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Le BIM, pour tout gérer de A à Z

Publié le 17 janvier 2018

Outil technologique gagnant du terrain, le BIM n’est plus réservé aux seuls bâtiments « génériques ». Il s’invite dans le secteur de la logistique et permet, en phase d’exploitation, de mieux s’organiser, de gérer plus efficacement la maintenance et de veiller à la consommation énergétique des entrepôts. Un atout précieux pour qui souhaite suivre la vie de ses installations.

1. Le BIM se fait une place

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Alors que son utilisation se démocratise, retour sur le BIM et ses avantages multiples dans la gestion intelligente des sites logistiques.

Depuis juillet dernier, Pourpry, petite commune d’Eure-et-Loire, peut se prévaloir d’accueillir l’une des plus grandes plateformes logistiques de France. Proposée par GSE pour le compte de Carrefour, le site de 131 000 m² de surface logistique et plus de 6 000 m² de bureaux et locaux annexes, est sortie de terre en à peine cinq mois. Cette prouesse a un nom : BIM pour Building Information Modeling. Loin d’être nouveau, le BIM se fait doucement une place parmi les acteurs de la logistique. « Nous avons déjà reçu la demande de cinq bâtiments en BIM pour le secteur de la logistique. Cette demande est de plus en plus fréquente dans le cahier des charges de nos clients. Grâce à cette technologie, qui repose sur une maquette numérique couplée à des informations-clés du bâtiment, l’utilisateur voit comment rentabiliser son investissement : le BIM permet clairement de gagner du temps et de l’argent », assure Marc Esposito, directeur R&D en charge du BIM chez GSE.

 

Un double intérêt que confirme Claude Samson, président d’Afilog : « Le BIM rassemble tous les intervenants d’un projet de bâtiment. Son usage devient de plus en plus courant en logistique, y compris lors de l’intervention sur des bâtiments anciens. Le recours à la maquette numérique représente un investissement initial qui est, d’après l’expérience des membres d’Afilog, amplement compensé par les gains : réduire le temps de développement du projet immobilier et les erreurs sur le chantier tout en suivant la vie du bâtiment, les consommations énergétiques, par exemple, et ainsi réduire les coûts », approuve-t-il. Par définition donc, le BIM permet d’utiliser les propriétés des produits et les caractéristiques fonctionnelles d’un bâtiment, avant et pendant sa construction et tout au long de son exploitation. Est-il pour autant un outil révolutionnaire ? « À l’origine, le BIM est un processus industriel adapté au bâtiment. Il regroupe l’ensemble des informations contenues dans les objets, c’est une base de données. Pour les clients logisticiens, son intérêt est de fournir toutes les informations liées aux bâtiments afin d’en faciliter l’exploitation et la maintenance », souligne Sam Long, BIM manager chez Idec.

 

Gains de temps, d’argent et meilleure organisation

En effet, le BIM va se révéler pertinent notamment en termes de maintenance prédictive. Un moteur qui gère le sprinklage tombe en panne ? Le client pourra en quelques clics chercher la zone de la panne, puis accéder à la fiche technique de l’objet pour en recommander un autre. D’autres éléments le renseigneront sur la fréquence de maintenance du moteur en question et lui indiqueront à quand remonte la dernière réparation. L’utilisateur connait ainsi le degré d’usure du moteur. Si la dégradation est avérée, il pourra alors décider de renouveler le matériel et d’anticiper de nouveaux problèmes. Grâce au BIM qui transmet l’information de l’objet en panne, le client peut mieux s’organiser et être plus réactif. Par ailleurs, cet outil facilite la gestion du parc selon des critères d’énergie. L’opérateur Prologis propose même dans ses projets la mise en place de capteurs et de compteurs. Par exemple, des capteurs thermiques permettent de gérer la température du bâtiment, et ainsi optimiser les dépenses liées à l’énergie. De même, des capteurs d’ouverture et de fermeture des portes indiquent si certaines restent inutilement ouvertes et deviennent sources de déperdition énergétique.

 

« Les capteurs et compteurs placés dans l’entrepôt remontent en temps réel les consommations d’énergie. En parallèle, nous avons mis en place un système de simulation énergétique : sur les bases des caractéristiques du bâtiment, et sur la base du scénario d’exploitation, le système modélise dans un logiciel, quart d’heure par quart d’heure sur une année, la courbe théorique de consommation du bâtiment. Cette dernière peut ensuite être comparée avec les données réelles qui remontent par les capteurs et compteurs. En cas de déviation entre la théorie et le réel, l’application est en mesure d’alerter notre client. Elle le prévient des éventuelles surconsommations, ainsi que de leur emplacement précis », développe Olivier Barge, directeur de projets Europe du Sud de Prologis. En jouant ainsi sur la réduction de consommation d’énergie, l’utilisateur réduit l’impact des activités sur l’environnement.

 

Savoir utiliser les données

Pour autant, pour l’opérateur de plateformes logistiques, les informations doivent rester lisibles et pertinentes pour le client : il faut donc savoir gérer et limiter les données. « L’objectif n’est pas de mettre des capteurs partout, au risque sinon d’être noyé sous les données. Il faut savoir de quelles informations le client a besoin. À lui de réfléchir à celles qui lui semblent pertinentes », ajoute Olivier Barge. La limite du BIM réside en effet peut-être dans sa lecture des données. Bénéficier d’un matériel technologique pointu mais nécessitant une formation longue ? Aucun intérêt. Il faut pouvoir accéder aux informations de manière simple et intuitive. Certaines start-ups, comme Revolving, travaillent justement sur l’accessibilité des données. En permettant leur lecture sur tablette ou smartphone, elles offrent aux usagers la possibilité d’accéder à tous les éléments depuis un tableau de bord. L’outil devient mobile, voire collaboratif. « Bientôt, le BIM sera devenu l’outil de base pour tout logisticien qui veut, par exemple, mettre en place un process à l’intérieur d’un entrepôt, prédit Olivier Barge. Les convoyeurs pourront être modélisés, par exemple. Leurs données, au lieu d’être enregistrées dans un logiciel dédié uniquement à cet entrepôt, remonteront dans une application qui sera générale à l’entreprise. On peut alors imaginer que depuis Chicago, le client pourra analyser le fonctionnement d’un entrepôt basé en région parisienne. » Le chantier du BIM ne fait donc que commencer.

 

Céline Tridon

Focus

Le point de vue de Thierry Griveaux, architecte DESA pour l'agence A.26-GL

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« Le BIM est un sujet encore complexe, nécessitant des moyens humains, du temps et des compétences. Nous travaillons depuis plus d’un an et demi à la migration de nos systèmes de production afi n de permettre la conception de tous nos projets sous BIM. L’important à nos yeux, c’est d’offrir aux investisseurs et aux exploitants la possibilité de prendre en main le BIM à l’issue de la construction pour pouvoir leur offrir une gestion patrimoniale digitalisée de leurs sites. Aujourd’hui, le parc logistique est très peu numérisé. Avec de telles solutions, on peut mettre en place des systèmes permettant de la remontée d’information pour la gestion et l’entretien des bâtiments, avec des alertes automatiques. On peut même imaginer des applications avec de l’intelligence artifi cielle et du prédictif, amenant à de la prise de décision autonome sur les contrats de maintenance réguliers. C’est la tendance du moment, mais c'est surtout l'avenir. »

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