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Denisismagilov

Transversal

L'Aslog, au plus près des besoins de la supply chain

Publié le 2 avril 2019

L'Aslog promeut l'échange et la collaboration pour construire la supply chain de demain. Au travers de publications et rencontres, l'association multiplie les initiatives au service d'un secteur en pleine mutation. Rencontre avec quelques-uns de ses membres pour évoquer les défis qui nourrissent ses projets.

1. Un lieu d'échanges et de projets

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Stratégique, différenciante et intégratrice d'innovations digitales, la supply chain est aujourd'hui devenue cruciale dans l'organisation des entreprises.

« L'agilité, la résilience, l'omnicanalité, les problématiques RH, la digitalisation ou encore la RSE… Tous ces sujets passent aujourd'hui par la supply chain. C'est elle qui intègre le plus rapidement les nouvelles technologies d'automatisation, de robotisation ou d'IoT. Elle adresse aussi les grands enjeux sociétaux auxquels les entreprises sont confrontées », souligne François-Régis Le Tourneau, corporate supply chain standards and prospective director chez L'Oréal et membre du conseil d'administration de l'Aslog (Association supply chain et logistique française). Un positionnement crucial qui n'est pourtant pas toujours visible ou priorisé au sein des organisations, comme le constate François Peignès, directeur supply chain d'Orano (ex-Areva), également membre du conseil d'administration de l'Aslog : « La vision que peuvent avoir les entreprises et les pouvoirs publics sur la supply chain est insuffisante, notamment compte tenu de ce qu'elle peut apporter, et parfois fluctuante d'une organisation à l'autre. Si cela est moins le cas dans les entreprises de la distribution, la supply chain reste sous-représentée chez les acteurs de l'industrie ou dans le secteur pharmaceutique, par exemple. Pour beaucoup, il s'agit encore d'une simple fonction support. Il est donc crucial de clarifier et de valoriser son rôle au sein des entreprises. » Ce défi est justement au coeur des missions et des projets de l'Aslog, qui réunit désormais plus de 400 entreprises et 2 000 professionnels de la logistique autour d'initiatives variées pour dessiner en communauté les futures tendances du secteur.

 

Un lieu d'échanges

Association professionnelle, l'Aslog s'est structurée autour d'un besoin clair : celui d'échanger autour des problématiques d'une discipline encore récente et en constante évolution. « Les métiers de la supply chain sont relativement jeunes et ont été structurés il y a une vingtaine d'années seulement, remarque François-Régis Le Tourneau. Aujourd'hui encore, ils sont en transformation, et il est essentiel d'avoir des espaces pour se remettre en question et trouver de bonnes pratiques. L'Aslog a la force d'être un lieu d'échange neutre, bienveillant, capable de créer ce type de rencontres. » Une démarche résolument collaborative comme le souligne Jean-Michel Guarneri, président de l'Aslog et conseiller stratégique du groupe Renault Nissan, qui la compare au concept d'open source : « Nous voulons faire progresser la communauté supply chain et être au service de la performance des entreprises françaises. Pour cela, il faut des espaces communs d'échanges, et c'est justement la mission de l'Aslog que de les créer et de les animer. Nous avons mis en place des groupes de travail, des labs. Ceux-ci touchent aux questions de digitalisation, de résilience, d'omnicanalité ou encore de démarches RSE. Le tout avec une véritable approche multisectorielle, car chaque organisation logistique peut se nourrir de bonnes pratiques d'autres secteurs. »

 

Des initiatives qui permettent ainsi de faciliter le partage entre pairs. « Il faut entretenir une liberté de parole sur les projets qui ont été menés et les résultats qui ont pu être relevés, positifs ou non. Face aux effets de modes et aux mutations du secteur, pouvoir s'affranchir de la pression et discuter entre professionnels est très important », déclare Yann de Feraudy, directeur général adjoint opérations et systèmes d'information pour le groupe Rocher (comprenant les marques Yves Rocher ou Petit Bateau) et membre du conseil d'administration de l'Aslog. « Il y a des sujets où l'on ne pourra pas réaliser de véritables percées dans le domaine de la supply chain sans collaborer avec tout l'écosystème de ce secteur. Chacun sait à peu près optimiser son business mais pour aller plus loin sans ajouter des externalités intenables, nous devons passer à un niveau supérieur de collaboration », juge François-Régis Le Tourneau, qui cite la question de la mobilité urbaine comme exemple. « Pour un groupe comme L'Oréal, il nous semble naturel de contribuer à ces échanges. Il ne faut pas rester en autarcie », précise-il. Même constat du côté d'Orano. « Les groupes de travail sont un élément très important dans les initiatives de l'Aslog. Ceux-ci m'ont ouvert des champs d'action pour l'usage d'outils de reporting ou de planification. Cela a été l'occasion de conforter mes décisions ou de m'apporter de nouveaux regards », souligne François Peignès.

 

Visions de transformation

Au-delà des nombreux groupes de travail mis en place par l'Aslog, celle-ci publie également des ouvrages sur le secteur et ses problématiques. « Le panorama des acteurs de la supply chain, dont la dernière édition est disponible depuis le début du mois de mars, est très utilisé par les recruteurs », raconte Jean-Michel Guarneri. « L'Aslog doit produire des documents de référence et de cadrage qui aideront à mener les transformations nécessaires en entreprise en mettant en lumière ce qui se passe dans la communauté supply chain », juge quant à lui François-Régis Le Tourneau. Proposer des retours sur la mise en place d'outils ou sur des réorganisations internes : voilà ce que propose le récent recueil de l'Aslog, intitulé Supply Chain Vision #2019-2020, sorti en fin d'année 2018 et dont François-Régis Le Tourneau a été directeur de publication. « Nous voulions montrer qu'il y a des grands acteurs de la supply chain en France et en Europe, capables de présenter leurs actions et leur vision sur le futur proche de notre secteur », explique-il.

 

Résultat : 20 témoignages de personnalités issues de grandes entreprises, de PME ou du monde de la recherche (parmi lesquelles des collaborateurs de Renault, IBM ou GS1) dont les sujets gravitent autour des thématiques identifiées par l'Aslog : l'agilité et la résilience des organisations ; la nouvelle distribution « omnicanal » et « client centrique » ; l'intégration de l'innovation dans les process et les systèmes d'information ; la prise en compte de la responsabilité sociétale et environnementale ; et enfin la performance des ressources humaines et l'attractivité des compétences.

 

Élargir le champ

Mais il s'agit aussi pour les professionnels de la logistique d'élargir le champ des interlocuteurs et de convaincre l'ensemble des organisations de l'importance de ces sujets. « Les dirigeants d'entreprise, financiers et actionnaires doivent prendre conscience qu'ils doivent s'associer à nos démarches et intégrer la supply chain dans leurs directions exécutives. Il est crucial de ne pas réfléchir qu'entre spécialistes », estime Jean-Michel Guarneri. « Il faut embarquer d'autres acteurs dans nos échanges et faire reconnaître la supply chain comme une filière métier. Il y a un vrai travail d'interface à faire », confirme François Peignès. C'est dans ce sens que sont désormais organisées annuellement les Rencontres internationales de la supply chain, réunissant chefs d'entreprises et experts pour une journée de débats et d'échanges. Sa prochaine édition, le 20 juin 2019 à Paris, sera consacrée à la satisfaction durable et responsable. « Comment réconcilier la croissance et la qualité du service au client avec les responsabilités sociétales et environnementales de l'entreprise ? Voilà la problématique soulevée durant cet événement », résume François-Régis Le Tourneau. Ces questions reviennent sur les lèvres de nombreux logisticiens aujourd'hui. « Il est crucial de penser à l'impact de sa supply chain en termes de RSE. La question de la traçabilité étendue auprès des sous-traitants constitue une vraie problématique par exemple, avec un devoir de vigilance toujours plus important », détaille Yann de Feraudy.

 

Nouveaux talents et PME

Réunissant de nombreux grands groupes, l'Aslog souhaite également étendre sa couverture en allant chercher les ETI et les PME pour mieux les accompagner. « Si certaines problématiques supply chain, comme l'omnicanalité, sont communes à celles des grands groupes, d'autres sont plus spécifiques et il est crucial de les identifier. N'ayant pas toujours les capacités de s'entourer de professionnels du sujet, c'est la direction générale de ces entreprises qui assume la responsabilité des questions supply chain et logistique. En rejoignant l'Aslog, elles ont accès à un réseau d'entreprises leur permettant de partager sur leurs transformations et de bénéficier de boites à outils pour mieux identifier leurs problématiques », détaille Jean-Michel Guarneri. Parmi les grands projets de l'association en 2019, un groupe de travail aura ainsi pour thématique : « Quelle supply chain pour les ETI ? » Autre cible de l'Aslog : les startup. « Nous voulons identifier les jeunes pousses ayant de bonnes idées et les amener vers les grands groupes. L'idée est de marier innovation et expérience », détaille François-Régis Le Tourneau. « Nous voulons proposer un pool de solutions de confiance et faciliter la mise en place de pilotes au sein de la communauté », explique Yann de Feraudy.

 

Dans sa stratégie de valorisation des métiers et du secteur, l'Aslog souhaite également continuer à créer des ponts auprès des organismes de formation pour faire venir de nouveaux talents vers la supply chain. « Notre écosystème est insuffisamment pourvu de ressources compétentes. Nous manquons de clarté sur les formations et nous avons de vraies difficultés à trouver des ressources motivées et qualifiées. Il y a donc des interfaces à développer avec les écoles et universités pour accroitre l'attractivité des métiers de la supply chain », juge François Peignès. D'autant que la supply chain recrute et peut conduire à de belles carrières. « De plus en plus de directeurs supply chain évoluent vers des postes de directeurs généraux. C'est le signe de l'importance grandissante que prend le sujet au sein des entreprises », souligne Yann de Feraudy. Dernier sujet d'actualité pour l'Aslog, sa présence à l'international. « Il est dans l'ADN de l'association d'apporter une vision globale à ses membres », précise Jean-Michel Guarneri. En Europe, des collaborations se multiplient ainsi avec des organismes tels que le BVL en Allemagne ou au sein de l'association logistique européenne ELA. Outre-Atlantique, une collaboration a également été signée avec l'Apics (association américaine pour le supply chain management) fin 2017 pour la mise en place d'un programme nommé CLTD (« Certifié en logistique, transport et distribution »). Son objectif ? Offrir un ensemble de connaissances-clés et fixer des standards de bonnes pratiques dans les domaines de la logistique, du transport et de la distribution.

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