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et logistique

Innovation

Cylure, nouveau vélo innovant pour la cyclo-logistique

Fruit d’une collaboration entre un entrepreneur de la restauration, Rémy Kneppert, et les étudiants de l’Icam, le projet Cylure dévoile un vélo-cargo capable d’accueillir une charge utile de 500 kilos pour une empreinte CO2 limitée.

Publié le 11 janvier 2023 - 09h00
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Icam

Cette histoire de cyclo-logistique commence dans la restauration. C’est celle de l’entrepreneur Rémi Kneppert, qui, dans la capitale, déploie une offre de livraison zéro déchet depuis 2014 (www.dejeuneo.fr) auprès de clients professionnels. Pour réaliser ces tournées, une évidence : celui d’utiliser le vélo, se révélant « le moyen le plus efficient en zone urbaine ». Pour s’assurer de la qualité de son service, Déjeunéo, dont les livraisons rayonnent autour du 9e arrondissement parisien, a dû internaliser la totalité de ses équipements et services et s’appuyer sur ses livreurs salariés effectuant trois tournées en moyenne par jour (envoi et récupération). Si Rémi Kneppert n’était pas, à la base, un spécialiste de la livraison urbaine et de ses spécificités logistiques, cela devient très vite le cas : « Cela s'est avéré la colonne vertébrale de mon entreprise puisque la partie livraison est primordiale dans notre activité. Et le phénomène s’est trouvé amplifié du fait de notre politique zéro déchet », explique Rémi Kneppert. En effet, l’entreprise ne fournit aucun conditionnement jetable à ses clients et récupère donc l’ensemble des ustensiles de ses plateaux repas et cocktails, induisant une complexité supérieure en matière de transport.

 

Une collaboration avec les élèves ingénieurs de l’Icam

Début 2020, la période du confinement est propice à la réflexion de l’entrepreneur, contraint de stopper ses livraisons. Celui-ci s’interroge alors sur les différents modèles de vélos-cargos disponibles sur le marché, car il observe que les moyens actuels ne répondent pas totalement à ses besoins, notamment à cause d’une capacité d’emport trop faible : « Avec notre politique zéro déchet, nous transportons des contenants durables (bois, métal, verre) ce qui nous amène rapidement à dépasser les capacités de charge des véhicules. Dès que les livreurs transportent plus de 250 kilos, cela devient très compliqué, notamment lorsqu’ils sont en côte ». Rémi Kneppert se fixe alors un premier objectif : celui de créer un nouveau vélo capable de proposer 500 kilos de charge utile. Deuxième sujet à résoudre, celui de la maintenance. « C’est un véritable problème car nous dépassons toujours le PTAC [poids total autorisé en charge] de nos véhicules. Il est donc logique que le matériel ne tienne pas dans le temps, et il n’est pas aussi simple que cela de trouver un réparateur localement ayant la connaissance technique des différents outils qui compose notre flotte de vélos. J’ai finalement identifié une solution technique pour ce nouveau vélo, mais n’étant pas un homme de l’art, j’avais besoin qu’elle soit mise en musique ». Durant le premier semestre 2021, Rémi Kneppert se tourne alors vers une école d’ingénieurs : l’Icam, site de Grand Paris Sud. Cette dernière comprend un pôle « service aux entreprises », amené à accompagner chaque année une trentaine de société via l’audit, le conseil et les prestations industrielles. Ce sont les étudiants de cinquième année qui y participent dans le cadre de leur mémoire scientifique industriel, les amenant à plancher sur une problématique d’entreprise en tant qu’ingénieurs projet durant une période de 18 semaines à temps plein avec un chef de projet dédié.


Trois étapes de travail

Après avoir validé la partie réglementaire, le projet prend forme sous le nom de Cylure (CYcle Logistique URbain Electrique), et se divise alors en trois étapes, chacune menées par un groupe composé de quatre étudiants. Le premier groupe intervient sur le projet en septembre 2021, avec pour mission d’évaluer et de vérifier la faisabilité des propositions techniques faites par l’entrepreneur avant de se concentrer sur le choix de composants et de matériaux pour le vélo. Le deuxième groupe se met à la recherche de fournisseurs et lance la réalisation d’un prototype. « Ce groupe a travaillé à optimiser la conception du vélo et effectué des tests de résistance sur le châssis », précise Yann Mahaud, chef de projet à l’Icam. Enfin, le dernier quatuor, intervenu fin 2022, a pris en charge la finalisation du prototype et effectué une série de tests sur route. « C’est la première fois que les étudiants ont la possibilité de réaliser un projet de A à Z », indique-t-il.

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Icam

De conception « low-tech » visant à supprimer les éléments superflus, le vélo est constitué de sous-ensembles réparables permettant une durée de vie beaucoup plus longue. Son cycle d’exploitation doit par ailleurs permettre de diminuer les rejets de CO2 avec environ cinq fois moins d’émissions de gaz à effet de serre qu'un petit utilitaire électrique, et onze fois moins en version thermique. Le vélo se compose de trois modules : le premier accueillant le cycliste, le deuxième la charge, tandis que le troisième est interchangeable selon l’activité de l’utilisateur. Il peut ainsi prendre la forme d’une caisse fermée, d’une benne, d’une caisse réfrigérée, d’un module porte palette ou porte conteneur, etc. L’ergonomie a également été travaillée avec un siège permettant une position de conduite semi-allongée, avec une carrosserie conçue pour protéger son utilisateur du froid et des intempéries.

 

À la recherche de partenaires pour l’industrialisation

Quelle suite désormais pour le projet Cylure ? « L’idée est de construire un pipeline de clients potentiels, et de relever les marques d’intérêts, notamment chez des acteurs qui utilisent déjà la cyclo-logistique », poursuit Rémi Kneppert. Ses cibles ? Tous les acteurs de la livraison pour compte d’autrui, pour compte propre (traiteur, artisans…), mais aussi la logistique multimodale, voire le transport de personnes. L'entrepreneur recherche par ailleurs des partenaires pour réaliser une pré-série et industrialiser le prototype. « Le marché étant européen, il va falloir être capable de produire une quantité de vélo importante dès le départ et je veux pouvoir m’appuyer sur des structures existantes en nouant des partenariats avec des industriels qui souhaitent rentrer sur le marché de la cyclo-logistique ». La preuve du concept s’est achevée fin 2022 avec les tests concluant de Cylure. Ce début d’année 2023 marque l’amorce des rendez-vous qualifiés pour se constituer un panel de clients intéressés par les caractéristiques du nouveau vélo. L’industrialisation, elle, ne devrait pas commencer avant le troisième ou quatrième trimestre 2023. Et l’Icam pourrait de nouveau rentrer dans la danse à l’avenir : « Quand le produit sera véritablement développé, nous pourrons également travailler sur des problématiques liées à l’industrie ou des demandes sectorielles spécifiques », anticipe Yann Mahaud.

 

 

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