media supply chain
et logistique

Innovation

Un emballage en mutation

Publié le 3 octobre 2016

3. Travailler de concert Pour améliorer la supply chain et le transport

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L'emballage, que ce soit dans sa conception, ses dimensions, son stockage, manipulation, ou sa réutilisation, a un impact direct sur la performance du transport et de la supply chain dans son ensemble. Pour l'optimiser, l'ensemble des maillons de la chaîne doivent collaborer. 

Pour parvenir à réduire ses coûts en optimisant le poste emballage, il s'agira de travailler sur une configuration de regroupement qui permette de maximiser à 100 % si possible le taux de remplissage palette tout en conservant des rapports dimensionnels longueur/hauteur/largeur nécessitant un minimum de consommation de carton, comme le stipule Gérard Mathieu de Smurfit Kappa : « Dans la suppy chain, la performance du transport et du stockage va être directement liée à la façon dont on a dimensionné et conçu l'emballage. » Illustration ? « Le mécanisme du carton ondulé consiste à réaliser du sur-mesure à l'échelle industrielle. En fonction du produit à emballer, de la quantité de regroupement qui nous est demandée (et que nous remettons parfois en question), nous allons commencer par faire une étude d'implantation des produits dans la boîte afin d'optimiser la logistique, à savoir le taux de remplissage des palettes ainsi que celui des camions ». L'emballage revêt alors une importance fondamentale puisqu'il doit permettre d'optimiser ou du moins de faire évoluer positivement la supply chain ou/et le transport.

 

Les fournisseurs de solutions d'emballage et leurs clients se doivent donc de prendre en compte l'ensemble de la chaîne dans leurs calculs : « Les clients ont toujours en tête la donnée transport. Si le colis est plus petit, ils peuvent en mettre davantage dans les camions des transporteurs. En participant à l'optimisation des ressources de ces derniers, ils sont dans une position plus confortable pour optimiser les coûts à court ou moyen terme », témoigne Gérard Azé, directeur marketing et communication de Neopost Shipping. La société spécialiste des solutions de gestion des expéditions et livraisons a d'ailleurs mis en place une solution d'optimisation d'emballage adoptée par l'acteur majeur de l'e-commerce Cdiscount. Là encore, l'optimisation de l'emballage, outre ses gains économiques, a fait valoir ses bénéfices tout au long de la chaîne : « En ajustant la taille du colis au près du volume des produits, cette innovation nous permettra de diminuer notre consommation carton à hauteur de 15 %, de réduire notre empreinte carbone de près de 30 % grâce à une réduction forte des camions utilisés pour livrer nos clients et surtout d’offrir au client une meilleure expérience d’achat », estime Pierre-Yves Escarpit, directeur supply chain et IT de Cdiscount.

 

Concernant l'emballage tertiaire, il existe aussi des types d’emballage en aluminium, matériau résistant permettant de gerber les palettes les unes sur les autres : « On s'aperçoit souvent qu'on recherche, dans les transports, une optimisation en surface mais pas en volume des camions. On vient souvent saturer les mètres carrés mais pas les mètres cubes, sauf dans le cas des produits pondéreux. L'aluminium apporte la garantie de ne pas abîmer le produit tout en gerbant des palettes qui sont hétérogènes », détaille Julien Darthout. Pour les distributeurs faisant face à des flux de distribution très importants et hétérogènes, cette question devient primordiale. « Les grands distributeurs, Auchan, Carrefour ou encore Casino ont ainsi parfois développé eux-mêmes des emballages spécifiques pour optimiser le maillon transport. L'émergence des bacs en plastique réutilisables pour les fruits et légumes à la fin des années 90 – début des années 2000 est par exemple due entre autres à des chantiers d'optimisation des moyens de transport », témoigne le délégué général du Club Déméter.

 

De bout en bout de la chaîne

L'emballage nécessite une collaboration tous azimuts sur la chaîne tant dans la technique, le marketing que dans l'export. Un metteur sur le marché ne peut dès lors plus réfléchir à son emballage seul. Il raisonne sur l'amont, dès le démarrage et jusqu'à la fin du cycle de vie du produit. « Les sources d'économie et de pertinence se trouvent tout au long de la chaîne. L'emballage n'est plus une unité à un moment X dans la relation client-fournisseur. Cela se conçoit du début à la fin », entérine Véronique Sestrières, directrice du salon All4Pack Paris. La bonne pratique consiste de ce fait à concevoir un emballage respectant conjointement les exigences opérationnelles de la logistique et celles du marketing. Néanmoins, si l'aspect logistique semble bien considéré, un important levier de manoeuvre subsiste encore sur l'aspect marketing : « Les impératifs de départ sur le plan marketing ne prennent pas toujours en compte la logistique. Il arrive de se retrouver avec des emballages primaires qui ont été dessinés pour des raisons marketing très claires mais amenant à des formats dimensionnels qui auraient pu être améliorés. Et lorsqu'on commence à s'intéresser à la logistique, on s'aperçoit alors que si l'on avait modifié de quelques millimètres l'une des trois dimensions, on aurait pu optimiser considérablement le plan de palettisation », évoque Gérard Mathieu.

 

Si certaines entreprises ont parfaitement pris conscience de cette complexité et disposent d'ingénieurs packaging tenant compte de ces spécificités dès le départ, d’autres n’intègrent pas l'emballage de transport dans leur phase d'étude. Des efforts restent donc à fournir pour impliquer toujours davantage les différents maillons de la chaîne travaillant à la constitution d'un emballage optimisé. Si l'on en croit les derniers résultats du Baromètre CPV-Déméter 2016 (interrogeant notamment sur le lien entre marketing, supply chain et développement durable dans les entreprises du Club), la prise de conscience ne serait pas loin : 50 % des sondés souhaitent davantage de collaboration entre le marketing et supply chain afin d'optimiser cette dernière. Pour la moitié, le service marketing doit ainsi réfléchir à la conséquence de ses choix sur la supply chain.

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