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Hopps Group, à l’heure du covid-19

Afin de répondre à la crise sanitaire du Covid-19, les acteurs de la supply chain se mobilisent. Tout au long de cette période complexe, Voxlog leur donne la parole pour mettre en lumière la façon dont leurs organisations et équipes s’adaptent et évoquer la manière dont ils anticipent l’après confinement. Aujourd'hui, Eric Paumier, co-président d’Hopps Group, fait le point sur la situation chez le spécialiste de la logistique e-commerce et du média courrier, structuré autour des activités d’Adrexo, Dispeo et Colis Privé.

Publié le 22 avril 2020 - 10h00
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©DDalmaso | Eric Paumier, co-président d'Hopps Group

Quels impacts observez-vous sur les activités d’Hopps Group depuis le début de la crise sanitaire ?

Notre activité diffère selon nos entités – Dispeo autour du stockage et de la préparation de commandes, Colis Privé sur la livraison du dernier kilomètre et Adrexo sur la diffusion d’imprimés publicitaires et de courriers pour les retailers – ce qui a évidemment impliqué des actions différentes. Si, côté e-commerce, il n’y a pas eu d’annonce d’arrêt d’activité, en revanche côté grande distribution, nous avons eu deux cas de figure très différents : le non-alimentaire (40 % de notre activité) a fermé tandis que l’alimentaire (60 %) s’est retrouvée dévalisé et a également décidé de stopper la communication, si bien que l’activité d’Adrexo s’est complétement arrêtée du jour au lendemain la semaine du 18 mars. Sur cette entreprise qui compte environ 18 000 salariés, 17 500 sont actuellement en chômage partiel. Tous nos centres sont fermés et les activités d’Adrexo se sont réduites aux prestations pour le compte de Colis Privé dont il est un des sous-traitants. Côté Colis Privé, les choses sont très différentes, puisque nous intervenons sur du e-commerce purement BtoC, nous n’avons donc pas du tout été impactés par la baisse d’activité de livraison en BtoB. Nos clients nous ont appelés pour nous indiquer que n’ayant plus la possibilité d’une offre en relais colis pendant le confinement, ils comptaient tout rebasculer sur la livraison à domicile ce qui nous a conduit, d’emblée, à une hausse de 30 % des volumes par rapport à l’activité traditionnelle.


Ces bouleversements ont dû vous demander de nombreux ajustements. De quelle manière avez-vous réorganisé vos process et vos équipes ?

C’est un travail colossal : nous nous sommes retrouvés quasiment du jour au lendemain dans une période de pic comparable à Noël... mais augmentée de 20 % ! Sauf qu’habituellement, nous organisons ces pics huit mois en amont car ce sont des moments où nous doublons notre activité. Là, il a fallu le faire en une semaine dans un contexte où il s’agissait également de mettre en place des mesures sanitaires, rendant complexe la productivité. Concrètement, pour les activités qui fonctionnaient, le premier défi a consisté à trouver du matériel de protection pour nos salariés. Cela n’a vraiment pas été simple, nous avons passé des commandes qui ont été annulées… Mais depuis une semaine et demie, tous nos personnels sont dorénavant équipés avec du gel, des masques et des visières selon leur pratique opérationnelle. Chez Dispeo, où un bâtiment de 30 000 m² compte environ 400 employés, nous avons bien sûr mis en place tous les gestes barrières mais il restait malgré tout une certaine promiscuité, qui nous a amenés à fournir également des visières. Sur le terrain, pour les livraisons en main propre contre signature, nous avons mis en place des procédures de remise de colis sans contact. Nous avons enregistré globalement dans notre activité environ 10 % d’absentéisme, liés en partie aux gardes d’enfant à domicile, que nous avons pallié de deux manières : avec des salariés d’Adrexo qui étaient au chômage partiel et par de l’intérim. Aujourd’hui, cinq semaines après le début du confinement, le fonctionnement est très chargé mais stable en termes d’organisation et nous sommes en ce moment en train d’évoquer en interne le redémarrage de l’activité d’Adrexo quasiment à 100 % la semaine du 25 mai.


L’activité de Colis Privé a-t-elle été impactée après l’annonce d’Amazon de la fermeture de ses sites jusqu’au 22 avril en France ?

L’impact sera de 3 à 4 % durant quelques jours ce qui est peu, étant donné le nombre de demandes à côté. Si cette fermeture se poursuivait, ce que je ne crois pas, nous ouvririons la vanne à d’autres clients que nous n’avons pas pu prendre aujourd’hui et qui nous demandent de traiter des colis pour eux.

 

Quelle est votre vision à court et moyen terme sur l’ensemble de l’activité d’Hopps Group ?

Nous sommes très optimistes sur l’activité e-commerce, notamment celle de Colis Privé. Nous pensons que durant cette période, nous sommes en train d’acquérir des parts de marché et que nous ferons en 2020 l’exercice que nous avions budgété pour 2021. Habituellement nous avons une croissance annuelle chez Colis Privé de 25 %, elle devrait être d’au moins 35 et 40 %. Côté Adrexo, nous pensons que le niveau de communication de nos clients va se réduire et que les dépenses publicitaires devraient subir une réduction de l’ordre de 10 %. Concrètement, pour nous, c’est une deuxième année noire après avoir déjà subi l’année dernière l’épisode Gilets Jaunes. Nous allons donc réagir en accélérant des développements déjà amorcés sur deux items. Le premier concerne la data : depuis deux ans, Adrexo développe une base de données, Lucy, qui regroupe 25 millions de foyers français avec 500 critères de sélection. Cette période de crise nous a permis d’en accélérer le lancement et nous sommes en pleine commercialisation. Deuxième plan de transformation : la livraison du dernier kilomètre en dehors de l’imprimé publicitaire et du courrier chez Adrexo. Nous sommes en train de lancer une application qui pour l’instant s’appelle « le drive local » mais le nom n’est pas définitif. Elle réunit les commerces et producteurs de proximité, offrant la possibilité aux consommateurs de ne réaliser qu’un seul paiement sur toutes les commandes. Le déploiement chez les commerçants, pour qui l’offre est gratuite, débute actuellement. Il y a comme une accélération du temps pendant cette période de crise. Au-delà du côté angoissant sur le plan sanitaire et économique – Adrexo aura perdu environ deux mois et demi de chiffre d’affaires, soit 60 millions d’euros –, s’ouvre un champ d’opportunités fabuleux. Et nous n’avons pas prévu de plans de licenciement.


Cette crise pourrait-elle mener à un changement de modèle de la supply chain selon vous ?

Je pense que oui dans une certaine mesure, en montrant par exemple qu’il est beaucoup plus raisonnable d’avoir deux fournisseurs de proximité pour la même prestation. Cela devrait faire partie des évolutions dans les prochains mois. Je ne crois en revanche pas au grand bouleversement car la nature humaine est très résiliente et je ne pense pas qu’il y aura une modification complète d’attitude par rapport à ce qu’on avait l’habitude de faire avant. J’espère malgré tout qu’il y aura quelques changements car le capitalisme doit aussi évoluer et tenir compte des éléments qui l’entourent et notamment la partie environnementale, particulièrement dans nos métiers, car nous sommes des entreprises qui roulons beaucoup. Nous programmons à ce propos d’électrifier toute notre flotte de véhicules : nous pensons être en mesure d’atteindre 80 % d’ici deux à trois ans. Notre problématique principale concerne l’infrastructure de chargement des véhicules. Il faut donc aussi que l’Etat joue son rôle mais il semble qu’il le veuille et je pense que tous ces sujets-là vont s’accélérer à l’avenir.

 

> Retrouvez les autres témoignages d'acteurs de la supply chain et de la distribution publiés par Voxlog depuis le début de la crise

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