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Les Hauts-de-France, région logistique

Publié le 25 avril 2024

6. Un territoire en pleine transition dans le maritime et le fluvial

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Dunkerque-Port, Yannick Devla

Les Hauts-de-France bénéficient d’importants hubs maritimes avec Calais et surtout Dunkerque, le premier port industriel français et site d’envergure pour le fret ferroviaire national. Riche en canaux, et réalisant un cinquième du trafic fluvial national, la région investit aussi massivement pour développer ses voies navigables.

Très sensible depuis 2015, le sujet du retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne semble être derrière le port de Calais, qui a vu son trafic rebondir et retrouver des niveaux d’avant Brexit, avec 1,8 million d’unités fret (poids lourds et remorques non-accompagnées) en 2023. Quant au Grand Port Maritime de Dunkerque, qui se revendique aussi premier port multimodal en France, il a réalisé l’an dernier quelque 9,5 millions de tonnes de fret par voie ferrée sur un volume global de 44 millions de tonnes. Principal port fluvial des Hauts-de-France avec trois millions de tonnes transitant par barge, il vient également d’investir 11 millions d’euros dans un nouveau terminal ferroviaire, avec le prolongement de quatre voies ferrées sur 850 mètres pour le transport des conteneurs. « Le port de Dunkerque a multiplié par trois son activité conteneurs depuis dix ans et nous récupérons année après année des parts de marché », indique David Lefranc, directeur de l’aménagement et de l’environnement du Grand Port maritime de Dunkerque. À l’horizon 2035, l’objectif consiste à atteindre 21 % de conteneurs acheminés par rail, contre 4 % en 2022 (et 2 % en 2021).

 

Développement du report modal

Plusieurs chantiers en cours participent à la transformation de l’activité du port et de ses voisins. « L’allongement du quai conteneur à Dunkerque ainsi que le terminal de ferroutage vont permettre de développer le report modal, explique Fabien Becquelin, directeur opérationnel de Norlink. Quant au port de Lille [l’un des principaux ports intérieurs français, relié à Dunkerque et collaborant avec ce dernier, ndlr], il est atteint par une ligne de transports combinés venant de Bretagne depuis quelques mois. Y sera installée une station multi-énergies alternatives qui servira autant les camions que les unités fluviales. » Depuis 2019, le terminal à conteneurs du Port de Dunkerque est équipé de branchements électriques à quai permettant aux porte-conteneurs de couper leurs moteurs pendant leur escale. Il accueillera également prochainement le premier hub CO2 français. « Nous avançons bien sur ce hub, qui permettra de capter le CO2 industriel fatal [c’est-à-dire issu des processus industriels et récupéré, ndlr] du territoire pour soit le transformer en carburant de synthèse, soit le transporter en vue d’un stockage géologique », poursuit David Lefranc.

 

De futures plateformes d’interconnexion

Autre bonne nouvelle conjointe pour l’activité portuaire : la diversification enclenchée des armateurs. Au-delà de CMA CGM, l’arrivée de MSC à Dunkerque, qui assure un service conteneurisé hebdomadaire avec la côte occidentale d’Afrique et les îles Canaries, pourrait profiter au commerce de bananes et de mangues. Sur cette lancée, les chargeurs souhaiteraient voir d’autres compagnies maritimes toucher Dunkerque, malgré la proximité et la forte concurrence des ports belges de Zeebruges et d’Anvers (unifiés depuis 2022 sous l'appellation Port of Antwerp-Bruges). Certains évoquent aussi des ouvertures de terminaux plus tard le soir et tôt le matin afin d’accélérer le transbordement des conteneurs. Une accélération d’autant plus nécessaire que la mise en service du canal Seine-Nord Europe en 2030, raccordant les Hauts-de-France et la Belgique, transformera profondément les liaisons maritimes et fluviales. Il devrait générer près de 2,5 millions de tonnes de marchandises par an et délester le trafic routier. La région pourrait ainsi voir fleurir des sites d’activités et de logistiques le long des voies navigables.

 

Cependant, la question du foncier et la création de nouvelles zones logistiques, centrale dans les prochaines années pour les territoires des Hauts-de-France, se complexifie avec le plan « zéro artificialisation nette » (ZAN) dont les objectifs peuvent contrecarrer la réindustrialisation souhaitée sur les territoires. Comme en témoigne l’association Transports et logistique de France (Union TLF), qui a rejoint l’alliance Seine-Escaut pour travailler sur la mise en œuvre des futures plateformes d’interconnexion et la création de sites logistiques sur les quais créés lors de la mise en oeuvre du canal à grand gabarit. « Il faudrait peut-être sortir le canal Seine-Escaut des quotas de ZAN ainsi que les zones portuaires maritimes », propose Sébastien Delquignies, co-président de TLF Hauts-de-France. Face à des perspectives de croissance importantes sur ses volumes de fret transportés, David Lefranc précise que « le port de Dunkerque aura aménagé près de 1 000 hectares dans les dix ans à venir afin de développer de nouvelles activités portuaires, industrielles et logistiques, notamment dans le domaine de la batterie électrique ».

 

Focus

Le pari logistico-écologique du canal Seine-Nord Europe

Immense chantier, le canal à grand gabarit sera opérationnel en 2030 et ne laissera pas de côté l’environnement. « Il verra 1 200 hectares d’aménagements écologiques effectués tout au long de ses 107 kilomètres de voies d’eau, entre les départements de l’Oise et du Nord. Sur le trajet, 850 000 arbres seront plantés », commente Pierre-Yves Biet, directeur des partenariats du Canal Seine-Nord Europe. Ce dernier offrira aux différents acteurs la possibilité de pouvoir organiser leur activité vers une logistique plus propre. Par exemple pour les entreprises avec des sites localisés le long de l’A1. « Un logisticien implanté à Roye – qui reçoit aujourd’hui des conteneurs par la route depuis Anvers –, aura la faculté de recourir aux services fluviaux entre Anvers et le port de Noyon ou de Nesle, et de n’effectuer par la route que le pré ou post-acheminement jusqu’à son site, détaille Pierre-Yves Biet. Ce sera une chaîne logistique à la fois performante et verte car le transport par voie d’eau représente trois à cinq fois moins d’émission de CO2 par tonne transportée. »

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