media supply chain
et logistique

Transport

Shopopop : le collectif au service de la livraison du dernier kilomètre

S’ouvrir au monde, à travers un voyage en Inde ou un regard attentif porté sur le quotidien des Français, a permis à Shopopop d’exister. En démocratisant le principe du cotransportage, Antoine Cheul et Johan Ricaut ont développé un concept de livraison du dernier kilomètre, inscrit dans une transition socio-environnementale nécessaire. Retour sur dix années de développement.

Publié le 10 décembre 2025 - 15h55
A_1

 Shopopop

L’histoire est désormais bien connue des acteurs de la livraison du dernier kilomètre. Antoine Cheul, cofondateur de Shopopop, part en Inde et découvre le système de livraison des dabbawalas : les femmes préparent des lunch box à leur mari, qui sont ensuite acheminées vers une place centrale de la ville de Bombay. Une flotte de livreurs, les fameux dabbawalas, récupèrent ces boîtes et les livrent vers les bureaux de la ville. « La grande particularité de ce système de livraison est de ne reposer sur aucune technologie. Malgré cela, le nombre d’erreurs de livraison est infime. C’est de ce système qu’a germé l’idée de Shopopop », introduit Johan Ricaut, président de l’entreprise.

 

Antoine Cheul rentre en France début 2015. Il rencontre Johan Ricaut, encore étudiant. Ce dernier vient de remporter un concours de création d’entreprise grâce au développement d’une application. Les deux hommes, poussés par une volonté commune d’entreprendre, creusent les potentiels de leurs deux concepts : « Nous avons rapidement réalisé le potentiel de développement de la livraison du dernier kilomètre. La consommation se fait de plus en plus en ligne et les systèmes existants représentent, pour les distributeurs et les enseignes, des coûts assez importants. Nous nous sommes donc interrogés sur comment s’appuyer sur les déplacements déjà effectués à l’échelle des territoires pour transporter des marchandises », raconte Johan Ricaut.

 

Coconstruire une autre façon de livrer le dernier kilomètre

Un modèle les inspire particulièrement : celui du covoiturage. L’idée ? Devenir un équivalent de Blablacar dans le monde de la livraison du dernier kilomètre. Le concept est né : créer un outil permettant aux particuliers d’effectuer des livraisons quand ils en ont l’envie, sur des trajets quotidiens. Reste désormais le volet le plus complexe à mettre en œuvre : l’exécution. Pour ce faire, les deux entrepreneurs se confrontent aux problématiques du terrain et au développement de l’application : « Très vite, nous avons proposé à des enseignes de tester notre système. Nous devions vérifier, d’un côté, l’appétence des potentiels clients en magasin à utiliser notre solution et, de l’autre, l’intérêt des futurs cotransporteurs à réaliser des livraisons pour récupérer quelques euros. Après avoir essuyé des refus, nous avons finalement réussi à trouver nos premiers magasins clients et à lever nos premières communautés sur l’Ouest de la France », se remémore Johan Ricaut.

 

À partir de ces premiers tests, la démarche de l’entreprise se professionnalise, le développement commercial se structure et des enseignes référencent la solution au niveau national, à l’instar d’Intermarché en 2018, puis d'E.Leclerc en 2019. La force du projet ? Sa simplicité. Pour le cotransporteur, il suffit de créer un compte sur l’application et d’indiquer ses trajets habituels pour découvrir en priorité des livraisons correspondantes aux itinéraires renseignés. Une fois la livraison réservée, Shopopop transmet les informations de la commande. Lorsqu’elle est validée, le cotransporteur reçoit des euros pour le service rendu et le trajet effectué. « Et pour les gens souhaitant se faire livrer à domicile, le parcours est totalement différent. Il n’y a pas besoin de l’application. Il suffit de faire ses courses et d’opter pour la livraison à domicile », détaille le président de Shopopop.

 

Aujourd’hui, en France, un peu plus de 6 500 commerces proposent la solution : des acteurs de la grande distribution alimentaire et spécialisée ou bien encore des commerces indépendants comme des fleuristes ou des chocolatiers. Quant au modèle économique, Shopopop facture chacune des mises en relation effectuées entre cotransporteurs et destinataires pour la réalisation de la livraison. Pour le magasin, les bénéfices résident dans une gestion logistique moins coûteuse et plus flexible : « Avec Shopopop, 15 livraisons peuvent être faites simultanément puisque ce sont 15 personnes différentes qui retirent la commande au magasin. Il n’y a pas de goulot d’étranglement sur la capacité de livraison, ce qui est extrêmement intéressant », soutient Johan Ricaut.

 

Faire du cotransportage un modèle européen

Mais le modèle économique de l’application n’est pas son seul attrait. Ses vertus sociales et environnementales sont désormais prouvées. Shopopop, devenue société à mission, s’est attelée en amont à mesurer les bienfaits du cotransportage. En 2024, via l’application, 1 737 tonnes d’émissions de CO2 ont été évitées et un peu plus de 23 millions d’euros ont été reversés à ses cotransporteurs. « Notre modèle donne du sens à une consommation locale. Il porte une dimension sociale favorisant la recréation du lien dans les territoires et enfin, il participe à accroître le pouvoir d’achat », souligne Johan Ricaut. Néanmoins, le président de Shopopop reste lucide : « Le cotransportage n’est pas un modèle magique permettant de traiter toutes les problématiques de transport ». Mais son organisation est facilement duplicable hors des frontières.

 

Comptant près de 150 collaborateurs, un siège social à Nantes et des bureaux à l’étranger, Shopopop vise donc un déploiement à l’échelle européenne : « Le cotransportage en France est devenu un système clé pour le développement des enseignes, dans leur structure de coût et leur croissance e-commerce. Il faut continuer à porter ce sujet à l’échelle européenne voire en dehors. » Pour ce faire, Shopopop mise sur le développement dans la grande distribution hors-alimentaire, l’amélioration de l’expérience utilisateur et le développement de services complémentaires : « Shopopop doit sonner comme une évidence en accompagnant la manière dont nous consommons, en apportant du service et des solutions aux commerçants, face à une concurrence étrangère de plus en plus féroce », conclut Johan Ricaut. 

à lire aussi
CHAQUE JOUR
RECEVEZ LES ACTUALITÉS
DE NOTRE SECTEUR
INSCRIVEZ-VOUS
À LA NEWSLETTER
OK
Non merci, je suis déjà inscrit !