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Après un premier semestre dynamique, Stef se prépare à une fin d'année plus difficile

Malgré des résultats semestriels satisfaisants, Stef s’apprête à affronter les vents contraires lors de la deuxième partie de l’année. Touché par l’inflation et la hausse du coût de l’énergie, le spécialiste du transport et de la logistique sous température dirigée dresse un portrait assombri des mois à venir, où il compte se concentrer sur l’intégration de ses dernières acquisitions.

Publié le 2 septembre 2022 - 14h25
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Stef - Branderion

Prudence, dégradation, inflation… Pour son point semestriel sur ses résultats, le spécialiste du transport et de la logistique sous température dirigée, Stef, décrivait un climat sous tension et des perspectives mouvementées. Alors que le début 2022 marquait une reprise dynamique après le Covid, le deuxième semestre risque d’être très différent, avertit Stanislas Lemor, PDG du groupe. Marqué par un contexte incertain au niveau géopolitique et économique, face à l’inflation venue peser lourdement sur ses charges d’exploitation, combinée à une envolée des prix de l’énergie, « le groupe se prépare pour faire face au ralentissement de l’activité dans les mois à venir » : « Nous avons la conviction que nous sommes sortis d’un cycle de reprise et que l'inflation sera forte et durable », poursuit-il.


Un  premier semestre solide

Malgré cette conjoncture maussade, les résultats du premier semestre se montrent tout à fait satisfaisants avec un taux de marge opérationnelle courant stable à 4,2 %. Le chiffre d’affaires dépasse pour la première fois le seuil des deux milliards d’euros, s’élevant à 2 013,6 millions d’euros, soit une hausse de 23 % et 16 % à périmètre constant. Stef affiche un résultat opérationnel de 90,2 millions d’euros, soit une augmentation de 33 %, marqué par l’effet positif des plus-values de cessions d’actifs pour un montant global de 10 millions d’euros. « Toutes nos activités sont en progression. Une bonne dynamique notamment due à l’absence de confinement, à la réouverture des restaurants, ainsi qu’à la reprise des activités touristiques ». Stef observe particulièrement les effets positifs de l’intégration des dernières acquisitions réalisées auprès du groupe Nagel : LIA, Nagel Airfreight et Langdon au Royaume-Uni, fin 2021. « Nous sommes en train de préparer le changement de marque, nous avons fait le choix de garder le nom de Langdon et d’y apposer Stef », précise Stanislas Lemor.

 

Les résultats sont solides en France où le chiffre d’affaires s’élève à 1 130 millions d’euros (+15,4 %) et l’EBIT à 68,3 millions d’euros sur ce premier semestre 2022.  Quelques « bonnes nouvelles », stipule Marc Vettard, directeur général délégué de Stef, avec le « redressement significatif » des activités RHF (restauration hors foyer) et Seafood (produits de la mer), la RHF ayant retrouvé un niveau d’activité comparable à 2019 au premier semestre 2022, tandis que le Seadfood atteint un niveau d’équilibre. En revanche, le segment frais, après un premier trimestre dynamique, a connu un tassement à partir des mois de mai-juin. L’activité surgelé de son côté « paie un lourd tribut » suite à l’augmentation de l’énergie et au ralentissement de l’activité avec les crises sanitaires du premier semestre ainsi que la crise de la grippe aviaire qui a ralenti la demande : le taux de remplissage des entrepôts y a baissé de 4 points. La GMS connaît également un ralentissement alors que Stef entrevoit, sur l’activité TSA (des produits à 15°), des « perspectives de développements intéressantes pour la fin de l’année »

 

L'Espagne en tête

À l’international, avec 634 millions d’euros, la croissance du chiffre d’affaires s’élève à 39 % (+16,7 % à périmètre constant) et des résultats opérationnels croissent de 26% à 32,9 millions d’euros. Des résultats notamment influencés par l’acquisition de Langdon. Avec une croissance du CA de 25 %, le pays le plus dynamique se révèle être l’Espagne qui a procédé à la restructuration et au renforcement de son réseau de groupage, et où Stef peut désormais conforter la construction de son réseau après l’acquisition de la société TTC, très présente en Galice. L’Italie a en revanche été impactée par l’augmentation du coût de l’énergie avec son entrée dans le « marché réel » : le groupe y bénéficiait en effet jusqu’à fin 2021 d’un prix fixe de l’électricité et est dorénavant soumis aux variations. Le Royaume-Uni de son côté « participe de manière significative » à la performance économique de Stef, poursuivant l’intégration de Langdon. La fin du semestre signe d’autre part pour les Pays-Bas un redressement des performances avec un équilibrage des comptes de Stef qui y enregistre une bonne dynamique des flux internationaux. Enfin, le groupe de transport et logistique se renforce en Suisse sur le segment du surgelé avec l’acquisition de Frigosuisse qui promet « des perspectives de développement intéressantes ». Principal concurrent de Stef sur le surgelé en Suisse, l’entreprise, qui a enregistré un chiffre d’affaires annuel de 13 millions de francs suisse, dispose d’un site de quatre hectares au sud de Bâle avec une capacité d’entreposage palettes de 32 000 à 34 000 palettes.

 

Sur l’activité maritime, qui enregistre un chiffre d’affaires de 49,6 millions d’euros et un résultat en baisse de 13,8 millions d’euros, Stef s’est trouvé pénalisé par les restrictions sanitaires, ne pouvant pas transporter de personnes sur sa ligne de Tanger « Nous enregistrons une forte progression de nos facturations sur le Maroc (avec une hausse du CA) mais la rentabilité pas encore au rendez-vous, car nous n’avons pas suffisamment facturé la hausse du prix du carburant », poursuit Stanislas Lemor.

 

Un retournement brutal

Derrière ces résultats, le deuxième semestre semble opérer un « retournement brutal ». Marc Vettard indique un ralentissement depuis le mois de mai : « Actuellement, nous enregistrons des volumes inférieurs de ce que nous avions anticipé ». « Il devrait clairement y avoir moins de vent dans les voiles durant cette deuxième partie de l’année », corrobore Stanislas Lemor. En effet, si les volumes de Stef (tonnages ayant transité sur les plateformes) ont été en forte hausse sur les quatre premiers mois de l’année, les mois de mai et de juin ont d’ores et déjà enregistré une baisse de 2 % tandis que les volumes de juillet et d’août étaient en « légère baisse » signant la sortie de cycle de reprise post-Covid. Si la première vague d’inflation a concerné l’énergie et la masse salariale, la deuxième aura un impact sur les actifs d’exploitation de Stef, camions et entrepôts : « Toutes les commandes de véhicules ont pris du retard, impliquant donc un surcoût de l’ordre de 15 à 20 % et les livraisons de plateformes se feront avec un coût majoré ».


« Digérer les acquisitions »

Face à ce contexte incertain, Sanislas Lemor indique devoir être vigilant sur la santé des clients de Stef sur les prochains mois, l’heure étant désormais à la prudence : « Le groupe a réalisé beaucoup d’acquisitions, le temps est venu de les digérer », commente-t-il. Le tout en tenant compte du retard pris par la cadence des livraisons de véhicules et les chantiers : « Le plan de renouvellement de nos véhicules en 2022 a été réalisé à 35 % pour les semi-remorques et à 25 % pour les tracteurs », précise-t-il. « Vous l’avez compris, le ciel s’assombrit, tout simplement parce que l’inflation se prolonge, devient même incontrôlable. Cette inflation qui s’emballe est notamment renforcée par l’affaiblissement de l’euro vis-à-vis des autres monnaies, ce qui surenchérit l’achat des énergies qui se font essentiellement hors zone Euro. Nous avons également des incertitudes sur le marché de l’énergie : nous ne savons pas si nous aurons un approvisionnement constant sur la fin de l’année, particulièrement en électricité pour nos entrepôts. La seule certitude que nous ayons, c'est que l’électricité va coûter plus cher dans les prochains mois ». Malgré tout, le PDG souligne que le groupe Stef est « solide » et reste « bien armé » pour affronter ces nombreux remous.

 

 

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