media supply chain
et logistique

Interview

Entretien avec Etienne Page, directeur du développement de SDZ ProcessRéa

Depuis plusieurs années, une logistique fortement industrialisée se déploie dans une série de grands sites en France, avec des sites automatisés en grande hauteur, capables de répondre aux nouveaux besoins supply chain. Etienne Page, directeur du développement du cabinet de conseil et d’ingénierie SDZ ProcessRéa revient sur ces développements, leurs atouts et la façon dont ils peuvent s'inscrire dans une démarche vertueuse et responsable.

Publié le 25 février 2021 - 12h35
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SDZ ProcessRéa

Chez SDZ ProcessRéa, vous prônez le développement d’une logistique à la fois automatisée et éco-responsable. Comment ces deux éléments co-existent-ils avec des contraintes écologiques toujours prégnantes ?

La prise de conscience des enjeux environnementaux par les consommateurs se traduit par des volontés fortes au niveau industriel et devient une préoccupation majeure des projets. Heureusement pour le secteur logistique, être plus vertueux rime souvent avec une plus grande sobriété, et donc davantage d’économies. En effet, les deux sources de coûts en logistique sont l’espace et le temps. Sur des sites très automatisés, il est donc possible de chasser les mètres carrés inutiles et de réduire au maximum les minutes perdues dans les process pour développer des sites plus vertueux, et moins coûteux. Nous avons des exemples où un système automatisé est même moins cher qu’un système classique ! Ce n’est pas le cas sur tous les projets et l’enveloppe d’investissement est généralement plus élevée (parfois plus de 100 millions d’euros), mais le ROI est souvent rapide, car les coûts d’exploitations sont réellement réduits.

 

À quoi ressemblent ces nouveaux sites logistiques ?

Nous nous éloignons de plus en plus du modèle conventionnel d’entrepôt, c’est-à-dire des enveloppes construites rapidement pour héberger des opérations manuelles simples. Nous développons des bâtiments conçus spécifiquement pour une fonction industrielle, sur un modèle que nous qualifions d’intensif. Cela se traduit de façon très concrète par une densification des espaces de stockage pour diviser de deux à quatre fois la surface au sol, avec des constructions en hauteur et des transstockeurs. Cela va réduire l’emprise, l’artificialisation des terrains et simplifier les opérations, car un site densifié nécessite moins de déplacements. Le stock y est en permanence piloté par l’informatique, grâce à des outils industrialisés. Les process de stockage, à faible valeur ajoutée, y sont le plus possible automatisés. Sur l’aspect environnemental, ces projets se créent autour d’études très poussées pour obtenir un bâtiment le plus neutre possible d’un point de vue énergétique, et respectueux de son environnement : panneaux solaires sur les toits, biomasse pour produire de l’énergie, végétalisation des sites et toitures, travail sur la biodiversité pour éviter les impacts sur la faune et la flore. Ce ne sont pas des sujets nouveaux, mais ils sont de plus en plus importants pour nos clients, et mettent en lumière des projets industriels qui deviennent les vitrines d’un savoir-faire industriel français. C’est une vraie démonstration de leur empreinte positive.

 

Est-il difficile de développer ce genre de site ?

Nous sommes face à des projets de plus en plus complexes. En France, cela fait des années que nous avons désindustrialisé et perdu les compétences requises pour mener à bien des réalisations de grande ampleur. Nous redécouvrons désormais la nécessité de concevoir des projets de ce type, car la logistique en a besoin pour ses grands sites automatisés. Des obstacles administratifs induisent également un temps supplémentaire en France par rapport à des pays comme les États-Unis ou le Japon. Il y a nécessité de trouver un consensus avec les salariés, les élus locaux ou les riverains.  Une fois le bon barycentre trouver pour optimiser les flux, la première étape consistera ainsi à étudier les PLU afin d'identifier la zone la plus appropriée. Et si jamais cela n’est pas possible, on peut alors lancer une discussion pour modifier ces PLU. Cela prend du temps, mais en argumentant autour des aspects vertueux et porteurs d’emplois de ces projets logistiques, on peut parvenir à assouplir certaines règlementations locales. La logistique souffre d’un déficit d’image, elle est vue comme un poste de coût, de dérangement, de pollution... Cette vision change progressivement, car elle se révèle au contraire un levier pour une politique environnementale et sociale efficace dans les territoires. Proposer des opportunités dans des zones industrielles sinistrées est très bien accueilli par les élus locaux par exemple. Il est également nécessaire de montrer que la présence de solutions d’automatisation ne vise pas à réduire l’emploi, mais à proposer des transformations positives, avec moins de postes difficiles, et plus de préparation de commandes à l’unité avec des opérateurs dédiés, travaillant sur des postes goods-to-man. Ces derniers sont moins pénibles et peuvent amener une féminisation des emplois. En France, nous sommes en retard par rapport à certains voisins comme l’Allemagne. Il y a longtemps eu des craintes autour des projets automatisés, souvent infondées. Et cela convainc parfois les investisseurs de ne pas réaliser les projets dans l'Hexagone mais plutôt aux frontières, en Belgique ou en Allemagne, ce qui  a pour conséquencxec d'apporter sur notre territoire davantage de camions sur les routes ! Il est donc nécessaire de prendre conscience qu’il ne faut pas mettre de bâtons dans les roues des projets automatisés, et au contraire favoriser leur implémentation raisonnée.

 

Comment garder une marge d’évolution dans un entrepôt fortement industrialisé ?

Nous constatons que les investisseurs craignent désormais moins de faire appel à ces solutions automatisées, qui pouvaient auparavant être considérées comme risquées, avec la peur d’avoir un bâtiment moins versatile et transformable. En réalité, il suffit de bien prendre en compte les potentielles évolutions des flux et des contrats dans le développement du projet, ce que l’on appelle la fongibilité. Dans un entrepôt grande hauteur par exemple, dès la conception, nous allons prévoir l’adaptabilité du stockage de palettes au fil du temps : plus lourdes (avec des structures plus solides), plus grandes (rééchelonnement de l’espace avec des zones de stockage reconfigurées très rapidement), nécessitant de nouveaux développements informatiques, etc.

 

Quels projets avez-vous pu mener récemment chez SDZ ProcessRéa ?

Beaucoup de nos projets en cours sont très stratégiques, et donc confidentiels. Parmi nos référence passée, la solution complète conçue pour la Socamaine [centrale d'approvisionnement régionale du mouvement E. Leclerc basée près du Mans] est un projet de logistique intensive qui est l’exemple type des réalisations que nous pouvons développer pour la grande distribution, avec une rationalisation de l’outil de stockage et une optimisation des flux de marchandises. Ici, nous avions utilisé une passerelle mécanisée pour les mouvements entre les différents bâtiments du site. Chez SDZ ProcessRéa, nous accompagnons donc les clients depuis le schéma directeur jusqu’à la montée en charge des installations. Nous menons actuellement plusieurs projets avec des hauteurs de 40 mètres, certains disposant de plusieurs cellules en grande hauteur.

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