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et logistique

Innovation

Start-up, nouveaux leviers de l'innovation logistique

Publié le 5 avril 2018

2. Quand les grands viennent jouer dans la cour des petits

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Si les liens entre start-up et grandes entreprises se sont globalement multipliés et solidifiés au cours des dernières années, certains chargeurs et logisticiens sautent également le pas. Appels à projets, accélérateurs, investissements : tour d’horizon de quelques-unes de ces fructueuses rencontres.

« Les entreprises adorent l’innovation… quand elles sont sûres que ça va marcher ! ». Derrière ces mots rieurs d’un entrepreneur, c’est toute la complexité des rapports entre grands groupes et start-up qui se dessine. Cependant, des initiatives diverses se multiplient du côté des prestataires logistiques et des chargeurs pour s’associer à ces jeunes entreprises. « Il y a un changement dans le mode d’intégration des start-up », constate Julien Dutreuil, directeur associé du cabinet Bartle. « Beaucoup d’entreprises s’ouvrent à l’innovation externe, admettant que celle-ci ne pourra pas venir de l’intérieur ». Exemple : le récent appel à projets innovants d’ID Logistics. Lancé en juin 2017 autour des thématiques du smart entrepôt et de la digitalisation, cet API a permis au logisticien de couronner trois entreprises qui pourront ainsi engager des projets pilotes tout en bénéficiant d’un suivi et d’un accompagnement avec ses équipes.

 

Arrivée première, la solution Livejourney propose un algorithme breveté capable de piloter les opérations et de prédire l’évolution des activités sur l’ensemble des process logistiques. Pour son CEO, Simon Pioche, cet appel à projets est une vraie opportunité : « C’est une initiative très valorisante pour nous et qui semble être très suivie dans le secteur, ce qui nous a déjà valu quelques rendez-vous avec des entreprises ». Après un premier mois d’immersion au sein du site ID Logistics de Bollène (84), Livejourney vise maintenant une première livraison de sa solution pour mars 2018. « Cette collaboration va nous permettre de tester sur le terrain notre module prédictif qui n’avait pas été encore déployé sur un projet supply chain », explique Simon Pioche. « ID Logistics a mis les moyens et a totalement accepté la réalité de l’innovation : le fait qu’il soit possible de se tromper ou d’échouer, mais qu’il y aura toujours quelque chose à en apprendre. Les équipes sont très impliquées, à tous les niveaux ».

 

L’e-commerce met un coup d’accélérateur

Une dynamique qui se retrouve également du côté des acteurs de l’e-commerce. Cdiscount a ainsi lancé en juillet dernier son accélérateur The Warehouse, laboratoire d’innovations situé à Cestas (33) où des start-up peuvent développer et tester leurs solutions pendant six mois dans les 300 m² d’un entrepôt recréé pour l’occasion, aux côtés des experts supply chain de l’e-commerçant. C’est également le cas de Vente-privee.com avec son accélérateur Impulse, situé en plein coeur de la Station F, le start-up campus parisien de 34 000 m² lancé par Xavier Niel. Pour le géant de la vente en ligne, l’objectif est de poursuivre sa politique de R&D dans l’« open innovation » en accompagnant la croissance de jeunes pousses. Parmi celles-ci, on retrouve Shipup et sa solution dédiée à l’expérience post-achat, entre logistique et marketing. « Après avoir déposé notre dossier, nous avons été contactés très rapidement », raconte Romain Ogiela, fondateur. « Nous répondions à un problème qu’ils se posaient déjà. Quand nous avons commencé à travailler ensemble, Vente-privee.com, m’a indiqué que cela faisait six ans qu’il réfléchissaient à un modèle comme Shipup. » Une chance également pour la start-up qui a pu bénéficier du prestige de ce parrain de renom pour présenter sa solution auprès de l’écosystème du e-commerce. « Cela nous a apporté beaucoup de visibilité et un gage de crédibilité énorme auprès des autres sites marchands. Nous avons également pu roder notre produit sur de plus gros volumes ».

 

Amour filial

Mais certains vont encore plus loin. C’est le cas du spécialiste de la logistique industrielle Idea. Dans le cadre d’un grand programme interne autour de la digitalisation, le groupe s’est intéressé de près au développement de jeunes pousses. « Face à ces sujets, on ne peut pas agir seul. Nous voulons développer tout un écosystème d’entreprises autour de nous », résume son PDG, Bruno Hug de Larauze. C’est dans cet esprit qu’Idea a investi dans Fifty Truck, une plateforme en ligne intelligente chargée de rapprocher expéditeurs et transporteurs. Vincent Roux, son fondateur, retrace l’origine de cette collaboration : « À la tête d’une agence digitale depuis plusieurs années, j’ai eu l’envie de retrouver un challenge entrepreneurial. C’est à ce moment là que j’ai rencontré Bruno Hug de Larauze qui était en pleine réflexion autour de la digitalisation de son groupe. Il y a une vague profonde de changements dans le transport qui nécessite automatisation et digitalisation. C’est sur ces bases qu’a débuté Fifty Truck. » Lancée au début de l’année 2017, la jeune pousse a été accompagnée financièrement par le groupe Idea pendant toute sa période de R&D. Un partenariat qui se prolonge aujourd’hui alors que la solution s’ouvrira au public au printemps 2018. « Idea est notre mécène et notre propulseur. Aujourd’hui, nous sommes une de leurs filiales. Mais nous voulons également nous développer vers l’extérieur ».

 

Terrains d’aventures

GT Logistics aussi manifeste un vif intérêt pour le dynamisme entrepreneurial. Après des rapprochements stratégiques (dont l’entrée au capital de HumaRobotics, spécialiste sur les solutions en cobotique), l’entreprise souhaite désormais créer sa propre start-up. Objectif : accélérer la démarche d’innovation et apporter des éléments de digitalisation dans son fonctionnement interne. « Pour le développement de notre activité, nous sentions qu’il nous manquait une personnalité de chef de projet SI qui sache analyser les nouveaux besoins logistiques », admet Éric Sarrat, président de GT Logistics. Pourquoi ne pas avoir alors créé directement un poste en interne ? « Pour des raisons budgétaires mais surtout dans une volonté d’ouverture sur l’extérieur, nous avons privilégié l’esprit startup. Nous avons de grandes ambitions pour cette unité spéciale. Nous souhaitons qu’elle contribue à tirer l’entreprise dans le domaine de l’innovation et couvre un champ d’expertise large ». Pour cela, la future start-up vise le statut de JEI (Jeune entreprise innovante) qui nécessite une part minimum de 15 % de ses dépenses en faveur de la R&D. « Cette entité pourra donc mener de la recherche appliquée sur des sujets tels que l’IoT, les applications ou la robotique ». Cependant, elle gardera des attaches fortes avec son entreprise d’origine. « Le premier client de cette société sera GT Logistics ! Nous avons 35 sites qui seront pour elle autant de terrains d’aventures. » Avec, à terme, la possibilité pour cette structure de développer un courant d’affaires en externe. GT Logistics a clôturé au mois de janvier ses entretiens avec plusieurs candidats et souhaite lancer les premiers jalons de ce projet dans le courant de l’année.

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