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et logistique

Transversal

La supply chain face au réchauffement climatique

Publié le 11 mai 2023

3. « Notre démarche Action Planète vise à réduire l’impact environnemental de notre activité »

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Boulanger

Repenser sa chaîne de valeur, c’est justement ce que l’enseigne Boulanger du groupe Mulliez fait. En atteste par exemple son adhésion à Fret 21, dispositif de l’Ademe qui incite les entreprises à mieux intégrer l’impact environnemental des transports dans leur stratégie. Claude Finet, responsable Conformité – Process – RSE – Service Transport chez Boulanger, revient sur le virage vert qu’entreprend l’enseigne d’électroménager.

Votre 200e magasin ouvert à Paris en novembre dernier joue la carte de la sobriété en privilégiant la réparation, le rachat de produit… Depuis quand vous êtes-vous lancé, chez Boulanger, dans l’économie circulaire ?
Notre application à réduire notre impact environnemental n’est pas neuve. Nous avons par exemple lancé dès 2007 Boulanger Second Life et la Big Collecte en 2019 pour proposer une deuxième vie ou recycler des produits usagés. Nous proposons aussi la location de nos produits depuis 2009 ou encore la réparation illimitée par abonnement avec Boulanger Infinity. Nous agissons aussi pour réduire la consommation énergétique de nos sites et produire de l’énergie renouvelable notamment au travers l’installation de panneaux solaires sur les toits de nos magasins ou encore des ombrières photovoltaïques pour nos parkings extérieurs. Toutes ces actions engagées font partie de notre démarche Action Planète qui vise à réduire l’impact environnemental de notre activité et participer à la transformation durable de notre filière.  

 

Certes, l’économie circulaire appelle à une consommation responsable adaptée au défi climatique mais elle n’exclut pas une production plus sobre. Quelles sont vos démarches en la matière ?

Toujours via notre démarche Action Planète, nous mettons en avant plusieurs façons d’opter pour un produit responsable. Par exemple, plutôt que de favoriser l’achat à tout crin, nous proposons notre service de location à travers une sélection de produits électroniques ou électroménagers réparables (première enseigne labellisée QualiRépar - grâce à ce label, nos clients peuvent bénéficier d’une remise à la réparation de leurs appareils hors garantie) et durables. Depuis l’été 2022, nous proposons également de racheter les produits (smartphones, PC, tablettes, consoles de jeu et depuis peu robots de cuisine), achetés chez Boulanger ou non (l’ensemble de nos articles ont un indice de réparabilité qui aident le client à choisir un produit responsable). Autant d’initiatives allant dans le sens d’une production sobre et mesurée en lien avec les usages. Ce n’est pas tout. Nous mettons de plus en plus en avant des produits fabriqués en France. En choisissant le made in France, le client réduit l’impact environnemental d’un produit neuf de 20 % par rapport à un produit fabriqué en Asie tout en contribuant à la relocalisation du savoir-faire en France. Enfin, avec nos produits en marques propres et notre gamme d’accessoires éco-conçus, nous limitons la taille de nos emballages au strict nécessaire et nous utilisons moins de matières premières. Nous pouvons ainsi réduire les volumes et donc limiter l’empreinte carbone liée au transport.

 

Parlons transport, justement. Tous vos produits ne sont pas fabriqués en France. Comment maîtrisez-vous l’acheminement de marchandises à l’international pour baisser votre empreinte carbone ?

Nous travaillons en permanence à agrandir l’offre de made in France en magasin. Nous avons aussi des solutions lorsque les produits viennent de plus loin pour réduire l’empreinte au maximum. Nous réduisons nos émissions de gaz à effet de serre (GES) avec l’aide d’armateurs comme CMA CGM et de leurs cargos fonctionnant au GNL (gaz naturel liquéfié) pour les flux en provenance de Chine (40 % de nos marques propres). Cela nous coûte environ 10 % plus cher qu’à l’époque où nous utilisions du fioul lourd. Mais c’est une étape indispensable pour viser notre objectif carbone de moins 50 % en 2030 et une neutralité en 2050.

 

Pour parvenir à cet objectif, mettez-vous en place d’autres initiatives ?

Il y a plusieurs années, une fois les cargos arrivés à nos ports de Dunkerque, Anvers, Le Havre et Fos-sur- Mer, nous transportions les marchandises uniquement par camions. Désormais, nous avons recours au report modal. Exemple : une fois arrivées à Dunkerque (59), les caisses n’arrivent plus par la route mais par le rail-route via la gare de Dourges (62), plateforme multimodale Delta 3. Dans le sud de la France, nous avons opté pour le transport fluvial même si nous savons qu’il faudra encore une bonne dizaine d’années pour que la flotte se mette à l’énergie verte.

 

Au final, quelle est la part de vos marchandises transportées par voie routière ?

Aujourd’hui, notre dispositif fragmentaire nous permet de descendre à une part de 85 % de route, les 15 % restants étant répartis entre le rail et le fluvial. Quant au fret aérien, nous l’avons supprimé définitivement. Nous continuons de travailler pour baisser nos émissions de GES en utilisant des carburants alternatifs (B100, HVO).

 

Vous dites qu’il y a encore des progrès à faire pour diminuer les émissions de GES pour le transport de marchandises. Quels sont-ils ?

Je pense forcément à la nécessité d’une meilleure optimisation du chargement. Car vu la typologie de nos produits, nous devons charger davantage les camions quand ils sont mis sur la route. C’est l’enjeu de cette année : augmenter la hauteur de nos palettes et faire plus de jumelage pour au final avoir un camion pour deux ou trois magasins et non plus un seul. Ce sera un moyen de diminuer notre transport par voie routière. Cela fait partie de nos objectifs depuis que nous avons adhéré à Fret 21.

 

Qu’est-ce qui a changé depuis votre adhésion à Fret 21 ?

Nous constatons un vrai gain de temps. Via cette plateforme, nous avons une meilleure gestion de la donnée. Je peux consulter directement les données des transporteurs et cela évite à tout le monde des échanges de mails incessants. Reste que nous devons effectuer un travail de fond avec les quelques transporteurs qui n’ont pas encore intégrer l’urgence de communiquer de la donnée fiable de manière régulière : nous sommes dans une politique d’accompagnement et de partenariat. Nous avons d’ailleurs instauré des échéances pour qu’ils diminuent les émissions de GES et nous travaillons ensemble pour aligner nos stratégies de décarbonation. Et si déjà, aujourd’hui, 71 % de nos transporteurs sont engagés, notre objectif est d’atteindre 100 % d’ici 2024.

 

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