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Entrepôts

Stockage, transport, livraison : à produits sensibles, prestations spécifiques

Publié le 3 juillet 2015

Dispositifs médicaux, produits sensibles, implants, médicaments… Le stockage, le transport et la livraison de matériels et de produits de santé sont de plus en plus soumis à de fortes réglementations, qui obligent les acteurs du secteur à faire évoluer leurs activités. Aujourd’hui, la tendance est à la mise en place de services spécifiques pour répondre à ces mutations.

1. L'Aslog analyse le risque du transport et du médicament

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Au même titre que la fabrication des médicaments intègre des Bonnes pratiques de fabrication (BPF), leur livraison est soumise aux Bonnes pratiques de distribution (BPD). Depuis la nouvelle mise à jour de ce texte, publiée au journal officiel de l’Union européenne le 5 novembre 2013, la Commission logistique de santé de l’Aslog, entourée de nombreux dépositaires, travaille sur la mise en place d’un outil d’analyse du risque du transport des médicaments, maillon essentiel et sensible de la chaîne d’approvisionnement du médicament. Jacques Masbou, membre de cette commission et consultant pour l’industrie pharmaceutique et logistique, nous explique le contexte et les contours de ce concept, prévu pour la fin d’année 2015.

Le contexte

« La Commission logistique de santé de l’Aslog réunit régulièrement des experts pour réfléchir sur des sujets divers et variés qui demandent des expertises croisées. Suite à la publication de la nouvelle mise à jour des Bonnes pratiques de distribution en fin d’année 2013, nous avons réuni plusieurs organismes professionnels qui travaillent dans le secteur de la santé : d’une part des dépositaires, tels que Geodis ou Rhenus Logistics, le syndicat de ces dépositaires, LOG Santé, mais aussi la Société française des sciences et techniques pharmaceutiques (SFSTP) et le Polepharma associé avec le GREPIC (Groupement industriel et pharmaceutique région Centre) sur ce sujet logistique et transport.

 

Aujourd’hui, dans le transport de médicament, vous partez d’une entité pharmaceutique, c’est-à-dire un laboratoire qui a sa plateforme de distribution, avec des camions et vous allez vers d’autres établissements pharmaceutiques, des hôpitaux ou des pharmacies. D’une entité réglementée, par des bonnes pratiques, des inspections, etc, vous allez vers d’autres entités, elles aussi réglementées et inspectées. Paradoxalement, le transport lui n’est pas réglementé sur le plan pharmaceutique, c’est-à-dire que vous pouvez transporter aujourd’hui des médicaments dans une camionnette aussi bien que dans une voiture.

 

Bien sûr, dans la réalité, cela ne se passe pas de cette manière, puisque le transport est assuré par des sociétés très sérieuses qui disposent toutes de leur propres règles d’hygiène, de sécurité, mais elles n’ont pas de règles pharmaceutiques. Le référentiel sur ces sujets s’appelle les Bonnes pratiques de distribution. C’est un texte européen dont la dernière parution a eu lieu en novembre 2013. Ce texte pharmaceutique, qui ne s’occupe que de la logistique de médicament pour ces établissements, parle de plus en plus de transport et dit au pharmacien d’une entité qu’il est également responsable réglementairement du transport, bien qu’il sous-traite dans la plupart des cas. Dès lors, quels sont ses moyens de contrôle ? Comment être responsable d’une camionnette qui part à 10 000 km de chez soi ou d’un colis qui va de Paris à Singapour ?

 

L’outil

Le rôle de notre commission est de donner les moyens à ce pharmacien de choisir son transport. Comment s’opère ce choix aujourd’hui ? Il négocie avec son transporteur les procédures, les mesures spécifiques, les bonnes pratiques et signe un contrat basé sur la confiance, et prend finalement un risque qu’il n’a pas su analyser. Or, ce que demandent aujourd’hui les textes, puisque l’on prend un risque à travailler avec des tiers, c’est de l’analyser. L’analyse de risque est un terme très parlant en pharmacie : un médicament n’est pas anodin, il comporte un risque de fabrication, de commercialisation et de consommation.

 

Dans les discussions avec mon transporteur, pour un trajet entre Paris et l’Australie par exemple, notre outil va analyser cet itinéraire, de mon entrepôt parisien à la plateforme de Roissy, de la plateforme à l’avion, etc., et m’éclairer sur la façon dont mes produits seront transportés et les risques liés à ces moyens de transports, qui sont essentiellement des risques de température ou de casse. L’outil va tout disséquer. Selon les réponses du transporteur, sur des dizaines de paramètres, l’outil va “scorer” et le pharmacien aura plus de facilités à choisir puisqu’il aura analysé et accepté son risque transport.

 

Prenons un exemple concret avec la température : idéalement, je dois transporter mes produits du point A au point B en température climatisée. Malheureusement, personne n’offre cette solution car trop coûteuse. Comme il n’existe pas de moyen climatisé, je prends un risque qu’il me faut analyser : si je voyage de nuit, inutile d’avoir un camion climatisé quand il fait – 5° C dehors. Si le trajet ne dure que trois heures sur autoroute, même en pleine chaleur, le risque n’est pas très grand. Si mon camion doit passer la nuit dans un hub ou sur un tarmac d’aéroport, je n’ai jamais la certitude de la manière dont cela va se passer donc la situation est risquée. S’il n’y a pas de solution, le score est mauvais, donc je change de transporteur. Si en face de moi, j’ai quelqu’un qui a mis des solutions en place, je choisis ce transporteur qui m’assure le risque minimum.

 

Le logisticien aime bien le blanc ou le noir, malheureusement, le risque c’est du gris clair. Donc au lieu de fermer les yeux et de croiser les doigts, il faut analyser tous les paramètres et choisir en fonction du score. La responsabilité du pharmacien ou du décideur de laboratoire, c’est de peser le risque en arrivant à un score qu’il jugera correct, car le risque zéro n’existe pas. »

Focus

Geodis, toujours plus de spécificité

Derrière la livraison d’un médicament se cache une logistique d’une grande complexité. Compte tenu de la fragilité, de la valeur et du caractère potentiellement toxique de certains produits, les prestataires logistiques évoluent dans un cadre réglementaire strict.

Les acteurs pharmaceutiques étant pénalement responsables de tous les médicaments sortants de leurs laboratoires, ils sont très exigeants quant au choix de leurs prestataires et plébiscitent ceux certifiés pour manipuler et distribuer des médicaments. Véhicules propres et non bâchés, support de charge pour les colis, identification visuelle des produits de santé, formation du personnel aux bonnes pratiques de distribution sont autant d’exigences à respecter.

 

« Ce niveau élevé de qualité et de sécurité est également requis du côté des entrepôts logistiques avec des sites entièrement dédiés à la santé, sous température contrôlée, équipés de chambres froides et la présence de pharmaciens pour superviser les opérations. L’envoi de médicaments aux quatre coins de la planète nécessite des précautions tout aussi importantes, une forte température pouvant dégrader les médicaments, voire nécessiter leur destruction. Des conditionnements spécifiques, adaptés aux caractéristiques climatiques des pays, sont ainsi souvent utilisés », précise-t-on chez Geodis.

 

Au-delà de la capacité à respecter les contraintes réglementaires, c’est l’aptitude à accompagner les mutations du secteur qui permet de se démarquer, comme le confirme le transporteur : « Nous réalisons des prestations spécifiques pour nos clients, notamment sur le conditionnement secondaire, comme le changement de notices ou l’étiquetage des boîtes de médicaments et varions les envois en fonction du destinataire, par exemple des flux massifiés sur palette pour les grossistes-répartiteurs ou des livraisons quotidiennes en petites quantités pour les officines ».

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