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et logistique

Entrepôts

Avec SPI Logistic, « le remplissage des 500 000 chaussettes de Noël Kinder est désormais automatisé »

Le 21 novembre 2017, Ferrero France et SPI Logistic inauguraient main dans la main le site de Saint-Quentin Fallavier (38), en périphérie de Lyon (69). Ouverte depuis le début du mois de juin 2017, cette plateforme dernier cri permettra à Ferrero d’accompagner sa croissance en France en lui offrant une maîtrise complète de sa logistique. Visite de cette confiserie géante aux côtés des équipes instigatrices du projet.

Publié le 27 novembre 2017 - 09h30
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Ferrero/SPI Logistic

Rares sont les enfants (et les adultes) n’ayant jamais mangé un produit Ferrero. Mais malgré son statut de leader, Ferrero reste une entreprise gourmande, avec une croissance soutenue depuis près de dix ans et de nombreux projets de développement... (cf. lire en fin d'article)

 

Sous le même toit

Face à cette irrésistible croissance, la logistique de l’entreprise commençait à se sentir un peu à l’étroit, surtout durant les périodes intenses d’activité telles que Noël ou Pâques, comme l’explique Mohamed Zariouhi, directeur supply chain de Ferrero France : « Nous avons dû réagir vite, au coup par coup, en ouvrant progressivement de nouveaux entrepôts sur le territoire français, jusqu’à arriver à dix sites différents de tailles moyennes. Mais la gestion d’un tel réseau devenait trop complexe. Il fallait donc que nous simplifiions notre schéma logistique. » Ferrero France décide alors de lancer un « plan de modernisation ambitieux, visant à rendre [sa] chaîne logistique plus performante », selon les mots de Jean-Baptiste Santoul, son directeur général. Une réorganisation conçue autour de deux grands principes. Tout d’abord, la réunion sous le même toit des activités permanentes et saisonnières. Un besoin urgent pour l’entreprise selon Mohamed Zariouhi : « Dans la région lyonnaise, nous avions un site pouvant accueillir 12 000 palettes. Mais la demande montait à 25 000 palettes en haute saison, ce qui nous obligeait à ouvrir des entrepôts temporaires. Or, il est difficile de maintenir des standards de qualité sur des sites en activité pour des périodes courtes de trois mois. Nous avons donc décidé de regrouper les activités ponctuelles et permanentes dans des lieux uniques, beaucoup plus grands, afin de mieux prendre en charge la demande et ses fluctuations. »

 

Second axe, l’intégration des activités de conditionnement au sein même des sites de Ferrero. Un élément crucial pour le groupe alors que 20 % de ses produits sont copackés, c’est à dire reconditionnés afin d’être adaptés à une grande diversité de formats, de lieux d’achat et de modes de consommation. Une activité auparavant réalisée en externe, chez des prestataires, dans leurs entrepôts dédiés. « Cela nous obligeait à faire sortir nos stocks de notre chaîne d’approvisionnement. Nous perdions en moyenne de trois à quatre semaines. En réintégrant ces activités sous notre toit, les produits sont disponibles immédiatement après avoir été traités, ce qui nous apporte de la flexibilité et de la finesse. Nous pouvons ainsi produire à la commande plutôt que d’après des prévisions de ventes, et réduire grandement les risques de rupture ou de stocks trop importants », détaille Mohamed Zariouhi.

 

Premier projet d’envergure

Afin de mettre à l’épreuve du terrain ce modèle de fonctionnement intégré, Ferrero France a décidé de débuter sa réorganisation logistique dans la région Sud-Est, aux côtés d’un partenaire capable de l’accompagner de manière durable et innovante. Après un appel d’offre, c’est finalement le groupe SPI et sa filiale SPI Logistic qui ont été choisis, tout particulièrement grâce au savoir-faire du groupe lyonnais en termes de copacking, acquis depuis plus de trente ans. « Nous avons bâti ce projet autour du copacking et les équipes de SPI sont les meilleures en France dans le domaine, avec de vraies compétences en R&D et en ingénierie. Cette expertise leur a permis de nous proposer des solutions sur mesure pour le conditionnement de nos produits dans des délais très rapides », raconte Mohamed Zariouhi. « Nous avons commencé nos discussions à l’automne 2016. Le défi, c’était d’être opérationnels pour Noël 2017. Or, chez Ferrero, cela veut dire commencer à produire dès l’été ! Les équipes de SPI Logistic m’ont assuré que tout serait prêt à cette échéance, et elles ont tenu parole. »

 

Pour le groupe SPI, ce projet avec Ferrero France a une importance toute particulière, puisqu’il s’agit de son premier contrat d’envergure dans le domaine de la logistique depuis la création de sa filiale dédiée, SPI Logistic, en 2014. Un nouvel acteur du secteur, né de la volonté du groupe de limiter les intermédiaires pour ses clients afin de leur proposer une offre supply chain complète, optimisée et nouvelle. C’est donc pour lancer son activité que SPI Logistic a décidé de louer le bâtiment de Saint-Quentin Fallavier, appartenant à Prologis : un entrepôt de 30 000 m², composé de cinq cellules de 6 000 m² chacune, d’une hauteur sous plafond de 12 mètres et comptant 35 portes à quai. Certifié Breeam Very Good, le bâtiment dispose d’un éclairage Led avec détecteur de présence et bénéficie du système de gestion d’entrepôt numérique innovant Eegle de Prologis. Un atout de taille selon Emmanuel Bonnet, directeur général de SPI Logistic : « Ce bâtiment est le résultat d’un vrai partenariat avec Prologis. Ils avaient des idées très innovantes et nous avons accepté d’être leurs cobayes ! Eegle permet de donner des informations détaillées sur la vie du site en temps réel. Via une application accessible directement sur tablette, cette solution permet d’offrir un pilotage technique du site très fin : consommation d’énergie, éclairage ou encore entretien du matériel. Le fait d’avoir toutes ces données permet une gestion proactive du bâtiment, avec de l’anticipation et de la maintenance préventive. Je peux ainsi aller consulter les données d’une porte à quai, voir ses statistiques d’utilisation et prévoir son prochain cycle de maintenance d’après ces informations. »

 

Une gestion qui offre des bénéfices réels comme l’explique Olivier Barge, directeur des projets et de l’innovation sur l’Europe du Sud chez Prologis : « La performance est déjà au rendez-vous sur le site. Comparées à celles de leurs précédents bâtiments dans la région, les prévisions de consommation pour la fin de l'année sont encore en dessous de ce qui était attendu. C’est une source d’économie très importante. » Autre avantage : une gestion très précise de la température du bâtiment, condition indispensable pour du stockage alimentaire comme le fait Ferrero France. Le site est ainsi maintenu entre 14 et 18°C toute l’année, et un ensemble de plus de 200 capteurs à travers le bâtiment veillent à contrôler tout écart de température ou d'hydrométrie. Et les innovations digitales du site ne s’arrêtent pas là, puisqu’il est également équipé d’un système de « pest control » connecté, pour lutter contre les rongeurs et autres nuisibles, constitué de pièges au CO2 installés dans l’intégralité du bâtiment. « Quand un rat est pris dans un piège, une notification est automatiquement adressée au gestionnaire du site pour qu’il puisse immédiatement intervenir », explique Philippe Illiano, président du groupe SPI. Côté WMS, c’est la solution Reflex d’Hardis Group qui a été choisie.

 

Automatisation et copacking

Sur le site, le calme est revenu après plusieurs mois particulièrement chargés avec la préparation des produits pour Noël. « Les flux sont montés à un rythme de 120 camions et 2 000 palettes en expédition par jour », raconte Philippe Illiano. Côté équipes, pour suivre la cadence, SPI Logistic a déployé jusqu’à 125 personnes sur le site : deux tiers pour le copacking, le reste en logistique, avec des roulements en trois-huit. Au total, depuis son ouverture au mois de juin 2017, l’entrepôt a déjà expédié plus de 100 000 palettes, à un rythme de 3 700 palettes par jour. En ce matin de novembre, les équipes sont plus rares (une trentaine de personnes) et l’entrepôt semble profiter d’une respiration avant la préparation imminente des stocks pour Pâques. L’occasion d’aller voir de plus près les activités de copacking installées par SPI Logistic dans une cellule dédiée du bâtiment, avec 11 lignes semi-automatisées et automatisées, dont le nombre peut augmenter ponctuellement selon les besoins.

 

Une ligne s’occupe ainsi de l’emballage de paquets de Kinder Maxi par lots de trois, avec l’aide d’une machine dédiée. Dans un coin du bâtiment, des collaborateurs s’affairent à la réalisation de présentoirs pleins de pots de Nutella pour la Chandeleur, à destination des grandes surfaces. « L’activité de display est très importante pour Ferrero. Nous avons donc mis en place une ligne automatisée pour la conception de ce type d’installation, qui peut s’adapter en fonction des besoins pour tous les types de produits. Nous avons pris soin d’éviter toutes les activités liées aux charges lourdes, avec des solutions mécaniques qui assistent les collaborateurs pour la manutention et permettent de réduire les risques de TMS. Dans le même ordre d’idée, la ligne n’est pas cadencée pour ne pas imposer de rythmes pénibles », détaille Philippe Illiano. Un savoir-faire technique qui a su apporter un vrai plus durant les périodes fastes du groupe. « Chaque année, nous vendons près de 500 000 chaussettes de Noël Kinder », raconte Mohamed Zariouhi. « Auparavant, le remplissage de ce produit se faisait manuellement, ce qui demandait beaucoup de temps. Mais les équipes R&D de SPI, sans que nous ne leur demandions, ont conçu une ligne qui permettait le fourrage automatisé des chaussettes. Cela nous a permis de terminer la production de ce produit deux à trois semaines plus tôt que prévu ». Des gains de temps qui se déclinent sur l’ensemble de la gamme Ferrero : le conditionnement spécifique des produits Tic-Tac peut ainsi être réalisé aujourd'hui en deux semaines au lieu de huit.

 

Cette cellule de copacking est accompagnée de trois autres entièrement dédiées à la logistique, permettant le stockage de 26 000 palettes. Au fond du bâtiment, une cinquième cellule reste à pourvoir. Si elle n’est pas utilisée par Ferrero pour le moment, elle pourrait cependant servir d’extension, afin d’augmenter la capacité de stockage jusqu’à 33 000 palettes. 

 

Un partenariat dans la durée

 Le contrat signé entre Ferrero France et SPI Logistic porte la collaboration entre les deux entreprises sur six ans. « Nous avons voulu nous inscrire dans la durée. Pour monter des compétences et de l’expertise, il faut se laisser du temps », explique Mohamed Zariouhi. Après cette première étape réussie, Ferrero France va désormais poursuivre la réorganisation de sa supply chain avec la mise en place de deux autres plateformes, en s’appuyant sur l’expérience acquise à Saint-Quentin Fallavier. Celles-ci permettront au groupe de couvrir ses besoins logistiques pour toute la France. « L’année prochaine, nous allons ouvrir un deuxième site à Orléans (45) qui approvisionnera tout le centre du pays ainsi que la région parisienne. Enfin, à l’horizon 2019-2020, nous aurons une troisième et dernière plateforme en Normandie pour la zone ouest de la France, du nord jusqu’à la frontière espagnole ». 

 

 

Les grandes ambitions de Ferrero

De Nutella à Kinder en passant par les Tic-Tac, Mon Chéri ou autres Raffaello, la gamme de Ferrero bénéficie d’une popularité incontestable depuis son implantation en France, à la fin des années 1950. Dans l’Hexagone, l'entreprise familiale italienne embauche près de 1 350 collaborateurs et réalise un chiffre d’affaires annuel de plus d’un milliard d’euros. Le siège de sa branche française est situé en Normandie, à Mont Saint-Aignan (76), à proximité de sa grande usine de Villers-Ecalles (76), premier site mondial de fabrication de pâte à tartiner Nutella. Cette usine fait partie d’un ensemble de six sites européens qui fournissent tout le continent (les autres sont situées en Italie, Allemagne, Belgique, Pologne et Irlande). « Notre métier, côté supply chain, est donc de recevoir tous ces produits depuis nos six sites européens et d’être capables de les dispatcher vers l’ensemble de nos clients le plus rapidement possible », résume Mohamed Zariouhi, directeur supply chain de Ferrero France. 

 

« Nous avons beaucoup grandi », poursuit Mohamed Zariouhi. « Notre chiffre d’affaires a doublé en l’espace d’une décennie et nous prévoyons de continuer ainsi sur le long terme. Cette croissance est le résultat d’une stratégie d’entreprise à plusieurs leviers. Tout d’abord une appétence pour l’innovation et la nouveauté. Celle-ci nous pousse à proposer régulièrement de nouveaux produits (comme le biscuit B-Ready qui a été un vrai succès) mais également à diversifier nos activités pour la gamme classique. Nous avons ainsi débuté l’an passé la vente de nos bonbons chocolatés au sein des cinémas, lieux où Ferrero était absent jusque là. Nous faisons également des acquisitions : récemment, nous avons racheté la société Delacre et allons commencer à distribuer leurs biscuits à partir du mois de mars 2018. Et beaucoup d’autres projets sont prévus pour les années à venir. »

Le site de Saint-Quentin Fallavier en chiffres

■ Capacité actuelle de stockage de 26 000 palettes, pouvant allant jusqu'à 33 000 avec la cellule supplémentaire 

■ Jusqu'à 3 700 palettes produites par jour 

■ Approvisionne un tiers du territoire national en produits Ferrero 

■ 11 lignes semi-automatisées et automatisées pour le copacking 

 

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