce programme.
Quelle part sera accordée à l'automatisation (et à la robotisation) au sein du site d’Illiers-Combray ?
Ce site sera à la pointe de la technologie, en intégrant nos derniers outils dédiés à la préparation et à l’expédition des commandes. L’axe principal de la robotisation mise en place chez Amazon consiste à diminuer la pénibilité au travail, en limitant les ports de charge et en évitant les déplacements liés à la mise en stock et aux prélèvements des commandes dans les étagères. Des robots soulèveront ainsi lesdites étagères pour les ramener jusqu’aux postes de travail. S’y ajouteront notamment des systèmes de convoyage pour acheminer les produits au sein du centre de distribution. Il est important de rappeler que contrairement à une idée reçue, la robotisation ne va pas à l’encontre de l’emploi. Nos deux sites déjà robotisés en France, à Brétigny-sur-Orge dans l’Essonne et à Augny, en banlieue de Metz, représentent à eux deux plus de 8 000 emplois. Nous sommes également en train de moderniser notre site d’Amiens, sur lequel nous prévoyons d’accueillir 300 personnes supplémentaires grâce à une robotisation permettant de densifier la surface de stockage, de réduire l’empreinte au sol et d’augmenter l’activité du site.
Sur quels volets agissez-vous pour réduire l’empreinte environnementale de vos centres de distribution, en accord avec les engagements d’Amazon pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2040 ?
Outre la robotisation, permettant de réduire comme évoqué l’empreinte au sol de nos sites, nous construisons des bâtiments à étages, comme ceux de Brétigny-sur-Orge et d’Augny. Nous optimisons également nos consommations d’énergie : le centre d’Illiers-Combray comprendra notamment des panneaux solaires en toiture, des ombrières photovoltaïques sur les parkings et sera certifié Breeam « Excellent ». Nous travaillons aussi activement à repenser nos packagings, en supprimant le recours au plastique et en essayant de réduire au maximum les emballages en carton. Environ une commande sur deux est désormais expédiée avec une enveloppe en papier. Concernant le transport, nous continuons d’investir dans l’électrification de nos flottes de véhicules et sur différentes formes de mobilités douces pour le dernier kilomètre, en électrique, à vélo, à pied… Nous recourons également au transport de colis par TGV ; un demi-million d'unités ont ainsi été acheminées par train l’année dernière sur la ligne Paris-Lyon.
Comment se porte actuellement Amazon France Logistique et quels sont vos principaux objectifs pour le second semestre 2025 ?
L'activité se porte bien, dans un secteur pour lequel l’appétit de nos clients ne faiblit pas. Étant donné notre taille déjà importante, notre croissance est significative. Le prochain site d’Illiers-Combray vient soutenir notre modèle consistant à fournir la plus large sélection de produits au meilleur prix et dans les meilleures conditions de livraison. Nous allons également poursuivre notre engagement visant à offrir des conditions de sécurité exemplaires à nos salariés. Concernant les moments importants à venir, nous allons démarrer la Prime Week [événement réservé aux membres d’Amazon Prime, ndlr], désormais étendue sur plusieurs jours, du 8 au 11 juillet prochains. Nous nous focaliserons enfin à la bonne réussite du quatrième trimestre, avec les fêtes de fin d’année et les pics d’activités associés : cette période est la plus importante pour nous en termes de volume.
