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Innovation

Le design de la supply chain prend une nouvelle dimension

Publié le 19 avril 2018

Les logiciels de conception, de modélisation et d’optimisation de la chaîne logistique étendue deviennent des outils indispensables à l’heure de l’accélération des flux de données et des marchandises. Ces solutions ont le grand intérêt de permettre de réévaluer le schéma logistique plusieurs fois dans l’année.

1. Design de la chaîne logistique, mode d'emploi

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Le design de la chaîne logistique ? Comme monsieur Jourdain, les entreprises avaient l’impression d’en faire sans s’en rendre compte...

« La différence est que les industriels disposaient généralement d’un schéma logistique sans réflexion approfondie sur celui-ci, indique Nicolas Henry, senior manager au sein du cabinet Citwell. Leur schéma logistique évoluait par opérations externes et par opportunités en s’attachant principalement à l’optimisation locale et sans prendre en compte tous les paramètres. » Le schéma était réalisé avec l’aide d’un cabinet de consultants et les données rentrées sur tableur, « une manière de travailler qui est de moins en moins efficace avec les exigences du e-commerce et de la digitalisation », poursuit le consultant. Cette époque est aussi révolue car le design du réseau logistique s’aborde sous un angle métier. Les spécialistes de la supply chain doivent réfléchir à l’optimisation globale du réseau, ne regardant pas seulement le point de vue de la performance logistique mais l’ensemble de la supply chain étendue, véritable poumon de l’entreprise.

 

En amont

Pour résumer, le logiciel de design permet la conception et la modélisation du futur schéma logistique. Il commence par modéliser le réseau logistique tel que l’entreprise le connaît en intégrant les fournisseurs, les entrepôts, les usines et les données cartographiques. « L’aspect cartographique est un vrai plus car il permet de passer du calcul macro avec tableurs à des modèles plus proches de la réalité où les cartes de transport sont réelles avec des noeuds routiers précis et des coûts de transport affinés. Ils permettent d’aller à un niveau de détail essentiel aujourd’hui », indique Nicolas Henry. Puis l’entreprise y introduit des paramètres comme les pics de vente, les objectifs de service clients et de stocks, les contraintes industrielles et d’entreposage. « En injectant d’un côté l’historique et de l’autre des contraintes métiers, le logiciel permet de trouver un optimum global pour assurer la cohérence des différents objectifs », souligne Nicolas Henry. Les analystes de la supply chain vont créer plusieurs scenarii qui font bouger ces objectifs : changer un entrepôt de département, passer dans une logique de cross-dock ou, au contraire, revenir à un entrepôt central. Les algorithmes d’optimisation donnent les réponses et trouvent un optimum à présenter à la direction générale qui prend la décision d’adopter le nouveau schéma. Cette solution est-elle pour autant adaptée à toutes les entreprises ? « Si le réseau logistique se révèle assez simple avec quelques entrepôts et peu d’imports internationaux, l’achat d’un logiciel spécialisé n’est pas nécessaire », répond Christophe Philippart, directeur Europe du sud-ouest de Llamasoft, qui commercialise une suite logicielle de design appelée Supply chain Guru X. « Une entreprise qui a 20 000 articles à gérer et à placer en dix familles de produits ne va pas forcément avoir besoin de ce degré de finesse, complète Nicolas Henry. Autre cas : dès qu’une société lance des nouveaux produits, elle émet des hypothèses et ce n’est pas forcément très pertinent de produire des calculs très fins là où les marges d’erreur risquent d’être importantes. »

 

De fait, les solutions de design de supply chain s’adressent généralement à des entreprises au moins de taille intermédiaire. Llamasoft est le seul éditeur à proposer une solution dédiée et vise les sociétés réalisant au moins 800 millions d’euros de chiffre d’affaires. Elle annonce détenir en portefeuille la moitié des 500 plus grandes entreprises mondiales. « Nous considérons que le design du réseau supply chain est aujourd’hui un travail essentiel à réaliser en amont de la planification et de l’exécution logistique », poursuit Christophe Philippart. La dizaine d’autres éditeurs du marché (parmi lesquels Aimms, JDA, Oracle, Quintiq, Profit Point…) proposent une brique consacrée au design dans leur suite logicielle, qu’elle soit spécialisée dans la planification, l’exécution ou l’optimisation de la supply chain. Le module de JDA, « Supply Chain Strategist », fait ainsi partie de la suite « Manufacturing Planning » à destination des industriels ou « Intelligence Fulfillment » pour les distributeurs. « Il s’agit de la déclinaison d’un module qui était davantage focalisé sur la modélisation transport, indique Olivier Lemaitre, vice-président en charge des opérations commerciales sur la France, la Belgique et l’Afrique du nord. Nous avons deux suites de planification qui sont intégrées au reste de l’offre de planification stratégique. Elles peuvent être déployées de façon indépendante mais nous préférons les mettre en oeuvre dans une logique de supply chain intégrée avec l’exécution, de manière plus large. » Plutôt que s’engager directement dans un projet de refonte de son réseau logistique, Llamasoft propose de commencer par une première mission sur douze à dix-huit semaines, « suffisamment importante en termes de bénéfice et suffisamment simple en termes de valeur pour poursuivre avec une équipe dédiée », indique Christophe Philippart. Cette équipe dédiée comprend généralement le représentant supply chain ou des opérations, des opérationnels d’une plateforme logistique et de l’activité, un salarié des finances ou du contrôle de gestion qui validera les modèles et donnera le coup de tampon financier.

 

Modèles vivants et évolutifs

Dernière fonction pertinente représentée : le commercial. Le marketing et la direction générale seront, eux, interrogés. « Il faut définir le cap. Quel est le plan stratégique sur lequel doit s’appuyer le schéma logistique ?, explique Christophe Philippart. C’est au comité de direction de l’entreprise de se prononcer sur ce sujet ». Après injection de toutes les données nécessaires dans le système, l’équipe établit des scénarios. « Nous proposons au minimum deux scénarios, au maximum cinq, qui seront modélisés par la solution, l’idée étant d’en retenir deux avec des variantes et que ceux-ci soient les plus souples possibles pour être adaptables », explique Nicolas Henry. L’intérêt de ce type de logiciel : il permet de réévaluer son schéma logistique à dates régulières. « Le groupe va vérifier trois à quatre fois par an que les décisions prises continuent d’être pertinentes et que la tendance dans laquelle il s’inscrit correspond aux objectifs », ajoute Olivier Lemaitre. « La solution permet, en quelque sorte, de créer des modèles vivants et évolutifs de la supply chain de bout en bout », poursuit Christophe Philippart. Elle permet aussi d’aller plus loin dans l’utilisation des outils pour optimiser la logistique opérationnelle au jour le jour. « C’est ce que nous appelons le “side-tuning”, quand on peut affiner les paramètres comme le niveau de stock ou les pourcentages d’achats chez des fournisseurs, commente Olivier Lemaitre. Par exemple, l’entreprise peut partir sur 40 % d’achats chez un fournisseur et 60 % chez un autre et deux ou trois cycles de vente plus tard, partager 50/50 car le premier a un meilleur taux de service que le second. » À moyen terme et dans l’idéal, l’entreprise se dotera d’une fonction de designer permettant de gérer des décisions transversales. Cette fonction, limitée pour l’instant à des groupes dépassant les 500 millions d’euros de chiffre d’affaires, devrait s’étendre à l’avenir à des entreprises de taille plus réduite tant la fonction devient incontournable dans un monde en perpétuelle évolution numérique.

 

7 % d’économies en optimisant le transport

DHL a utilisé le module « JDA Supply chain Strategist et JDA Transport Modeler » en 2016 pour gérer tout un secteur de biens de consommation au Mexique, soit les marchandises de 13 000 bateaux par an à dispatcher sur 1 500 entrepôts ou magasins. Après avoir intégré les données et les processus de ce secteur, l’expressiste a défini un schéma de transport initial et différents scénarii. Puis il a appliqué les règles business, les commandes, les contraintes, les coûts et les processus des entreprises concernées pour déterminer leur impact sur le scénario global. Un an après la mise en place du nouveau schéma logistique, « nous avons fait 7 % d’économies sur une optimisation du schéma logistique, ainsi qu'une meilleure utilisation des véhicules et de leur nombre d’arrêts », a indiqué Lucas Vaquero, responsable transport et logistique chez DHL Supply chain.

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