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La logistique urbaine au cœur du débat public

Le 8 novembre 2018, la mairie du 9e arrondissement de Paris proposait une matinée de débats et conférences autour du thème de la logistique urbaine. Un colloque faisant intervenir des acteurs publics et économiques mais également des chercheurs pour réfléchir aux défis de la mobilité des marchandises.

Publié le 12 novembre 2018 - 13h57
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voxlog | Francisco Luciano, Laetitia Dablanc et Alain Charlet.

Dans la capitale, un véhicule sur cinq circule pour livrer des colis et le transport de marchandises pèse pour près de 50 % de la consommation de diesel et pour plus de 25 % du CO2 émis, selon la Ville de Paris. Face à cette réalité, différents acteurs étaient invités à échanger, le 8 novembre 2018, dans le cadre du colloque « Centres urbains, relever les défis de mobilité et d’approvisionnement », à l’initiative de l’Aslog, du club du dernier kilomètre de livraison (CDKL) et de la mairie du 9e arrondissement qui accueillait cette matinée de débats. Au cœur de Paris, à deux pas des Galeries Lafayette, les enjeux de la logistique urbaine y étaient d’autant plus éloquents : « Trop souvent, les pouvoirs publics ont tendance à considérer qu’ils doivent d’abord s’occuper du transport des personnes et laisser le transport de marchandises à la responsabilité pleine et entière des entreprises. Je considère que c’est une erreur ! À cette vision du laisser-faire, je préfère celle de la responsabilité et du pragmatisme. Je considère que l’approvisionnement est aussi important que le transport des personnes, qu’il doit être organisé et accompagné par les pouvoirs publics », introduisait Delphine Bürkli, maire du 9e, sous l’impulsion de laquelle est née cette matinée d’échanges. Deux interventions et trois tables rondes proposaient, chacune à leur manière, de répondre à la problématique générale en questionnant certains de ses aspects : la demande parfois contradictoire des consommateurs-citadins, les modèles de commerce et de mobilité urbaine à l’œuvre, les initiatives vertueuses sur le dernier kilomètre, les projections sur la ville de demain. Pour y répondre : des sociétés, grands comptes et start-up mais également des chercheurs et des acteurs publics.


Des modèles d’avenir

Quelle vision pour la logistique de demain ? À la question lancée par Jérôme Libeskind, fondateur de Logicités et animateur du débat, les différents acteurs présents ont proposé leurs réponses, imprégnées de leur démarche, leurs expériences et leur vision d’avenir. Il s’agit de « faire revenir la logistique en ville, notamment via le ship-from-store, ce que nous faisons », répond Gaëtan Lemercier, COO et GM France d’Urb-it, le service de livraison éco-responsable. « Il faut que la ville accorde une place à la logistique et que ce métier soit de nouveau valorisé », juge Brice Devinoy, vice-président opérations de DHL, le groupe mondial du transport et de la logistique, appelant à ne pas voir cet enjeu de logistique urbaine comme une « potentielle crise » mais plutôt « comme des opportunités extraordinaires pour les entreprises ».

 

Laetitia Dablanc, directrice de recherche de l’Ifsttar/Université de Paris-Est, dévoile de son côté les résultats d’une enquête menée en 2016 et 2018, auprès de coursiers livreurs et observe une professionnalisation de ce métier, 43 % d’entre eux travaillant aujourd’hui à temps plein (contre 23 % en 2016). Des emplois qu’il s’agit de « valoriser » selon Laetitia Dablanc, appelant par ailleurs à « rendre l’écosystème de l’espace public mieux organisé » en établissant « de grandes mesures structurelles ». Francisco Luciano, membre de la direction de l’European Cycle Logistics Federation évoque la cyclo-logistique : une vision associant logistique urbaine, artisans et services publics dont une multitude d’initiatives sont déjà à l’œuvre dans le monde, du transport de sang à la collecte de déchets en passant par la réparation de véhicules. Francisco Luciano observe la gamme de plus en plus large de ces cycles « pouvant aller de deux à six roues, avec des capacités jusqu’à 350 kg », capables d’intervenir dans une chaîne multimodale et rappelle que « la question du potentiel » de ce genre de solutions demeure « énormément liée à la gestion des politiques publiques ».

 

Alain Charlet, délégué gares et infrastructures du groupe RATP décrit quant à lui l’expérimentation MicroHub menée depuis mai 2017 par le département Bus, en partenariat avec Relais Colis, ayant conduit à la mise en place sur deux sites en Seine-Saint-Denis (les gares routières de Neuilly-Plaisance et de Bobigny Pablo Picasso) d’un service de retrait de colis au comptoir avec une personne également capable d’informer sur le réseau RATP. Un côté « humain » mis en avant, face aux consignes automatiques : « C’est un modèle qui fonctionne sur le plan de l’expérience voyageur, mais il reste à analyser le modèle économique », concluait Alain Charlet.

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