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et logistique

Interview

Entretien avec Jean-Paul Guichard, directeur supply chain de PepsiCo France

Lancée en 1993, la filiale française de PepsiCo s’occupe de la distribution des marques du groupe international spécialisé dans les produits alimentaires et les boissons (Tropicana, Pepsi, Quaker, Doritos) avec l’aide de 620 collaborateurs. Face à sa croissance, la logistique de l’entreprise a récemment évolué, avec la construction d’un nouveau site automatisé dans le nord de la France et une digitalisation toujours plus forte de ses process. Retour sur ces mutations avec Jean-Paul Guichard, directeur supply chain.

Publié le 17 octobre 2019 - 14h28
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PepsiCo

De quelle manière s’organise la logistique de PepsiCo France aujourd’hui en termes d’équipes, de sites et de flux de distribution ?

Nous avons fait le choix d’externaliser notre supply chain et de miser sur 70 partenaires de confiance. Nous ne sommes pas propriétaires de nos entrepôts, de nos camions et de nos usines mais préférons nous appuyer au quotidien sur trois embouteilleurs, trois prestataires logistiques et une soixantaine de transporteurs. Ce choix d’externaliser est simple : avoir recours à des entreprises locales nous permet une meilleure efficacité au quotidien, d’éviter les trajets trop longs et de pouvoir utiliser les sites pour la production et le stockage. Nous sommes ainsi plus proches de nos clients et de nos consommateurs finaux. En interne, une équipe de 80 personnes travaille en contact direct avec les prestataires de transport, les 3PL et les industriels. L’ensemble de l’équipe est basé au siège de PepsiCo France et se répartit en trois pôles : le planning, la logistique et le consumer service (qui gère approvisionnement et projet de collaboration).

 

Quels sont les défis auxquels est confrontée la supply chain de PepsiCo aujourd’hui ?

Depuis son lancement, les principaux enjeux de la supply chain restent identiques. Il s'agit d’optimiser les coûts, de s'adapter à l'évolution de l'activité économique, d'offrir le meilleur service aux clients sans oublier la volonté de proposer une supply chain durable. Étant donné que nous avons doublé de taille ces dix dernières années, nous avons décidé de travailler en collaboration avec notre partenaire historique Refresco pour la construction d’un nouveau site dans le nord de la France qui permettra de régionaliser les livraisons. Le projet, situé au Quesnoy (59), va permettre au groupe de rééquilibrer l’ensemble de sa logistique entre la moitié sud de la France, qui restera opérée par Refresco depuis le hub de Saint-Alban-les-Eaux (Loire), et la moitié nord, qui sera donc à terme opérée depuis le nouveau hub du Quesnoy. Le chantier a démarré en février 2018 avant la mise en service en 2020 d’une unité de production flambant neuve. Ce nouveau site sera doté d’un entrepôt entièrement automatisé avec des transstockeurs d’une capacité de 30 000 palettes et d’un site d’embouteillage pour former un hub logistique complet. Il nous permettra de régionaliser les déplacements en concentrant l’intégralité de notre offre pour la distribuer dans le nord de la France.

 

La digitalisation des flux et la mise en place de solutions innovantes font-elles partie des évolutions mises en avant pour faire évoluer votre supply chain ?

Tout à fait. Nous avons procédé à une refonte de nos outils qui s’inscrit dans la volonté du groupe de disposer d’un outil de pilotage harmonisé en Europe. Fournie par l’éditeur JDA Software, la solution choisie en France, marché pilote pour le groupe, comprend la prévision des ventes, la planification, le MRP (material requirement planning) et le DRP (distribution resource planning). Aujourd’hui, ce sont une quarantaine d’usines et une dizaine d’entrepôts qui sont pilotés par ce nouvel outil. De plus, nous réfléchissons actuellement à la mise en oeuvre de nouvelles solutions sur la partie transport. En parallèle, nous cherchons continuellement à améliorer notre relation et notre service client. C’est pourquoi nous travaillons également sur des projets de visibilité de la disponibilité des produits en linéaire. Il s’agit du programme OSA qui permet d’anticiper les ruptures de stock. Nous l’avons d’ores et déjà mis en place chez deux enseignes. Résultats : ces clients ont enregistré une baisse de leurs ruptures linéaires de 1,5 %. Avec des marques fortes, comme Pepsi, 7Up ou encore Lipton Ice Tea, notre supply chain se doit d’être efficace et réactive aux aléas, tant en termes de production que de livraison ou de stockage. Cette agilité est nécessaire au quotidien et nous pouvons nous appuyer sur l’ensemble de nos partenaires pour s’adapter à des demandes qui varient énormément.

 

PepsiCo a mis en place des partenariats à long terme avec ses transporteurs. Comment ces collaborations se sont-elles faites ? Avec quels moyens et pour quels résultats ?

Pepsico France a en effet une collaboration durable avec ses transporteurs, certains étant associés à notre supply chain depuis la création même de la filiale française il y a 25 ans. Nous nous devons de proposer un service irréprochable et de fluidifier au maximum l’ensemble du processus d’acheminement entre les usines et les magasins. La supply chain est un puissant accélérateur de développement. Ces relations se sont bâties en maintenant des échanges réguliers (quotidiens pour les aspects opérationnels, mensuels et annuels pour les aspects bilans de saison et négociation). C’est essentiel : notre supply chain gère près de 150 000 commandes par an, avec un taux de service de 98,2 % sur ce premier semestre 2019, toutes catégories confondues. Des actions de fidélisation sont aussi mises en place, comme notre Journée des partenaires. Cet événement annuel anime les relations avec les transporteurs dans la durée.

 

La question de la RSE est aujourd’hui prégnante pour les acteurs de la supply chain. Comment celle-ci se traduit-elle chez PepsiCo ?

Le commerce connaît une révolution, due aux changements profonds des modes de consommation et des consommateurs eux-mêmes, qui se sentent de plus en plus concernés par les enjeux environnementaux. PepsiCo France travaille avec ses partenaires pour une supply chain moins énergivore et plus durable. Pour réduire son empreinte carbone tout en offrant de plus grande fréquence de livraison aux clients, le groupe mutualise par exemple les transports de boissons avec d’autres groupes afin de faire rouler des camions totalement remplis et ainsi amoindrir les émissions CO2. Nous encourageons également nos prestataires de transport à utiliser les camions nouvelle génération Euro 6. Pour les plus longues distances, nous favorisons le train et 25 % de notre activité food est d’ailleurs transportée ainsi. Nous allons aussi être accompagnés par un organisme externe, Fret 21 [initiative lancée par l’Ademe et AUTF visant à inciter les chargeurs à mieux intégrer l’impact des transports dans leur stratégie de développement durable], qui nous aidera dans cette démarche de diminution de notre empreinte carbone.

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