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et logistique

Transversal

La supply chain face au réchauffement climatique

Publié le 11 mai 2023

2. Catastrophes climatiques et répercussions sur les chaînes d’approvisionnement

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Interruption totale de l’activité de Subaru durant plus d’une semaine en 2019 à cause du typhon Hagibis (Japon), effondrement du secteur viticole sud-africain suite à la sécheresse qui a touché le pays en 2018… Si les exemples d’effets du réchauffement climatique sur les chaînes d’approvisionnement mondiales ne manquent pas, l’entrée dans cette dernière décennie a été tonitruante. La rédaction a sélectionné une poignée de cas depuis 2020 mettant en avant l’impact des aléas climatiques sur la supply chain.

Canada : une pénurie de moutarde à cause de la sécheresse

Si la moutarde a déserté les rayons des supermarchés depuis début 2022, c’est à cause… De la sécheresse qui s’est abattue sur le sol canadien en 2021. Résultat : le leader mondial de la production de graines de moutarde, qui fournit 80 % de la matière première nécessaire aux fabricants français (le reste étant produit en Bourgogne), a constaté une chute de près de 30 % de sa production. Une tension sur le marché qui a fait grimper les prix et conduit les fabricants français à relocaliser la production.


Taïwan : l’industrie automobile en panne sèche

Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), le fabricant de semiconducteurs mondial – le groupe produit 90 % des puces les plus avancées au monde, notamment celles que l’on retrouve dans les iPhones – tourne au ralenti depuis la sécheresse qui a touché le pays en 2021. La raison : la fabrication de semi-conducteurs consomme beaucoup d’eau à cause du nettoyage des puces. Parmi les secteurs touchés, celui des technologies de communication mais aussi l’automobile. Opel, Volkswagen et Ford ont fermé pendant plusieurs semaines des sites de production en Allemagne. Stellantis a aussi été contraint de réduire la voilure : le groupe a fermé une usine de sa filiale Opel à Eisenach en Allemagne ainsi que son usine PSA de Rennes.  


Brésil : flambée sur le cours de l’arabica

L’ONG britannique Christian Aid a établi le classement des dix catastrophes climatiques les plus coûteuses pour l’année 2022. À la huitième place se positionne la sécheresse au Brésil, qui a coûté plus de quatre milliards de dollars. Sauf que la sécheresse de 2022 au Brésil n’est pas un fait rare : elle a en effet déjà eu lieu en… 2021 ! Cette année-là, le premier producteur et exportateur mondial de café a engrangé une récolte de 25 % inférieure à celle de 2020 (source : Conab, Compagnie nationale d’approvisionnement brésilienne). Des rendements moindres qui ont eu un impact sur le prix de l’arabica puisque le coût de la livre a doublé sur le marché new-yorkais.


France : alerte sur le niveau des cours d’eau

Météo France l’a annoncé : 2022 a été l’année la plus chaude jamais constatée dans l’Hexagone depuis le début du XXe siècle. Et parmi les effets de cette hausse des températures, outre les pertes agricoles (la production de pommes de terre a chuté de près de 30 % en 2022), il y a aussi le transport de marchandises. Ainsi, le transport fluvial a souffert de la baisse des cours d’eau. Alors que le pays comprend près de 7 000 km de voies fluviales, le taux de remplissage était en juillet de 60 % contre 80 % en moyenne habituelle. Résultat : dans plusieurs zones navigables a été effectué un regroupement des bateaux lors du passage des écluses pour limiter les quantités d’eau relâchées. Autre conséquence de cette sécheresse : les bateaux ont dû être moins chargés pour éviter qu’ils touchent le fond des cours d’eau. Cela a été le cas pour le port de Frouard, deuxième port céréalier de France. La même décision avait déjà été prise en 2018 à cause de la sécheresse.  


Égypte : bouchon sur le Canal de Suez

En 2021, le porte-conteneurs Ever Given s’est échoué en plein Canal de Suez, qui concentre environ 10 % du commerce maritime international. Malgré sa taille (400 mètres) et son poids (220 000 tonnes), le cargo s’est retrouvé piégé par des vents violents combinés à une tempête de sable. Ce blocage a non seulement entraîné d’importants retards dans la livraison mais il a aussi eu des conséquences sur le transport de marchandises au niveau mondial : la revue spécialisée Lloyd’s List avait estimé que le porte-conteneurs bloquait chaque jour l’équivalent d’environ 9,6 milliards de dollars de marchandises.  


Argentine : le climat impacte la production et le transport de soja

Si la crise ukrainienne a fait grimper en flèche le prix des matières premières en 2022, la hausse du cours du soja est également en bonne partie liée à la sécheresse en Amérique du Sud, et notamment en Argentine, troisième exportateur mondial. Le problème ne s’arrête pas là : la décrue extraordinaire du deuxième plus grand fleuve d’Amérique du Sud (4 800 km), le Parana, qui dure depuis plus de deux ans, perturbe grandement la manutention du soja. Et pas que cette plante : 80 % des exportations de produits agricoles du pays transitent par le Parana.


Japon : McDonald’s rationne les frites

McDonald’s rationne les frites au pays du Soleil Levant. Si l’information paraît cocasse, voire anecdotique de prime abord, elle est en fait la conséquence d’un retard d’approvisionnement en pommes de terre dans l’ouest canadien. Fin 2021, à cause de problèmes logistiques liés aux inondations près du port de Vancouver (et aussi à la pandémie de Covid-19), les 2 900 fast-food de l’enseigne américaine sur l’archipel nippone ont supprimé pendant une semaine la commande de grandes et moyennes frites.

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