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Les Hauts-de-France, première région nationale de la logistique selon l’Insee

Dans une analyse statistique et comparative publiée le 19 octobre 2023, l’Insee s’intéresse aux Hauts-de-France en sa qualité de « première région logistique française ». Avec 103 100 salariés travaillant fin 2020 dans des activités liées à la chaîne logistique, la région enregistre la plus grande part d’emploi régional dans le secteur (7,7 %), devant la Normandie et le Centre-Val de Loire.

Publié le 24 octobre 2023 - 14h18
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  Jérémy-Günther-Heinz Jähnick via Wikimedia CommonsCC BY-SA 3.0 | L'entrepôt d'Amazon de Lauwin-Planque, dans le département du Nord, concentrait fin 2020 selon l'Insee près de six salariés de l’entreposage sur dix issus de la zone d'emploi de Douai.

Déjà championne de France de l’immobilier logistique en termes de commercialisation d’entrepôts, la région des Hauts-de-France confirme son attractivité pour les métiers de la logistique. Dans une étude parue le 19 octobre 2023, l’Insee réalise un focus sur ce territoire en sa qualité de « première région logistique française ». Selon ses données de fin 2020, 103 100 salariés des Hauts-de-France exercent des fonctions dans le secteur, soit 7,7 % des salariés de la région. Une part supérieure à la Normandie (7,48 %) et au Centre-Val de Loire (7,23 %), loin devant la moyenne de la France métropolitaine établie à 6,17 %. « Cette forte proportion s’explique en particulier par le positionnement géographique de la région, à proximité de l’Île-de-France et de l’Europe du Nord, qui en fait notamment la porte d’entrée privilégiée des marchandises vers le Royaume-Uni, ainsi que par la densité de son réseau routier », analysent les auteurs de l’étude de l’Insee, Sophie Éblé et Laurent Lefèvre. La ville de Lille par exemple se situe à moins de 300 km à vol d’oiseau de cinq capitales européennes : Bruxelles, Paris, Amsterdam, Londres et Luxembourg. 

 

Des alternatives au fret routier sous-exploitées

Les Hauts-de-France jouissent en outre d’une proximité avec les ports maritimes européens du Havre, d’Anvers et de Rotterdam, et cumulent 210 kilomètres de façade maritime, comprenant d’importants hubs maritimes français tels que les ports de Dunkerque et de Boulogne-Calais. Sans compter les quelques 1 000 kilomètres de voies navigables et divers projets de modernisation d’infrastructures dédiées au fret fluvial, selon Voies navigables de France. Essentielles à la diminution des externalités négatives du transport routier (émissions de gaz à effet de serre, pollution de l’air aux particules fines et au dioxyde d’azote, coût social lié au bruit du trafic…), ces solutions alternatives disposent d'un fort potentiel de développement, mais sont encore trop peu exploitées, rapporte l’Insee : « Comme en France métropolitaine, les autres modes de transport de fret (ferroviaire, maritime, fluvial et aérien) rassemblent relativement peu d’emplois dans les Hauts-de-France (2 % de l’emploi logistique). […] Dans les Hauts-de-France, le déploiement du Canal Seine-Nord-Europe représente à cet égard un enjeu de développement de l’emploi, mais également de désengorgement des axes routiers et potentiellement d’amélioration de la qualité de l’air. »

 

Le transport de fret concerne six emplois logistiques sur dix

L’avantage géographique des Hauts-de-France, facilitant le dynamisme des flux de marchandises et des services logistiques associés, se confirme par l’importance du nombre de salariés régionaux travaillant dans le secteur. L’Insee précise la répartition de ces activités, en trois grands domaines : le transport de fret et ses services auxiliaires, les activités d’entreposage, de conditionnement et de manutention et enfin les services postaux et de déménagement. Le premier d’entre eux concentre 61 % de la part de l’activité logistique en Hauts-de-France, avec 62 300 salariés exerçant dans les transports de fret et les services aux transports. « Dans les Hauts-de-France, comme en France métropolitaine, le transport de fret, tous modes confondus (routier, ferroviaire, fluvial, maritime ou aérien), regroupe 6 emplois logistiques sur 10, poursuivent les auteurs de l’étude. Les marchandises transitant essentiellement par la route, le transport routier de fret est de loin le plus employeur. » S’y retrouvent une large proportion d’entreprises de moins de 50 salariés, dont de multiples sociétés indépendantes connaissant de forts coûts d’exploitation, d’importants frais de personnels et des taux de marges très faibles (près de trois fois moins élevés que dans l’entreposage après déduction des salaires et impôts versés selon l’Insee). « Les établissements de moins de 50 salariés emploient 48 % des salariés du transport de fret, une part nettement supérieure à celle de l’entreposage (23 %), détaillent-t-ils pour la région Hauts-de-France. Les coûts d’entrée plus faibles (moindres besoins en foncier, possibilité d’avoir recours au crédit-bail afin de constituer une flotte de petite taille) peuvent expliquer cet écart. »


Des activités d’entreposage-stockage plus représentées qu’ailleurs

Riche de son positionnement stratégique, d’une forte couverture autoroutière et d’un foncier légèrement plus disponible et moins cher qu’ailleurs, la région des Hauts-de-France « bénéficie d’atouts ayant permis l’implantation d’établissements spécialisés dans le stockage-entreposage », relate l’Institut national de la statistique et des études économiques. Ainsi, 26 100 emplois, soit un quart de ceux de la région pour la logistique, lui sont dédiés, avec une large palette de métiers : entreposage et stockage non frigorifique et/ou frigorifique, activités de conditionnement, centrales d’achat alimentaires et non alimentaires, manutention portuaire et non portuaire. Ces fonctions de stockage-entreposage atteignent dans la région huit points de plus que la moyenne enregistrée en France métropolitaine. « Comme au niveau national, les groupes étrangers multinationaux sont très présents : 11 % des établissements de l’entreposage en dépendent, pour 25 % des salariés, soit deux fois plus que dans l’ensemble du secteur de la logistique, précisent les auteurs. Quelques poids lourds composent le paysage de l’entreposage régional : Amazon France Logistique (États-Unis), Lidl (Allemagne) et Kuehne+Nagel (Allemagne) emploient 17 % des effectifs du domaine dans seulement 12 établissements. Des sociétés à l’ancrage régional fort, en particulier dans le textile et la grande distribution, ont également implanté leurs entrepôts dans la région, comme La Redoute, Kiabi, ou Vertbaudet ainsi qu’Auchan, Leroy Merlin et Decathlon (2 300 salariés au total, soit 9 % des emplois de l’entreposage). »

 

Les bassins d’emplois de Lille, Douai et Lens regroupent 37 % des salariés de l’entreposage des Hauts-de-France. Ces derniers, comme dans l’ensemble des métiers de la logistique, sont encore surreprésentés par les ouvriers (87 %) et les hommes (80 %). Quant à la diversité des professions, seules cinq d’entre-elles rassemblent 80 % des salariés du secteur : conducteurs routiers ; ouvriers non qualifiés du tri, de l’emballage, de l’expédition ; conducteurs livreurs, coursiers ; magasiniers qualifiés et ouvriers qualifiés de la manutention.

 

Pour consulter l’étude en intégralité : Les Hauts-de-France, première région logistique française, Insee, octobre 2023

 

Que sont « les métiers logistiques » selon l'Insee ?

L’Insee précise dans l’annexe « Pour comprendre » de son analyse que « les métiers logistiques sont repérés dans cette étude par rapport à une liste de 25 professions et catégories socioprofessionnelles (PCS). Ils sont regroupés en deux familles : celle du transport de marchandises et celle de l’entreposage et de la manutention. » L’institut national indique dans une étude précédente que cette définition des métiers de la logistique est « issue de travaux du service statistique du ministère en charge des transports (Sdes) avec des restrictions relatives au secteur d’activité du salarié pour ne retenir que les salariés dont l’activité est assurément logistique. On ne retient par exemple ni les conducteurs de trains de la SNCF ni les employés de la Poste, au contraire des magasiniers de ces deux groupes. » D’où la présence dans cette analyse d’un troisième domaine intégrant – pour des métiers spécifiques « assurément logistiques » – les services postaux et de déménagement.

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