media supply chain
et logistique

Innovation

Un emballage en mutation

Publié le 3 octobre 2016

2. Optimisation : Une approche end-to-end

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Comment observer les externalités et les impacts financiers générés par l'emballage de bout en bout pour mieux l'optimiser ? C'est par des biais économiques, écologiques et ergonomiques que se construit l'emballage valorisé de demain. Un triptyque complexe où chaque pilier tend néanmoins à se compléter.

Face à cette période d'évolution du monde de l'emballage, où la génération de demain s'imprègne d'un idéal de “more with less” (plus avec moins), l'Observatoire All4Pack 2015 s'est intéressé aux forces qui sous-tendent la dynamique d’innovation dans ce domaine. Chez les acheteurs, plusieurs facteurs priment dans l'évolution de leurs emballages : s'avèrent ainsi « très importants » pour les répondants à 65 % « la réduction des coûts », « les réglementations et mise aux normes » à 43 % et le recyclage des matériaux à 35 %. 49 % jugent « important » le développement durable (aspects social, sociétal, environnemental, RSE) et 45 % la lutte contre le gaspillage. Des chiffres qui illustrent les principales attentes liées au secteur : des emballages conçus dans un souci de respect de l’environnement, capables de créer des économies sur la chaîne logistique et de répondre à des impératifs sociétaux. « Il est intéressant d'aborder la question de l’emballage au travers de ces trois visions : environnementale, sociale et économique. Par ces trois axes, on peut clairement trouver des champs d’optimisation sur l’emballage », commente, à ce sujet, Julien Darthout, délégué général du Club Déméter, (association regroupant les acteurs de la chaîne logistique afin de développer des pratiques de logistique durable). 

 

De l'économie à l'écologie

Aujourd'hui les clients souhaitent avant tout réduire leur coût global soit à la fois celui de la matière et celui de la logistique. La constante étant d'avoir la meilleure solution possible au meilleur prix, il s'agira alors d'optimiser notamment la consommation de matière et le remplissage des palettes. Pour y parvenir, les acteurs de l'emballage conçoivent des solutions génératrices de valorisation : « Que ce soit dans l'industrie chimique, la construction ou encore l'industrie alimentaire, l'emballage rationnel de produits sur palettes est un facteur de compétitivité déterminant pour un grand nombre d'entreprises. La protection contre les intempéries en cas de stockage extérieur, la sécurité du transport, la présentation des produits emballés, ou encore la protection contre le vol sont concernées. L'efficacité des processus, la réduction des coûts – consommation d'énergie et de matière – et la productivité, c'est-à-dire le nombre de palettes produites par l'entreprise dans un certain laps de temps, sont tout aussi déterminantes », détaille Gregor Baumeister de Beumer Group.

 

Chez Easypack, société spécialisée dans les solutions de calage, Manuel Fernandez, directeur d'Easypack France, indique : « Notre volonté, depuis de nombreuses années, est de travailler avec du papier 100 % recyclé et de développer des produits tels qu’un broyeur de cartons pour pouvoir réutiliser les vieux cartons usagés en matériaux de calage. Nous souhaitons utiliser des tramachines qui permettent de recycler les déchets papier et carton en les revalorisant ». Easypack est amenée à travailler pour des secteurs comme l’ingénierie, la cosmétique, l’électronique ou encore le e-commerce. « Aujourd'hui, l’e-commerce s'adresse en grande majorité aux particuliers et le papier froissé est le seul matériau bénéficiant d’une filière de recyclage pérenne. Tous les autres matériaux sont enfouis ou incinérés », commente Pascal Hervouet, responsable des ventes d’Easypack France.

 

Chez Beumer Group, l'installation stretch hood, solution d'emballage sous housse étirable, allie également vision économique et écologique avec une réduction de 30 % de la consommation de film et de 90 % de la consommation d'énergie : « Le film s'adapte au produit empilé sur la palette. Contrairement au houssage par film rétractable, ce processus d'emballage ne nécessite pas de chaleur : le film ne colle donc pas au produit. Ce procédé permet d'autre part le stockage en hauteur – l'emballage s'arrête alors au pied de la palette – ou également un ancrage sous palette. La surface lisse et non perforée du film assure, en outre, une visibilité parfaite de la marchandise emballée. Les codes-barres appliqués sur le produit sont, de plus, parfaitement lisibles et le film utilisé est recyclable », commente Gregor Baumeister. 

 

Cette prise en compte écologico-économique ne s'aborde pas forcément de manière naturelle et peut nécessiter un apprentissage chez les opérateurs. Easypack inclut par exemple dans la location de ses machines une formation « car le papier est un matériau intelligent qui va se travailler avec différentes méthodes selon ce que l'on souhaite faire : du remplissage de vide, du calage technique, de la protection », détaille Pascal Hervouet. « Nous essayons de communiquer sur des témoignages clients véhiculant l'aspect positif de la recyclabilité et de nos techniques d'emballage car l'on peut réduire presque par deux les matériaux de calage consommé en dispensant une formation auprès des opérateurs sur la manière d'optimiser nos produits. Mais ce sont des actions qui passent par le terrain et non simplement en lisant notre site », précise Manuel Fernandez. Prise en compte, la contrainte écologique vient en outre améliorer la satisfaction de bout de chaîne, c'està- dire le client final dans le cadre du e-commerce : « Réaliser des colis plus petits contribue aussi à améliorer l'expérience du consommateur qui, en le recevant, constate que l'aspect environnemental a été considéré, au contraire d'un colis sur-dimensionné contenant un petit produit… », juge Carine Guerbet, strategic marketing manager chez Neopost Shipping, spécialiste des solutions de gestion des expéditions et livraisons. 

 

Réduire la pénibilité

Si l'un des objectifs principaux consiste à réduire les coûts, les clients vont aussi se pencher sur la question de la gestion des risques, c'est-à-dire à faire en sorte que l'emballage les minimise à tous niveaux : risque de fatigue ou de TMS des opérateurs, risques de gâche dans la supply chain… Ce qui revient à s'interroger sur la manière de dimensionner l'emballage pour qu'il ne soit pas surqualifié mais résiste parfaitement au cycle de vie du produit : « Nous allons donc, dès le départ, interroger nos clients sur leurs conditions de transport et de stockage des emballages, sur l'hygrométrie, le gerbage, etc. Tous ces paramètres seront intégrés à notre étude, détaille Gérard Mathieu de Smurfit Kappa. Si la solution souhaitée par le client est manuelle, il nous demandera qu'elle génère le moins de mouvements possibles et que nous optimisions l'ergonomie du poste de montage. Nous travaillons sur des systèmes de formation rapides où il n'y aura qu’un minimum de mouvements pour mettre la caisse en volume et fermer des rabats. Dans le cas de postes non automatisés où il faut néanmoins aller vite, nous proposons des solutions de montage dits semi-automatiques, c'est-à-dire que lorsque l'on déplie la caisse, le fond se forme automatiquement ». Dans le cas d'une solution automatisée, « nous optimiserons l’ergonomie du poste de conditionnement en proposant des magasins de chargement de découpes permettant de minimiser le nombre de re-remplissages », poursuit-il.

 

Des prises en considération ergonomiques allant dans le sens d'une augmentation de la productivité mais aussi d'une réduction de la gestuelle et donc de la pénibilité, valables également chez Easypack. « Nous avons développé des postes d'emballage permettant d'intégrer nos machines, le pesage et l'informatique à des sytèmes transitiques de type convoyeur pour véhiculer les colis depuis la table d’emballage jusqu'au quai d’expédition. Nous développons, designons et adaptons nos machines dans ces lignes d'emballage pour qu'elles soient intégrées à un flux logistique global et éviter d'avoir des gestes non productifs ou pénibles pour les emballeurs », indique Pascal Hervouet.

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